
L’annonce du spectacle El Hadhra, organisé par l’Association tunisienne des jeunes avocats en collaboration avec l’Ordre national des avocats, à l'occasion du mois de ramadan a suscité une vague de réactions et de multiples critiques sur les réseaux sociaux.
Beaucoup y voient un décalage flagrant avec la situation actuelle des droits et libertés en Tunisie.
L'avocat Anas Kaddoussi, dénonce avec amertume l’attitude des structures représentatives de la profession : « Alors que la justice en Tunisie est démantelée par des lois répressives, des ingérences dans le pouvoir judiciaire, des révocations arbitraires de magistrats, et le non-respect des jugements du tribunal administratif… Alors que le droit à la défense est bafoué, que des avocats sont poursuivis ou emprisonnés pour leurs activités professionnelles ou politiques… voilà que l’Association tunisienne des jeunes avocats, avec l’Ordre national des avocats, choisit d’organiser un spectacle artistique et festif ! Une immense déception ».
Avec une ironie grinçante, Abderraouf Ayadi, avocat et ancien député, s’exclame : « Ne vous méprenez pas ! Les structures du barreau encouragent désormais la danse comme une forme d’expression corporelle. Elles défendent ainsi la liberté d’expression en choisissant l’ambiance des confréries soufies et des fumées d’encens… loin des luttes sur le terrain ».
Un autre message, partagé par l'activiste Moncef Zid, tourne l’événement en dérision : « La présidence de l’Ordre des avocats et l’Association tunisienne des jeunes avocats rusent avec le pouvoir du coup d’État et organisent un grand mouvement populaire de lutte… sous la forme d’une Hadhra artistique ! Ce sera le début d’une mobilisation pour renverser le régime de Kaïs Saïed, libérer les détenus et rétablir la Constitution de 2014. N’oubliez pas d’y participer, avec vos drapeaux et les photos des prisonniers… ».
Youssef Chaouachi, fils du prisonnier politique Ghazi Chaouachi, critique également l’absence remarquable du bâtonnier lors de procès de l'affaire de complot : « Beaucoup se demandent où est passé le bâtonnier dans le procès de l’affaire dite du “complot”, où trois avocats sont détenus, et dans les autres affaires politiques ? Eh bien, voilà où il est occupé : le bâtonnier de l’encens et de la Hadhra ».
Enfin, notre confrère Sofiene Ahmed Salem Ghoubantini a choisi l’ironie, mêlant références philosophiques et satire : « Vos bénédictions, ô noble Instance technique ! Hahahaha ! La Zaouïa de Sidi Diderot ! Le mausolée du saint patron Sidi Montesquieu ! Et les adeptes de la Tarîqa Carbonnier ! ». Une façon de rappeler que, face à la crise démocratique actuelle, certains attendaient de la profession d’avocat un retour aux principes de base du droit plutôt qu’un repli dans l’encens et les chants mystiques.
Ces réactions illustrent le malaise grandissant au sein de la profession d’avocat, à l’heure où plusieurs de ses membres font face à la répression et où les atteintes aux droits et libertés se multiplient en Tunisie. Si certains y voient un simple événement culturel, d’autres dénoncent un symbole de déconnexion avec les enjeux urgents de la défense des libertés publiques et de l’État de droit.
S.H
'?a montre l emprise de la religion ds nos pays ,que tout le monde monopolise pour endormir la populasse...alors que ses intérêts sont ailleurs ds l égalité, la dignité,le développement économique permettent la création de richesses etc..