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Chroniques
Il est encore prématuré de fêter la révolution
15/01/2017 | 15:54
4 min

A l’approche du sixième anniversaire de la révolution, les contestations populaires dans les régions se sont multipliées au point que le gouvernement décide de dépêcher d’urgence, à la fin de la semaine dernière,  des délégations ministérielles  à Ben Guerdène, Sidi Bouzid et autres. Le chef du gouvernement, lui, a choisi de se déplacer à Jendouba où la détérioration des conditions climatiques a fait souffrir les populations et exacerbé les mécontentements.

 

En janvier 2013, quelques jours avant son assassinat, Chokri Belaïd avait déclaré « Nous ne célébrons pas, nous commémorons la chute du dictateur. La célébration nécessite la concrétisation des objectifs de la révolution alors que la réalité suggère le contraire. Le peuple s’insurge dans la majorité des gouvernorats pour les mêmes revendications et les mêmes objectifs qui étaient à l’origine de son insurrection dans le passé ». Quatre années après, cette déclaration reste toujours d’actualité tant les  réalités sociales et économiques des régions ont peu évolué.

 

Cette stagnation agaçante, révoltante même, le président de la République l’a vérifiée à ses dépends au cours de sa visite à Gafsa. Les ouvriers du complexe minier ont crié leur mécontentement. Les jeunes des quartiers ont barré la route par laquelle devrait passer le cortège présidentiel, lancé des pierres sur les forces de l’ordre et même nargué le président actuel en scandant le nom de son prédécesseur. De mémoire d’homme, jamais une visite présidentielle à une région quelconque du pays n’a été un fiasco aussi cinglant.

 

Seulement, ce revers essuyé par le président, mais surtout par ses conseillers, est porteur d’espoir. Il est la manifestation bruyante, même si elle est désordonnée et à la limite de la violence, que le peuple a retrouvé la voix et qu’il est déterminé désormais à réclamer à tous, ce qu’il estime son droit. Ce qui s’est passé à Gafsa le samedi, aurait été impensable et n’aurait jamais pu se passer si le pays n’avait pas réussi sa révolution.

 

D’un autre côté, la débandade de Gafsa devrait interpeller tous les officiels sur la nécessité de bien préparer leurs visites sur le terrain. Ils doivent comprendre que leurs visites sont très attendues par les citoyens qui ne veulent plus être déçus, ni par les promesses non tenues, ni par les projets « réchauffés » et les usines repeintes à la veille de chaque visite d’un responsable pour être inaugurées. Pour le cas de Gafsa, les citoyens sont déçus de voir qu’aucun des vingt et un points annoncés par le gouvernement précédent en faveur du développement dans leur région,  n’a été mis en application. Ils ont tenu à le faire savoir.

 

Entre-temps, les partis politiques ont publié, à partir de leurs sièges dans la capitale, qu’ils soutiennent les mouvements populaires dans les différentes régions et se rangent du côté de leurs revendications légitimes concernant le développement, l’emploi et la dignité. Pauvres partis politiques, des plus embryonnaires aux plus grands. Ils ne changeront jamais. Ils sont toujours à la traine de la rue avec toujours autant de vampirisme et un esprit usurpateur et opportuniste. On attend pourtant des partis politiques d’être présents là où les citoyens sont présents pour être à l’écoute de leurs préoccupations, formuler efficacement les revendications populaires dans un discours et un programme politique et encadrer les mouvements de masse pour leur donner plus d’efficacité. Même le chef du gouvernement semble se plaire dans cette ineptie populiste. En effet, on n’attend pas d’un chef de gouvernement de soutenir les revendications des habitants de Meknassi ou de Ben Guerdène, ou encore d’avouer ne pas comprendre que des Tunisiens vivent encore dans des gourbis. On attend d’un chef de gouvernement  qu’il agisse pour changer la réalité et améliorer le vécu de ses concitoyens.

 

La seule exception, c’est le directeur exécutif du Nidaa qui s’est déplacé à Gafsa au début de la semaine dernière, pour préparer la visite du président. Vu la tournure prise par les événements, on aurait franchement aimé qu’il reste à Tunis, au chaud, chez lui.

 

Un dernier mot à l’adresse des manifestants là où ils sont. Les mouvements sociaux ou populaires ainsi que les revendications perdent toute légitimité à la tombée de la nuit. L’obscurité est un facteur aggravant des actes de banditisme. En plus, il est incompatible de revendiquer le développement tout en saccageant les édifices publics qui sont les vestiges d’un développement même imparfait.     

15/01/2017 | 15:54
4 min
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Commentaires (13)

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hakim
| 19-01-2017 13:34
pour partager il faut avoir appris comment partager, il faut "éduquer" les gens comment partager.Il faut avoir des politiciens qui savent partager.Il faut des entreprises qui sachent partager...Il faut la culture de savoir partager et il faut institutionnaliser les modalités de partager...
Notre problème en Tunisie c'est qu'on n'a pas appris à partager et on nous pas appris la nécessité de partager.
Nous avons dilapidé les bonnes occasions de partager le pouvoir par le respect de la constitution et de l'alternance..On n'a pas appris à savoir partager en offrant aux salariés parfois même le min des garanties de soin ...on n'a pas su partagé avec les générations en bafouant les règles de respect de l'environnement...
Donc pour partager nos fêtes nous avons à apprendre à partager tout court...Un pays avec tant d'atouts peut être un vrai paradis pour ses qq 11 millions d'habitants si tout simplement on apprend à partager ...
Commençons par essayer de partager un rêve commun c peut être le premier exercice pédagogique que les politiciens doivent commencer à conceptualiser.Mais pour ne pas rester sur les nuages des rêves, le premier préalable est de savoir départager entre la patrie et l'Etat d'un côté et les mécanismes de vie politique d'un autre côté.Donc concrètement: définir en commun notre rêve et définir en commun le périmètre sacré de l'Etat.

Et ces Parlementaires à la con !
| 16-01-2017 13:20
Pourquoi tiennent-ils à être sourds à nos alertes?
Nous avions pourtant émis beaucoup de critiques et de recommandations à l'adresse de nos élus, qui nous représentaient au pouvoir législatif, pour les emmener à reprendre le gouvernail et à redresser sérieusement la trajectoire; mais en vain. Visiblement, ils se sont convertis (dans leur majorité) en courtiers / rentiers / affairistes / lobbyistes ... conseillers des Malfaiteurs, des Prédateurs et des Fraudeurs. En revanche, je reproche beaucoup aux électeurs ayant voté pour Nidaa Tounes aux législatives, de ne pas vouloir demander des comptes à leurs élus dans le cadre des réunions périodiques organisées dans les régions d'attache. Ce n'est que par des réunions de suivi et de débat, que les élus puissent être remis sur le droit chemin pour veiller à l'intérêt du pays et à l'aboutissement des projets structurants. A titre d'illustration, je prends le cas du dossier de la fiscalité, pour souligner que plusieurs élus-avocats ont agi en *** tout au long des travaux de pré-promulgation de la LF'2017. Sans vouloir citer de noms, mais le cas de Fadhel Ben Omrane est immonde & révoltant ! Parlementaire influent de Sebsi Jr, il a réussi à placer une bizutha à la tête du Ministère des finances susceptible de le suivre dans ses consignes ***.Il s'est en outre arrangé pour éloigner Ridha Ben Ahmed de la DGI pour y désigner son collabo Sami Zoubeïdi. Vous conviendriez bien avec moi que les conséquences ne peuvent être que désastreuses.

bahr
| 16-01-2017 00:04
Un grand merci de nous rappeler que nous ne faisons que commémorer notre révolution et de nous remettre au travail pour atteindre le reste des objectifs non encore atteins de cette révolution. mais je la fête déjà, je fête ce minimum acquis

ALAZON
| 15-01-2017 23:35
Cher Ben Hmida Moi je vous aime bien mais avouez l'arnaque du siècle
révolution pour l'emploi pas d'emploi
révolution contre la corruption ils ont réussi à corrompre tout un pays
il faut le faire
un ami m'a dit en ce moment en Tunisie MEME L AIR EST CORROMPU
Je viens de rentrer d'Egypte c'est kif kif bourrikou
BASTA COSI AMIGO

tounsia2
| 15-01-2017 21:33
Certes beaucoup de chemin a été fait depuis 6 ans, mais la marche a été faite dans le sens opposé du progrès; Les islamistes ont confisqué cette révolte et ont brisé le rêve de liberté et de démocratie; Aujourd'hui et après 6 ans de débandade, une seule vérité se dégage de notre expérience post révolutionnaire: La Tunisie ne connaitra ni Paix ni progrès tant que les islamistes sont au pouvoir !

Paix à l'âme de nos martyrs et toutes les victimes de l'Islam politique en Tunisie et dans le monde !

takilas
| 15-01-2017 21:21
Il n'y a révolution que pour ceux qui en tirent profit, comme par exemple nahdha ou les allechés qui peuvent tirer profit de cette secte composée de quelques (poignée;# kamcha") proches parents ou d'amis.

zohra
| 15-01-2017 20:56
Merci pour votre jolie poème c'est tout à fait ça. excellent

Bonne soirée

zohra
| 15-01-2017 20:37
Bonsoir,

Oui chacun fêtera à sa façon
Pour le moment le plus heureux gagnant c'est Nahdha, ils fêtent bien leur victoire, vous imaginez, ils étaient rien en prison et "mouthacharid" exilés d'un coup ils se trouvent au pouvoir,
c'est une très grande victoire, j'espère que ce n'est plus pour longtemps, et qu'on passera ce cauchemar un jour et qu'il restera qu'un mauvais souvenir.

Excellente soirée

Mohamed Obey
| 15-01-2017 19:56
L'article d'un journaliste de la stature de M. Sofiène Ben H'mida correspond à une prise de vue photographique d'un moment historique. En ce sixième anniversaire du 14 janvier 2011, il est vu et entendu que le peuple qui a rêvé est en train de vivre un long cauchemar. Mais aucune protestation, constitutionnelle soit-elle, ne donne une légitimité aux actes de vandalisme ou de violence!

ftouh
| 15-01-2017 19:44
Ne soyons pas rabat-joie! Chacun fetera comme il peut!!

Bah..mais ca sera toujours une occasion pour se saouler la gueule.

Et pour les autres faire quelques prieres en plus,..sait on jamais.

bref..en dialectal on aurait dit " revolution des mes zoreilles "