
Hommages internationaux, hommages nationaux, hommages de grands Hommes, le décès de notre président Béji Caïd Essebsi n’est pas passé inaperçu, il a été relayé dans les plus grands médias du monde, comme cela s’impose pour tout grand homme qui disparait. Et Béji Caïd Essebsi était un grand parmi les grands. Le meilleur hommage qui lui a été rendu reste incontestablement celui des dizaines de milliers de Tunisiens sortis, sous un soleil de 42 degrés, pour le pleurer et lui dire adieu ! L’adage « Nul n’est prophète en son pays » a été admirablement démenti ce week-end. Même ses plus farouches adversaires, notamment Samia Abbou et Moncef Marzouki, ont dû s’incliner devant sa mort. Sincères ou se cachant derrière un masque de chevalier, peu importe, l’essentiel est que hommage a été rendu. Cette attitude et cette unité sont notre plus grand atout et notre plus grande qualité en tant que Tunisiens. Ils ne sont pas nombreux les peuples à agir ainsi. Pour les Européens, c’est peut-être normal, mais pas pour les Arabes comme on a pu le constater lors des divers reportages de leurs chaînes télévisées. Outre cet hommage aux Tunisiens, il faudrait rendre hommage à l’armée nationale, à la garde présidentielle et aux forces de l’ordre d’avoir organisé un tel cérémonial en si peu de temps ! Elles sont notre fierté ! Merci à nous tous d’avoir été au rendez-vous, merci à tous nos amis venus du monde entier pour nous présenter leurs condoléances ! Merci à Béji Caïd Essebsi de nous avoir uni avant sa mort et réuni après ! Paix à ton âme Bejbouj !
Ces moments d’unité des Tunisiens vécus du 25 au 28 juillet 2019 rappellent ceux vécus du 14 au 17 janvier 2011. Une belle unité partie à vau-l’eau après le retour des évadés, des réfugiés, des fuyards et des islamistes de leurs refuges étrangers, au lendemain du 14-Janvier. Ils sont venus pour nous diviser et casser notre unité et ils ont bien réussi. L’unité des Tunisiens de ce laps du 25-28 juillet ira aussi à vau-l’eau à partir de ce lundi 29 juillet. C’est aujourd’hui que l’on clôt les listes des législatives et que commence la véritable campagne électorale. En même temps, et vu le chamboulement du calendrier électoral, on va commencer la campagne présidentielle.
Si on sait être unis dans les moments difficiles, on sait aussi être désunis et nous entretuer comme il se doit quand il s’agit de courses électorales.
Après les missiles ayant frappé, et frappant encore, Nabil Karoui et Abir Moussi (qu’on qualifie un peu partout de mafieux et despotes), voilà qu’un outsider se voie aussi frappé par les mêmes missiles avant même qu’il ne se prononce ou manifeste son souhait de se présenter. Il va être à coup sûr la vedette des invectives de cette semaine. Certaines pages Facebook et quelques leaders, députés et fans du parti au pouvoir (Tahya Tounes et son chef Youssef Chahed) ont donné le La depuis samedi, jour de l’enterrement de Béji Caïd Essebsi.
Il s’agit, vous l’avez deviné, de Abdelkarim Zbidi, ministre de la Défense. Son crime ? Avoir été loyal à Béji Caïd Essebsi et réussi son orchestration du cérémonial de l’enterrement. Il n’a rien dit, il n’a rien prononcé (même pas à son entourage) qu’on lui prête déjà des ambitions présidentielles. Même qu’un confrère chroniqueur, spécialisé hélas dans la politique-fiction, lui a consacré hier tout un article dans lequel il lui demande de préciser ses pensées, car les Tunisiens, dit-il, ont vraiment marre des cachotteries, des manipulations. Il demande à Zbidi d’y aller franco plutôt que de recourir aux services de personnes louches et interlopes, sévissant à l’ombre de la République. Il accuse nommément Kamel Letaïef d’être derrière Abdelkarim Zbidi et ce après avoir échoué à mettre au diapason Mustapha Kamel Nabli, Lotfi Brahem et Nabil Karoui. Balivernes aux allures savantes et informées, mais en manque total de preuves, ni même de vérification. Tout comme cette cynique phrase de « médias monnayés » que le chroniqueur lance à l’aveugle pour tout dire sans rien dire. Si un média accuse ses confrères d’être monnayés, que dire alors du petit peuple ? Qu’il ait le courage d’aller jusqu’au bout et de citer nommément ces médias monnayés, en prenant soin d’accompagner des preuves aux dires.
Ainsi donc, et avant même que l’intéressé n’ait réfléchi lui-même à la chose, voilà que les députés, facebookers et chroniqueurs décident et parlent pour lui. Ils lui demandent même de s’exprimer « franco » moins de 24 heures après l’enterrement du président ! Allons donc ! Respectons au moins les délais minima du deuil et reportons à plus tard ces bas et vils calculs de politique politicienne ! Si Abdelkarim Zbidi va se présenter, il le dira en temps et en heure, ce n’est ni aux députés et encore moins aux chroniqueurs de lui dicter son agenda et de presser un homme en deuil ! Précision importante pour les « complotistes », je ne connais pas vraiment Abdelkarim Zbidi. Ses 3-4 interventions publiques et sa bonne réputation de patriote et homme d’Etat ne permettent pas de le porter aux nues, comme le font certains. Sa proximité supposée avec certains lobbys ne permettent pas, non plus, de le « descendre », comme le font d’autres.
Mais la recette est connue et elle est usée et abusée par les « CPR » depuis des années. Mettre du « Kamel Letaïef », du « médias monnayés », de « l’argent sale » ou des « hommes d’affaires corrompus » dans un texte ou un article vous donne l’air d’être un savant, bien informé, patriote et préoccupé par l’avenir du pays. Ces phrases-bateau sont parfaites pour tromper les moins avisés, et ils sont nombreux, mais ces « phrases-bateau » sentant le complotisme à tout va, desservent le pays. Seconde précision pour les « complotistes » : le lobbying existe dans toutes les démocraties et il ne saurait y avoir de démocratie sans lobbying. Il est temps de cesser de diaboliser ce rouage indispensable à la bonne marche de la machine.
C’est ce qu’on va voir durant les prochains jours. Mehdi Jomâa, Nabil Karoui, Youssef Chahed, Moncef Marzouki ou Abir Moussi vont tous subir les lames violentes et bien aiguisées de leurs adversaires. La réciproque est tout aussi vraie, nul n’est un enfant de chœur. A partir d’aujourd’hui, on va tous oublier notre unité du 25-28 juillet et on va assister à une véritable guerre de tranchées entre hommes politiques où tout le monde poignardera tout le monde, dans le dos et ailleurs. Le sang coulera à flots (phrase imagée) et on verra des situations ubuesques partout et pour différentes raisons.
D'ailleurs, on commence à voir déjà ce genre de situations ubuesques avec un Sofiène Toubel (chef du bloc Nidaa) candidat sur une liste de Nabil Karoui, un Hafedh Zouari (bloc Tahya Tounes) candidat sur une liste de Mehdi Jomâa, un Mohamed Ben Souf (député Nidaa) candidat sur une liste de Youssef Chahed ou encore un Fayçal Derbel (conseiller de Youssef Chahed), candidat sur une liste d’Ennahdha. Tout le monde va tenter de tuer tout le monde, ne resteront que les meilleurs assassins. Et ces « assassins » des législatives et de la présidentielle ne sont pas forcément les meilleurs pour nous !
Commentaires (11)
CommenterVos tentatives ne font rire personne, mais vous n'êtes pas là pour ça !
@M. Bahloul
Rien ne va plus...
Chroniques
Zbidi n'est pas un bon assassin
et la samba démarre.....
Y'a d'la joie dans le ciel par-dessus le toit
Y'a d'la joie et du soleil dans les ruelles
Y'a d'la joie partout y a d'la joie
BN, réexaminez le titre !
ou
-Il en restera toujours
ou
- il restera toujours quelqu'un
Une des trois formules serait plus appropriée.
Les couteaux sont tirés
Oui ça commence
Une bataille sans merci en perspective
NB : L'expression "porter au diapason" est inexacte. On dit "être (mettre, se mettre) au diapason " cad être dans une disposition conforme, en harmonie, en accord. Dans le contexte de la phrase, l'utilisation de l'expression "porter au pinacle" serait plus "au diapason" ! Merci.
B.N : Merci d'avoir attiré notre attention.