Par Sofiene Ben Hamida
Une frange de la société se mobilisera demain au centre de la capitale pour apporter son soutien au rapport de la Colibe. Cette manifestation se veut une réponse à la mobilisation organisée samedi par les islamistes contre ce rapport. Tout porte à croire qu’en l’absence d’un débat public profond, qui n’a jamais eu lieu, sur des questions de fond qui touchent les problématiques de la liberté, l’égalité et l’essence même de la démocratie, nous aurons droit à un médiocre comptage des voix et à une massification des troupes qui rapprochent le pays encore plus de la ligne de fracture qui conduira inéluctablement à la guerre civile, et qui l’éloigne davantage de la paix sociale et de la démocratie tant souhaitée.
A qui la faute ? Qui doit-on incriminer ? Ce n’est sûrement pas le camp de ceux qui s’attachent à la démocratie, qui portent les valeurs des droits de l’Homme dans leurs dimensions globales et planétaires et qui défendent la liberté et l’égalité pour tous qui doit être mis à l’index. Ceux là, malgré leurs faiblesses, leur hétérogénéité, leurs petits calculs pour certains d’entre eux et leurs mesquineries même pour d’autres, sont les porteurs d’un rêve permanent de la société tunisienne depuis des décennies, des siècles même : celui de la modernité. Ils peuvent donner l’impression de ne pas être les plus nombreux, mais leur rêve est porté, anonymement, par la grande majorité des Tunisiens, certains par conviction, d’autres d’une manière profonde quoique inconsciente.
On pourrait certes leur reprocher d’être trop conciliants, de vouloir ménager les croyances populaires ancestrales et de chercher des recoupements hypothétiques entre la religion et le droit positif, celui des hommes. Or ce sont deux champs totalement distincts dans la mesure où la religion gère exclusivement les rapports de l’individu avec son Dieu alors que le droit organise uniquement les rapports des hommes entre eux. Le subterfuge des islamistes est de vouloir gérer les rapports des hommes entre eux au nom de Dieu. Mais comme ce n’est qu’un artifice, ils usent de tous les moyens, y compris la désinformation et le mensonge pour perdurer un statuquo qui ne profite qu’à eux au détriment de toutes les autres franges de la société.
Qu’ils nous disent seulement qui les a mandatés pour parler au nom de Dieu ? Qu’ils montrent en quoi les libertés individuelles et l’égalité entre tous sont contraires à la croyance et perturbent les bons rapports entre les croyants et leur Dieu ? Qu’ils expliquent pourquoi ils ont accepté l’abolition de l’esclavage, des châtiments corporels et de la polygamie et refusent aujourd’hui que les femmes soient égales aux hommes en droits et devoirs ou que des citoyens soient différents d’eux dans leurs croyances ou dans leurs choix de vie ?
Le rapport de la Colibe n’est qu’un prétexte pour mettre à nu les clivages qui traversent notre société. Entre une frange passéiste qui utilise tous les moyens, même le bon Dieu, pour asservir le pays et une autre moderniste qui est dotée de beaucoup de bonne volonté mais de peu de moyens, il est temps de trancher. Cela risque d’être douloureux pour un certain temps, de provoquer des tensions, peut-être graves pour une période, mais il est absolument nécessaire aujourd’hui de poser clairement la question de la place de la religion dans la société. En termes clairs, il est impératif que la religion soit clairement reléguée dans la sphère privée et que les rapports entre les citoyens soient gérés uniquement et simplement dans le cadre des lois émanant de la Constitution qui garantit les libertés individuelles, l’égalité et le droit à la différence. En dépit de la situation politique incongrue actuellement, il est important d’avoir le courage d’aller à l’essentiel.


Commentaires (57)
CommenterQue les tunisiens votent
@Maxula mon denier mot.
Ceci est mon point final à cette querelle qu'elle soit ou non "byzantine".
@ hourcq (suite et fin)
Pas mal non plus ce proverbe-ci, non ?
Je le redis pour la nième fois, à ceux que cela intéresse et aux autres, "la question" n'était, et n'est toujours pas de "trouver" une expression, un terme ou une tournure de rechange (c'eût été encore plus facile en effet) mais de corriger la phrase en lui "remettant" ce dont on n'aurait jamais dû la priver; et ce par mégarde ou par ignorance du bon usage du français. A savoir, la préposition "sur", entre "trancher" et "la place". Point.
Maxula.
(*) "Entendre" signifie aussi "comprendre, concevoir, piger, capter la chine"...Etc.
'? La Guerre Comme '? La Guerre, Cette Bataille Nous La Gagnerons !
Notre compatriote Ghassen Ben Jeddo, engagé avec AL-Mayadeen, sans la moindre ambiguïté derrière la résistance le rappelle assez souvent, que, malgré cela, la chaîne est ouverte à toutes les opinions, mais cela ne change en rien en ce qui concerne sa ligne éditoriale, car pour lui c'est une question de vie ou de mort, et notre destin du moyen orient et jusqu'en Afrique du Nord est de rester soudés derrriè la résistance, d'autres medias suivent la même ligne, les chaînes Al-Manar, OTV-Liban, Al-Jadeed, le journal Al-Bina, et Al-Akhbar, etc...!
Ne vous cachez pas derrière l'argument tarte à la crème, la neutralité, sinon, vous allez laisser un grand boulevard, aux adversaires du rapport de la COLIBE, qui ne se genre ont pas d'user de tous les moyens pour inverser la vapeur, légaux, mais surtout illégaux !
@Maxula:On ne saurait obliger à boire...
hourcq
Au "poker menteur" (qui n'a rien à voir avec le jeu de cartes), on appelle cela "coup de bluff". Jeu de dés où il y a toujours un perdant...qui est rarement le premier.
Et si vous cherchiez à éteindre un insignifiant feu de brousse, "let me tell you" que vous vous y êtes mal pris !
La question n'était nullement de changer un terme dans une phrase, ou de la reformuler, ni même de la ripoliner en rose bonbon.
Mais tout simplement de "la compléter" et de la rendre "logique" ou un peu moins absconse !
A savoir, coller la "préposition" idoine et manquante ("sur") là où elle aurait dû être ! Ni plus ni moins !
Ma primo intervention (13-08-2018 00:17), qui avait suivi de peu la vôtre, (12-08-2018 23:06) vous aidera à comprendre ce que je veux dire, et vous en conviendriez alors de l'inutilité d'aller à la chasse aux synonymes et autres équivalences superflues.
Cordialement.
Maxula.
Une querelle byzantine...
VS versus
C'est cela même, et en attendant, il faudrait apprécier à sa juste valeur, "votre" français "primal", du moins si l'on en juge par le peu que vous avez daigné scribouiller !
"l'ensemble des tunisiens, dans leur majorité"
Faudrait savoir, "l'ensemble" ou "la majorité" ?
Vous avez dit "pléonasme" ?
Moi j'dirais "les pléonasmes de l'ectoplasme" !
Maxula.
tounsia2
Avec tout le respect à ce prof, qu'il explique pourquoi l'ensemble des tunisiens, dans leur majorité, sont si nul en n'importe quelle langue étrangère, les ingénieurs par exemple?