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Interview de Béji Caïd Essebsi, la prestation qui déçoit
24/09/2018 | 22:29
5 min
Interview de Béji Caïd Essebsi, la prestation qui déçoit

 

Attendue depuis des jours, l’interview du président de la République est passée en direct ce soir, sur la chaîne d’El Hiwar Ettounsi. Bien qu’aucune initiative n'aient été annoncée, les observateurs commentent cette apparition télévisée, aussi bien sur le fond que sur la forme. Retour sur une interview qui en a déçu plus d’un.

 

C’est après des semaines, voire des mois, depuis le début de la crise politique en Tunisie, que le président de la République, Béji Caïd Essebsi décide de s’adresser aux Tunisiens. Pour cela, il a choisi la chaîne d’El Hiwar Ettounsi, avec en face de lui, la talentueuse Myriam Belkadhi.

Ainsi, Béji Caïd Essebsi a saisi l’occasion pour revenir sur les inondations dans le gouvernorat de Nabeul estimant que le gouvernement ne pouvait mieux faire face à une telle catastrophe naturelle.

Un démarrage positif quand on sait le clivage qui perdure entre les deux têtes de l’exécutif. D’ailleurs, le président de la République a insisté sur le fait qu’il a lui-même désigné le chef du gouvernement à ce poste et qu’il ne souhaite que sa réussite. « Je n’ai rien contre la personne de Youssef Chahed, et si c’était le cas j’aurais activé l’article 99 », assure-t-il, soulignant qu’il s’abstient de recourir à ce mécanisme constitutionnel « momentanément ». Mais cette note positive ne durera pas longtemps. Le chef de l’Etat lance de nouveau un appel à Youssef Chahed pour se diriger vers le parlement afin de gagner sa confiance. Un appel réitéré sous forme de « conseil » pour faire taire ses détracteurs. « Maintenant, tu as un bloc avec toi ainsi que le soutien d’Ennahdha. La confiance tu pourras l’avoir, à moins que tu ne sois pas sûr du soutien du parti islamiste ».

Un « conseil » simple peut-être en apparence, mais en réalité il cache une grande ruse. En effet, si Youssef Chahed passe grâce au soutien d’Ennahdha, il en sera pénalisé pour son avenir politique, sinon, ce sera humilié qu'il quittera son poste de chef de gouvernement.

 

La deuxième partie de l’interview fût consacrée à la crise au sein de Nidaa Tounes et la responsabilité de son fils Hafedh Caïd Essebsi. Un point qui a irrité Béji Caïd Essebsi, le laissant sur le qui-vive, face à une Myriam Belkadhi qui ne s’est pas laissée faire. « Hafedh Caïd Essebsi est mon fils à la maison, dehors c’est un citoyen comme les autres. C’est une injustice de dire que je favorise mon fils, ou que j’écoute les membres de ma famille. Cela dit je ne suis pas satisfait du rendement de Nidaa », indique alors Béji Caïd Essebsi. Il ajoute que les membres de Nidaa Tounes pourraient, s’ils le veulent, l’éjecter, estimant qu’il est nécessaire de tenir un congrès dans les plus brefs délais. « Contrairement à Youssef Chahed, ce n’est pas moi qui ai désigné Hafedh, mais c’est le comité des 13. Du coup je n’ai pas de conseil à lui donner ».

Interrogé à propos de la vague des démissions qui a frappé Nidaa Tounes, le Chef de l’Etat a estimé qu’il s’agit d’une campagne orchestrée, insinuant qu’elle a été dictée par le chef du gouvernement. Cela dit, il a profité de ce contexte pour mettre en garde son fils quant à la position de la coordination régionale de Monastir et de Mahdia. Un point qui en a déçu plus d’un.

 

Cela dit, et dans l’objectif de faire un certain équilibre, il a indiqué que si Youssef Chahed et Hafedh Caïd Essebsi partaient tous les deux, la Tunisie n’en sera pas affectée, et que si son fils quitterait Nidaa Tounes, il n’en pleurerait pas. Un message codé pour dire à son fils de quitter ? Ce n’est point clair, ou du moins ce n’est pas dit explicitement. Il s’agit encore de propos qui peuvent être interprétés, faisant régner encore plus la confusion qui prédomine sur la scène actuelle.

 

Le troisième point abordé lors de cette interview étant la rupture avec le parti Ennahdha. Une rupture faite à la demande du parti islamiste, selon Béji Caïd Essebsi. « Ce sont eux qui ont décidé de la rupture des relations et ont choisi un autre camp. J’espère qu’ils réussiront même si je doute. En tout cas, le plus important, c’est l’intérêt de la Tunisie. Pour moi, je le répète, la patrie avant les partis. Et Dieu seul sait ce que m’a coûté le consensus établi avec Ennahdha. Pourtant, je l’ai fait pour préserver l’intérêt de la Tunisie ».

 

Ainsi, le président de la République estime que cette alliance était inévitable, et ce, à cause de la loi électorale actuelle, qui selon lui devrait être modifiée ainsi que la Constitution. Cependant, il a assuré que ce n’est pas lui qui le ferai. « Même Moncef Marzouki, fervent défenseur de cette Constitution, a appelé à son amendement lorsqu’il s’est rendu compte de ses limites » !

 

Force est de constater, que le président de la République a survolé toutes les questions préoccupant les Tunisiens, sans donner la moindre issue. Aucune annonce phare n’a été faite, bien qu’il ait insinué qu’il ne se présentera pas aux prochaines élections. En effet, interrogé sur la personnalité qu’il désignerait à la place de Youssef, « je n’aurai pas à le faire, ça se sera le rôle de mon successeur », répond-il brièvement.

 

En tout état de cause, cette interview tant attendue du président de la République, n’a rien apporté de concret au citoyen tunisien. Un citoyen qui aspirait à voir en face de lui un président répondant à ses interrogations et une force de proposition capable de sortir le pays du gouffre et de la confusion qui règne depuis un certain moment. Une triste prestation du chef de l’Etat qui a sans doute brisé le rêve des 1,7 million qui l’ont élu.

 

Sarra HLAOUI


 

24/09/2018 | 22:29
5 min
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Commentaires (17)

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BORHAN
| 25-09-2018 19:36
Depuis l'avènement de la fameuse " révolution brouette " du 14 janvier 2011, rien ne se fait sans l'aval d'Ennahdha et la gouvernance de notre pays, quoi qu'on dise, dépend du bon vouloir de ce parti.
Il faut que le citoyen collectif, que nous sommes, soit habitué à ce fait accompli et ce, tant que le peuple continue son hibernation interminable et que nos « dirigeants marionnettes » s'obstinent à prendre le peuple pour un « couillon » (obtus et stipule). ".
Dans notre pays, tout se fait et se défait par ce parti qui, à mon avis, gère intelligemment et le m'en-foutisme du citoyen à l'assemblée du peuple et et l'hostilité stérile des démagos.
Alors que ce parti manipule et gère en arrière plan les affaires du pays (pour le moment !) les gauchistes naïfs et les nostalgiques de la destourie continuent à « aboyer » aveuglement et sans retenue.
Sans l'accord d'Ennahdha, BCS n'aurait pu devenir président pourtant Hamadi JEBALI a bataillé dur (pour être le candidat déclaré de son parti) pour qu'enfin il abandonne et quitte le navire nahdhaoui.
Idem pour si CHAHED, sans l'aval tacite d'Ennahdha, il n'aurait aucune chance d'accéder à la tête du gouvernement...mais c'est aussi la main tendue du donnant-donnant.
ENNAHDHA DICTE SA LOI ET IMPOSE SA FEULLE DE ROUTE A TOUT QUEMANDEUR.

En d'autres termes, les deux têtes de l'exécutif (en plus de leur affrontement flagrant et officiel) sont liés mains et pieds, sont et resteront " otage " d'Ennahdha tant que ce parti demeure fort et puissant.
Ainsi, à ce jeu bien huilé, Ennahdha a de beaux jours devant elle et sa mainmise totale sur le pouvoir et la gouvernance du pays n'est qu'une question de temps.
D'ailleurs, le dernier entretien de CBS sur al-hiwar ettousni, ouvre un grand boulevard
inespéré pour l'avenir d'Ennahdha.
La clé de cette hégémonie nahdhahouie réside indiscutablement dans sa stratégie de conquérir l'assemblée du peuple dans la mesure ou le vrai pouvoir crèche au palais du Bardo.
D'ailleurs, j'estime qu'il est temps de trancher définitivement sur le système politique " batard " accouché de la constitution de 2014.
Soit on choisit le régime présidentiel que je rejette personnellement à cause des deux expériences douloureuses puisqu'elles nous ont imposé à chaque fois un despote.
Soit opter pour un régime parlementaire où le président de la république n'aura qu'un statut honorifique et où la gouvernance et la responsabilité du pays reviennent de facto et de droit au chef de gouvernement.
sous la tutelle de l'assemblée du peuple.

Surfeur
| 25-09-2018 18:23
Trop tard

A4
| 25-09-2018 17:45
C'est quand même malheureux de voir les deux vieux concubins se séparer brutalement et étaler leur linge sale devant tout le monde.

Citoyen 1956
| 25-09-2018 14:36
Sinon la journaliste est décue, rien que ça !
Que BN « sponsorise « YC ca ne me dérange mais à critiquer BCE parce qu'il a parlé comme chef d'état ca va trop loin avec ce sponsoring.

Fehri
| 25-09-2018 14:03
J'aime bien ce qu'il a dit a Mariam: ' vous ne comprenez pas la politique'?'. Oui, elle ne comprends rien de la politique, il faut qu'elle soit heureuse de l'opportunité qui lui a donné.

Hanni2
| 25-09-2018 12:10
"Et Dieu seul sait ce que m'a coûté le consensus établi avec Ennahdha. Pourtant, je l'ai fait pour préserver l'intérêt de la Tunisie ».

Ma chère Momie, ce qu'a vous a coûté le consensus avec la nakba n'est rien en comparaison de ce que cela a coûté à la Tunisie, et va continuer à lui coûter...pour des décennies...cette réponse est indécente sérieux...non content d'avoir fait un enfant dans le dos de vos élécteurs en moins d'une semaine, vous venez 4 ans plus tard nous expliquer que tout cela s'est fait à votre corp défendant et que cela vous coûte?!!! Quelle indécence...et en plus vous prétendez que c'était dans l'intérêt de la Tunisie? Regarde la la Tunisie maintenant...et dites nous en quoi votre trahison éhontée a amélioré la situation?! Décidemment vous ne reculez devant aucune hypocrisie...

Et cesire sur le gateau, vous nous citez même le maboul à bournous pour nous asséner une vérité que tout le monde connait, même celui qui n'entend rien à la hose politique!!!

Avec tous le respect que je dois aux personnes âgées, il est vraiment tant que vous vous retiriez de la vie politique..au plus vite!

Hannibal

cuisinier
| 25-09-2018 10:04
qui vous a dit que lm citoyen attendait quelque chose de ce vieillard?

Lotfih
| 25-09-2018 09:15
Il n'a pas utilisé l'expression "parti islamiste" comme l'a pu imaginer notre chère journaliste, "insinuant qu'elle a été dictée par le chef du gouvernement" (en parlant des démissions), encore une fois de la pure imagination, "bien qu'il ait insinué qu'il ne se présentera pas aux prochaines élections", tout à fait le contraire, "il s'abstient de recourir à ce mécanisme constitutionnel « momentanément »" (99), momentanément en arabe ne veut pas dire **fel wa9t al hadher**, donc traduction à côté de la plaque, et enfin"la talentueuse Myriam" elle mettait des chaussures plates, j'ai personnellement pas vu un talent...

anti rats
| 25-09-2018 08:47
en fait le problème c'est le manque de critique et de connaissance politique dans ce pays allant du citoyen aux journalistes.
ce qu on fait c'est du tanbir
donc si j ai bien compris , des nouveaux journalistes qui bavent encore sont en train de critiquer un loup de la politique et ce pour protéger leur pigeon Chehed qui est à la solde des islamistes
vous n'allez pas me dire que Chehed est si compétent qu il faut tout faire pour demeurer
ne vous inquietez pas , il va s en aller et trouvez un autre pion
n'oubliez pas que sans BCE , vs seriez sans doute en train de manger des cailloux et vos femmes violées par les barbus
à vomir BN

Fbchirbxl
| 25-09-2018 08:37
Curieuse attitude de ne pas ou plus vouloir, d'une part, d'un président omnipotent, comme l'étaient Bourguiba et ZBA, et, d'autre part, d'attendre tout de lui, les questions comme les réponses, les mots comme les actes. BCE ne s'est prononcé sur rien que parce qu'il n'a, selon la Constitution, qu'un rôle de gardien des textes et des grandes orientations. Pourquoi s'obstinent à attendre qu'il ait un pouvoir de révocation et de décision sur la vie du gouvernement et d'un parti. Il a dit ce qu'un chef de l'?tat pouvait dire. Peu, mais juste de l'institutionnel pas de la cuisine politicienne. Même si le bonhomme ne manque pas de ruse et est capable de rouerie.