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Chroniques
Kaïs Saïed le facebookeur
Par Marouen Achouri
10/11/2021 | 15:59
4 min
Kaïs Saïed le facebookeur

 

On ne cesse de se demander, depuis des semaines, où va le pays ? A quel avenir devons-nous faire face ? Que va-t-il advenir de la Tunisie ? Devant l’absence totale de réponses en provenance du palais de Carthage, siège de tous les pouvoirs, nous pouvons trouver un élément de réponse dans les algorithmes du réseau social Facebook.

A la manière d’une république bananière en bonne et due forme, une conseillère à la communication et porte-parole du gouvernement a été nommée pour exercer pendant…une journée. Il semblerait que la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, ait cru qu’elle pouvait nommer librement ses conseillers surtout en matière de communication. Il a fallu que Carthage lui rappelle qu’elle n’avait même pas cette prérogative et que les personnes choisies devaient, d’abord, passer le filtre de Kaïs Saïed.

Cela aurait été tolérable, voire logique, si ce filtre était rationnel et réfléchi. Il ne l’est pas. Amel Adouani a été virée à cause de l’influence de certaines campagnes sur Facebook et celle de certaines « sources » à qui le président prête une oreille attentive. Amel Adouani a été virée car un obscur « mouvement du 25-juillet » en a décidé ainsi. En plus, à travers son mur Facebook, la dame a exprimé une certaine sympathie envers la présidente du PDL, Abir Moussi, et, faute suprême, a critiqué certaines décisions du président de la République.

Il n’en fallait pas plus pour que la présidence de la République freine des quatre fers et s’oppose à la nomination de Amel Adouani à un poste aussi sensible. C’est que, vu de Carthage, les hauts fonctionnaires qui vont venir étoffer l’exécutif doivent, d’abord et avant tout, montrer une allégeance sans faille au chef, Kaïs Saïed. Au diable la compétence et les critères ennuyeux de ce genre, il faut surtout soutenir et aimer son président. C’est le cas de Najla Bouden qui, depuis sa nomination, n’a pas jugé utile de s’adresser au peuple. C’est logique vu que le seul objectif est d’être dans les petits papiers du président. Il n’y a qu’à voir les ministres quand ils sont réunis avec celui qui les a choisis : bien attentifs, tête baissée ou en train de noircir leurs carnets de notes, comme des élèves dans un cours. C’est ce type de qualité que le président souhaite voir.

 

Facebook sert aussi de source au président Kaïs Saïed puisqu’il y puise des « révélations » et des « scoops ». En fait, le chef de l’Etat agit un peu comme ce vieil oncle qui vient de se créer un profil et qui te noie de fake news et de pseudo-révélations fracassantes entre deux photos de tasses de café flanquées d’un grand « bonjour ». On aura beau lui expliquer que l’outil ne sert pas à cela, qu’appuyer sur F8 ne fais pas tomber les robes et que Facebook n’est pas une source en soi, rien à faire.

Les pseudos dossiers de corruption flagrante dont a parlé le chef de l’Etat à plusieurs reprises viennent de ce qu’il y a de plus nul et de plus sale sur Facebook. La révélation de l’homme d’affaires qui aurait en sa possession 1500 millions de dinars, la femme de l’avocat qui aurait 100 millions de dinars sur son compte sans travailler, le responsable étatique qui a détourné un don de 500 millions de dollars, l’autre personnalité qui a détourné 80 millions de dollars au Luxembourg.

Toutes des affaires que le président a évoquées à différentes reprises et qui trouvent leurs sources dans des publications farfelues et des campagnes d’extorsion savamment orchestrées sur les réseaux. Kaïs Saïed puise ses « infos » auprès de personnes plusieurs fois condamnées pour diffamation, chantage et mensonge.

Le président n’a rien à faire de la présomption d’innocence, il ne fait que servir au peuple ce qu’il souhaite avec comme seul critère le nombre de likes et ce que la toile réclame. Il se fout de savoir s’il écorche l’honneur de personnes honnêtes ou s’il bafoue les procédures.

D’ailleurs, voir le contenu des interrogatoires de Mehdi Ben Gharbia publié presque instantanément sur certaines pages ne le dérange nullement, puisque c’est là qu’il puise sa maigre substance politique. Dans un pays où la justice respecterait réellement les procédures, cette entorse serait suffisante pour faire cesser toutes les poursuites, même si elles étaient crédibles.

 

A plus de soixante ans, le président Kaïs Saïed est sans doute le plus « digital » des présidents tunisiens. Il nomme et limoge selon les humeurs de Facebook, il tient ses dossiers et ses informations de Facebook et ne communique que via Facebook.

Mais il s’agit aussi d’un président « virtuel » qui privilégie sa vision personnelle à toute autre considération de justice ou d’équité. Un président qui convoque le ministre de l’Intérieur pour régler un problème de pollution. Un président qui ne fait que parler de « Tunisie nouvelle », de « nouvelle approche », de « changement de paradigme car l’esprit humain a évolué » et qui, au premier problème, envoie les policiers avec les matraques et le gaz lacrymogène.

En fait, il n’a pas d’autre réponse à donner que ce que les différents régimes précédents ont offert, cette fois avec beaucoup moins de tact.

Par Marouen Achouri
10/11/2021 | 15:59
4 min
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Commentaires
Abidi
Blablabla
a posté le 11-11-2021 à 06:09
Parce que avant le 25 juillet vous vous êtes inquiètez du sort du pays quand il sombrait dans le chaos quand il était entre les mains des lobby et mafieux, vous êtes de mauvaises herbes qui ne poussent que dans les decharges
VERITE
Calendrier pour la Tunisie 2030
a posté le 10-11-2021 à 22:38
Une inflation galopante

Des pénuries d'approvisionnement généralisées

Effondrement du système de retraite en raison du chômage massif

Détérioration massive et augmentation du coût de l'approvisionnement en énergie et en eau (rationnement de l'électricité...)

Exode de l'industrie et des spécialistes et médecins bien formés vers l'étranger

Effondrement du système social en raison du vieillissement de la société et de l'incapacité à le financer.

Effondrement du système de santé en raison de l'impossibilité de le financer

Pénurie généralisée de travailleurs qualifiés et chômage de masse simultané dû à des demandeurs d'emploi insuffisamment qualifiés (la plupart du temps, ne veulent travailler que dans les services publics "mismar fi 7it").

Augmentation massive de la criminalité en raison de l'appauvrissement de la population

Un système éducatif qui n'est plus digne de ce nom

Surpopulation dans les grandes villes (exode rural) et troubles massifs de la population

Régime totalitaire

NOTE : TOUT CECI GR'?CE '? L'?CHEC POLITIQUE
Rationnel
Une migration vers les campagnes: une solution
a posté le à 11:28
Ces problèmes (inflation, violence, pénuries, effondrement des systèmes de la santé de des retraites et chaîne logistique), ne sont pas uniques a la Tunisie. Ce qui se passe en Tunisie est généralement ce qui s'est deja passe chez les communautés des minorités aux USA ou en France (les noirs aux USA et les maghrébins en France) avec un retard de quelques années. La popularité du rap est une des illustrations, la mode Instagram, Facebook une autre. Les systèmes de retraite européens ont été ruines par la politique des taux d'intérêts négatifs de la BCE en plus du vieillissement de la population, l'Italie est le 3eme pays le plus vieux au monde, la Tunisie n'est parmi les 50 plus vieux pays, la population est encore relativement jeune.
La chaîne logistique internationale s'est presque effondrée et c'est en partie du aux syndicats très puissant dans les ports américains de Los Angeles et Long Beach. Les opérateurs de grues touchent des salaires de 250 000 dollars par an, ne veulent pas travailler trop dur puisque ce sont des millionnaires, plus de 2000 bateaux attendent au large de Californie ( voir l'article : Lazy crane operators making $250000 a year exacerbating port crisis, truckers say ). '?a rappelle les problèmes de Rades. Les mêmes conditions produisent les mêmes résultats.

Mohamed Obey
@ Marouen Achouri, un point de vue différent!
a posté le 10-11-2021 à 19:43
On pourrait critiquer le Président Kaïs Saïed longuement sur sa vision floue de comment remédier aux maux socio-économiques de la Tunisie, voire l'accuser de volonté de s'ériger en autocrate. On pourrait le dénoncer auprès des puissances policières internationales, Les USA, la France et le Royaume Uni, etc... Cependant, il est jusqu'à présent, et le le long de ces 11 ans de galère, il demeure le moins haïssable de tous les Présidents qui se sont succédé à la tête de la République tunisienne!
La question qui me taraude constamment est pourquoi les médias se sont tus devant les crimes impardonnables d'un certain Béji Caïd Essebsi, coupable à mon sens, d'avoir trahi ses électeurs en se jetant dans les bras des destructeurs de la Tunisie! Et pourquoi Businessnews défend un ***tel Nabil Karoui qui a usé de plein de populisme pour vendre son image d'homme de faux philanthrope comme s'il était une version islamo-tunisienne de Mother Theresa!! Etc...
Rationnel
Patience, tout est a refaire
a posté le 10-11-2021 à 19:38
La Tunisie doit attendre la décision du FMI, si le FMI est généreux on peut retarder les ajustements douloureux encore un peu plus. Sinon l'ajustement sera pénible et périlleux.
L'inflation a l'échelle internationale a grimpe a des niveaux qu'on n'a pas vu depuis des décennies. La chaîne logistique est fragile, les vagues de COVID continue a sévir. C'est le pire moment pour les ajustements.
Certains demandent une feuille de route, mais une route vers ou et ou est le point du départ. On ne sait même pas ou on est. On n'a pas pas une bonne appréciation de l'état de la société ou l'état mental de nos jeunes. On a l'impression que tout est au bord de l'effondrement. La famille n'est plus ce qu'elle était, les enfants sont abandonnes et sévissent contre les prof ou les conducteurs de métro, la justice est en panne. Les décharges d'ordures sont remplies a capacité. La corruption est partout. C'est comme si tout est refaire au pays. Un chantier plus que gigantesque et probablement impossible.
Comment est ce qu'on est arrive a cette situation tragique?
Ennahdha qui a voulu détruire ce peuple et cette nation pour preparer a une umma a probablement réussi. Donc chacun pour soi, c'est le triomphe de l'egoisme et du nihilisme.
Comme dans toute catastrophe on a besoin d'un bilan , ensuite un triage pour savoir qu'est ce qu'on peut encore sauver. Ensuite un plan d'action pour assurer le minimum vital et bâtir de nouveau sur une meilleure base cette fois et sans obéir aux directives des puissances étrangeres et les tunisiens qui sont a leurs services.
Srettop
Président virtuel et parti fictif.
a posté le 10-11-2021 à 19:30
Président virtuel affublé par les sondeurs d'un parti fictif, classé premier parmi les partis virtuels.
MFH
Je veux savoir.
a posté le 10-11-2021 à 17:29
Il faut du temps pour organiser tout à la fois. Peut - on construire sur des ruines ? Par qui remplacer K.S en cas de vacance de pouvoir ? La cohabitation avec Ghaouchi et les siens est elle réalisable dans les conditions actuelles ? Investir, et renouveler, réparer les dégâts, consacrer un budget pour les pauvres et les chômeurs, sans disposer de fods...estce possible ?Gouverner sans balayer les salletés existantes est- elle possible ? Peut-on gouverner sans constitution et sans parlement ? Etc. Les gens qui cherchent la tête de KS sont inconscients. A mon avis.