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Chroniques
Karoui, Zbidi, Chahed, Jomâa… Tuez, tuez, il en restera toujours quelqu’un !
Par Nizar Bahloul
29/07/2019 | 15:59
6 min
Karoui, Zbidi, Chahed, Jomâa… Tuez, tuez, il en restera toujours quelqu’un !

 

Hommages internationaux, hommages nationaux, hommages de grands Hommes, le décès de notre président Béji Caïd Essebsi n’est pas passé inaperçu, il a été relayé dans les plus grands médias du monde, comme cela s’impose pour tout grand homme qui disparait. Et Béji Caïd Essebsi était un grand parmi les grands. Le meilleur hommage qui lui a été rendu reste incontestablement celui des dizaines de milliers de Tunisiens sortis, sous un soleil de 42 degrés, pour le pleurer et lui dire adieu ! L’adage « Nul n’est prophète en son pays » a été admirablement démenti ce week-end. Même ses plus farouches adversaires, notamment Samia Abbou et Moncef Marzouki, ont dû s’incliner devant sa mort. Sincères ou se cachant derrière un masque de chevalier, peu importe, l’essentiel est que hommage a été rendu. Cette attitude et cette unité sont notre plus grand atout et notre plus grande qualité en tant que Tunisiens. Ils ne sont pas nombreux les peuples à agir ainsi. Pour les Européens, c’est peut-être normal, mais pas pour les Arabes comme on a pu le constater lors des divers reportages de leurs chaînes télévisées. Outre cet hommage aux Tunisiens, il faudrait rendre hommage à l’armée nationale, à la garde présidentielle et aux forces de l’ordre d’avoir organisé un tel cérémonial en si peu de temps ! Elles sont notre fierté ! Merci à nous tous d’avoir été au rendez-vous, merci à tous nos amis venus du monde entier pour nous présenter leurs condoléances ! Merci à Béji Caïd Essebsi de nous avoir uni avant sa mort et réuni après ! Paix à ton âme Bejbouj !

 

Ces moments d’unité des Tunisiens vécus du 25 au 28 juillet 2019 rappellent ceux vécus du 14 au 17 janvier 2011. Une belle unité partie à vau-l’eau après le retour des évadés, des réfugiés, des fuyards et des islamistes de leurs refuges étrangers, au lendemain du 14-Janvier. Ils sont venus pour nous diviser et casser notre unité et ils ont bien réussi. L’unité des Tunisiens de ce laps du 25-28 juillet ira aussi à vau-l’eau à partir de ce lundi 29 juillet. C’est aujourd’hui que l’on clôt les listes des législatives et que commence la véritable campagne électorale. En même temps, et vu le chamboulement du calendrier électoral, on va commencer la campagne présidentielle.

Si on sait être unis dans les moments difficiles, on sait aussi être désunis et nous entretuer comme il se doit quand il s’agit de courses électorales.

Après les missiles ayant frappé, et frappant encore, Nabil Karoui et Abir Moussi (qu’on qualifie un peu partout de mafieux et despotes), voilà qu’un outsider se voie aussi frappé par les mêmes missiles avant même qu’il ne se prononce ou manifeste son souhait de se présenter. Il va être à coup sûr la vedette des invectives de cette semaine. Certaines pages Facebook et quelques leaders, députés et fans du parti au pouvoir (Tahya Tounes et son chef Youssef Chahed) ont donné le La depuis samedi, jour de l’enterrement de Béji Caïd Essebsi.

Il s’agit, vous l’avez deviné, de Abdelkarim Zbidi, ministre de la Défense. Son crime ? Avoir été loyal à Béji Caïd Essebsi et réussi son orchestration du cérémonial de l’enterrement. Il n’a rien dit, il n’a rien prononcé (même pas à son entourage) qu’on lui prête déjà des ambitions présidentielles. Même qu’un confrère chroniqueur, spécialisé hélas dans la politique-fiction, lui a consacré hier tout un article dans lequel il lui demande de préciser ses pensées, car les Tunisiens, dit-il, ont vraiment marre des cachotteries, des manipulations. Il demande à Zbidi d’y aller franco plutôt que de recourir aux services de personnes louches et interlopes, sévissant à l’ombre de la République. Il accuse nommément Kamel Letaïef d’être derrière Abdelkarim Zbidi et ce après avoir échoué à mettre au diapason Mustapha Kamel Nabli, Lotfi Brahem et Nabil Karoui. Balivernes aux allures savantes et informées, mais en manque total de preuves, ni même de vérification. Tout comme cette cynique phrase de « médias monnayés » que le chroniqueur lance à l’aveugle pour tout dire sans rien dire. Si un média accuse ses confrères d’être monnayés, que dire alors du petit peuple ? Qu’il ait le courage d’aller jusqu’au bout et de citer nommément ces médias monnayés, en prenant soin d’accompagner des preuves aux dires.

 

Ainsi donc, et avant même que l’intéressé n’ait réfléchi lui-même à la chose, voilà que les députés, facebookers et chroniqueurs décident et parlent pour lui. Ils lui demandent même de s’exprimer « franco » moins de 24 heures après l’enterrement du président ! Allons donc ! Respectons au moins les délais minima du deuil et reportons à plus tard ces bas et vils calculs de politique politicienne ! Si Abdelkarim Zbidi va se présenter, il le dira en temps et en heure, ce n’est ni aux députés et encore moins aux chroniqueurs de lui dicter son agenda et de presser un homme en deuil ! Précision importante pour les « complotistes », je ne connais pas vraiment Abdelkarim Zbidi. Ses 3-4 interventions publiques et sa bonne réputation de patriote et homme d’Etat ne permettent pas de le porter aux nues, comme le font certains. Sa proximité supposée avec certains lobbys ne permettent pas, non plus, de le « descendre », comme le font d’autres.

Mais la recette est connue et elle est usée et abusée par les « CPR » depuis des années. Mettre du « Kamel Letaïef », du « médias monnayés », de « l’argent sale » ou des « hommes d’affaires corrompus » dans un texte ou un article vous donne l’air d’être un savant, bien informé, patriote et préoccupé par l’avenir du pays. Ces phrases-bateau sont parfaites pour tromper les moins avisés, et ils sont nombreux, mais ces « phrases-bateau » sentant le complotisme à tout va, desservent le pays. Seconde précision pour les « complotistes » : le lobbying existe dans toutes les démocraties et il ne saurait y avoir de démocratie sans lobbying. Il est temps de cesser de diaboliser ce rouage indispensable à la bonne marche de la machine.

 

C’est ce qu’on va voir durant les prochains jours. Mehdi Jomâa, Nabil Karoui, Youssef Chahed, Moncef Marzouki ou Abir Moussi vont tous subir les lames violentes et bien aiguisées de leurs adversaires. La réciproque est tout aussi vraie, nul n’est un enfant de chœur. A partir d’aujourd’hui, on va tous oublier notre unité du 25-28 juillet et on va assister à une véritable guerre de tranchées entre hommes politiques où tout le monde poignardera tout le monde, dans le dos et ailleurs. Le sang coulera à flots (phrase imagée) et on verra des situations ubuesques partout et pour différentes raisons.

D'ailleurs, on commence à voir déjà ce genre de situations ubuesques avec un Sofiène Toubel (chef du bloc Nidaa) candidat sur une liste de Nabil Karoui, un Hafedh Zouari (bloc Tahya Tounes) candidat sur une liste de Mehdi Jomâa, un Mohamed Ben Souf (député Nidaa) candidat sur une liste de Youssef Chahed ou encore un Fayçal Derbel (conseiller de Youssef Chahed), candidat sur une liste d’Ennahdha. Tout le monde va tenter de tuer tout le monde, ne resteront que les meilleurs assassins. Et ces « assassins » des législatives et de la présidentielle ne sont pas forcément les meilleurs pour nous !

 

 

 

Par Nizar Bahloul
29/07/2019 | 15:59
6 min
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Commentaires (11)

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Mansour Lahyani
| 02-08-2019 15:43
C'est une nouvelle incursion de Nizar dans l'art de la manchette accrocheuse, avec guère plus de succès... Comme le dit si bien ma grand-mère, éternelle trosseuse de formules frappantes exprimées en arabe : el mrakeb 3omrou ma yerkeb, welli lik lik, welli khatik khatik... En d'autres termes, Nizar, il vaut mieux arrêter là vos tentatives : elles ne font rire personne ! Mais, patience : après tout vous n'êtes pas là pour ça...

A.
| 30-07-2019 20:11
Je ne pense pas que c'est mal vu. C'est le principe du jeu démocratique d'un certain niveau. Malheureusement les débats de fonds tel que le programme électoral, ce que le candidat peut apporter à un systeme de santé défaillant, à une corruption généralisée, à une économie défaillante ne peut plus avoir lieu. Raison: Les candidats sont des populistes et non des personnes bien qualifiées. Donc elles vont ramener le débat sur des choses futiles et les fameux letaif, revolutionnaire bla bla bla. Est-ce que ghannouchi est capable de discuter le systeme de santé en Tunisie ? De meme pour hafedh, karoui. Ils n'ont pas la carrure ou la capacité pour mener ce genre de débats. Les personnes qui sont potentiellement intéressantes sont said aidi je pense (l'ancien ministre de la santé), l'actuel ministre de la défense (parce qu'il est medecin et a assuré la défense) et rené trabelsi. Ces 3 personnes sont capables de mener un débat de fonds et non de forme. Le reste ils sont tous pareils, d'une inutilié grandissante. SOit ils vont nous parler de religion ou de la revolution ou du RCD. On n'a rien à faire de ca. Le Tunisien a un probleme avec un systeme de santé défaillant et corrompu, la machine economique ne marche plus et la corruption touche tous les secteurs. L'arp est disfonctionnelle avec des députés qui sont clairment incompetents dans le gestion des affaires du pays mais pour cela il faut former ces députés et leur apprendre comment bien faire le travail. En résumé les competences existent mais vous les media vous devez les soutenir sinon les incompetents ne vont pas les laisser faire. Offrez leur une tribune pour parler, preparez le peuple en lui faisantr realiser les vrais enjeux sur quoi il doit juger les candidats... Vous avez un role important et vous ne pouvez pas mettre le blame sur les autres, vous devez jouer votre role du 4eme pouvoir. Vous avez plus de pouvoir que vous le pensez. Vous etes capable de faire couler ghannouchi, le fiston HCE ou chahed en une journée si vous le voulez à travers les media et vous etes capables d'amener zbidi, said aidi ou trabelsi au pouvoir si vous le voulez aussi. Alors choisissez votre voie et jouez votre role du 4eme pouvoir.

Le Fouineur
| 30-07-2019 08:40
Branle-bas politico-médiatique, coups bas sous la ceinture et bientôt couteaux tirés pour qui deviendrait « Saheb ettabaa » garde du sceau du futur Ayatollah Rached El Ghannouchi calife du prophète en Tunisie. Et bien oui le futur président de la république n'aura même pas le rôle d'un bey sous le protectorat. Pour désigner les choses par leur nom : disons qu'il sera Tartour II. Feu BCE n'a pas eu l'honneur d'occuper le poste de Tartour pour la simple raison que c'est lui qui a conduit la campagne électorale du Nida lors des législatives de 2014. Et en tant que vainqueur des législatives, il était le chef absolu de l'exécutif jusqu'au second coup d'Etat légal en 2018 de la Tunisie postindépendance (le premier étant le 7 /11/1987, tandis que celui de 2011 est un vrai putsch). Le Nida de 2014 se présente aujourd'hui avec 5 listes distinctes aux législatives (Nida, Machrou, Tahya, Amal et Calb tounès). Donc pas de suspense nous connaissons dès la clôture des dépôts de candidatures, avant le déroulement des élections et la proclamation des résultats que Ghannouchi sera investi Chef de l'Etat à la Casbah. Et les médias et les politiciens pourront continuer leur branle-bas. Pendant ce temps le GOUROU sera entrain de se frotter les mains et se moquer de leur crédulité, car lui, il sait qui sera TartourII et je lis dans les pensées du Gourou, que Tartour II serait le Coq qui a brigué le poste de Tartour I avant de se contenter du perchoir (il donnera s discrètement les consignes aux khouenjis pour influer sur les élections dans ce sens).

Said
| 29-07-2019 20:08
Bravo. Bien vu. Espérons que les tunisiens., avec les année maigres depuis 2011, verront plus clair maintenant et surtout qu'il aillent aux urnes pour choisir. J'espère que les futurs élus (présidentielle et législatives) penseront à modifier le régime actuel de parlementaire à présidentiel et de changer ce système d'élections législatives basé sur des listes où les incompétents ont le plus de chances de gagner et par là imposer certains régimes à bloquer l'évolution du discutions au parlement et éviter les marchandage comme cela s'est révélé lors de l'adoption par l'ARP du dernier document que le defun président, par honnêteté n'a heureusement pas signé.

rayma
| 29-07-2019 20:02
Ne resterons que les assassins et Zbidi risque de s'emousser dans la bataille

TOUNSIA
| 29-07-2019 18:46
Y'a d'la joie bonjour bonjour les hirondelles
Y'a d'la joie dans le ciel par-dessus le toit
Y'a d'la joie et du soleil dans les ruelles
Y'a d'la joie partout y a d'la joie

Professeur de droit
| 29-07-2019 18:37
- Il en restera toujours un
ou
-Il en restera toujours
ou
- il restera toujours quelqu'un
Une des trois formules serait plus appropriée.

HAtemC
| 29-07-2019 18:34
Elections obligent les couteaux seront tirés ... ils ne se feront pas de cadeaux, ce sera de bonnes guerre, le seul bémol reste les urnes... espérons des élections transparente mais ce ne sera pas le cas ... Nahdha fera tout pour gagner ces élections à l'Assemblée et mettre un pro islamiste à Carthage ... HC

Alya
| 29-07-2019 18:29
J ai lu hier l article auquel vous faites référence et c est vrai qu' il est fictionnel! Je connais un peu abdekarim saidi et impensable qu' un être aussi indépendant que lui soit acteur d un scénario pareil

abouali
| 29-07-2019 18:00
Ce que vous dites est malheureusement vrai et nous assisterons bientôt, si ce n'est déjà fait, à la plus atroce, la plus brutale, la plus immorale et la plus féroce foire d'empoigne qui soit. Bientôt, cette image rayonnante que nous avons donné au monde entier va se déliter et s'estomper. Elle sera hélas remplacée par le spectacle indigne d'une classe politique dont les principaux acteurs n'auront de cesse que d'abattre par tous les moyens, loyaux ou inavouables, leurs concurrents. Et nul n'en sortira indemne ! Est-ce vraiment là le tribut à payer sur l'autel de la démocratie ? On serait tenté de penser qu'au fond, avant, c'était beaucoup mieux, et qu'au moins ces joutes dégradantes nous étaient épargnées. Mais ce serait mal penser !
NB : L'expression "porter au diapason" est inexacte. On dit "être (mettre, se mettre) au diapason " cad être dans une disposition conforme, en harmonie, en accord. Dans le contexte de la phrase, l'utilisation de l'expression "porter au pinacle" serait plus "au diapason" ! Merci.

B.N : Merci d'avoir attiré notre attention.