
Hakim Ben Hammouda, économiste et ancien ministre des Finances dans le gouvernement de Mehdi Jomâa, a commenté le blacklistage de la Tunisie par l’UE, ce mercredi 7 février 2018, dans la liste des pays exposés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme.
« Je pense que cette décision est grave d’autant plus qu’elle intervient après un premier blacklistage relatif à la transparence fiscale. Ce qui a été voté aujourd’hui au parlement européen est plus grave car il touche au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. Cette multiplication des dysfonctionnements doit impérativement poser le problème de la responsabilité politique » a estimé Hakim Ben Hammouda dans une déclaration à Business News.
Selon l’ancien ministre, cette annonce engendrera trois effets immédiats . D’abord cette décision touche à la réputation de la Tunisie, « particulièrement au moment où nous nous apprêtons à sortir sur les marchés internationaux ». Le second impact concerne les investissements étrangers en Tunisie, « les investisseurs ne veulent pas que leur entreprise encoure le risque d’avoir des difficultés au niveau international » a-t-il précisé, ajoutant : « nos entreprises et industriels auront également les plus grandes difficultés pour leurs opérations financières car les banques internationales sont sans merci sur les questions de conformité avec la règlementation internationale ».
« Il y a un changement énorme dans le monde à partir de 2008-2009 et dans lequel les grands pays ont décidé de mener une bataille contre l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Ce sont des évolutions majeures et structurelles auxquelles les institutions accordent désormais la plus haute importance. Elles sont à l’ordre du jour de tous les sommets du G20 et du G8 depuis 2010. Il est temps que nous nous mettons à la page » a poursuivi M. Ben Hammouda.
Quant à la question des responsabilités, l’ancien ministre a affirmé qu’elles sont, à l’heure actuelle, « difficiles à déterminer ». « Je ne sais pas qui a eu à traiter ce dossier et s’il y a eu un chef de file », a t il précisé, ajoutant que lorsqu’il était à la tête du ministère des Finances, il a eu à coopérer avec les autorités américaines et le gouverneur de la Banque centrale afin que tout soit fait, « en terme de transmission d’information et d’engagement » pour éviter des difficultés avec l’Union-européenne et les autorités américaines.
M.B.Z