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El Amra : épicentre de l'échec des autorités devant la crise migratoire
05/12/2023 | 12:58
5 min
El Amra : épicentre de l'échec des autorités devant la crise migratoire

À Sfax, le phénomène de la migration irrégulière prend des proportions dramatiques. Depuis des mois, le flux de candidats à l’embarcation vers l’Europe ne cesse d’augmenter suscitant des tensions dans certaines localités. Certains évoquent, encore et encore, une affaire de complot visant la Tunisie sur fond de propos racistes, d’autres dénoncent l’inaptitude de l’État à gérer efficacement et humainement cette crise.   

 

La petite localité d’El Amra à Sfax est l’un des épicentres de cette crise. Fin novembre, une unité de la Garde nationale avait effectué une descente pour confisquer des embarcations de fortune dans le cadre d’une mission de lutte contre la migration illégale. Conséquence, l’unité avait été assaillie par un groupe de migrants subsahariens qui ont infligé des blessures plus ou moins graves à quatre agents de la Garde nationale. Par la suite, l’unité a dû appeler des renforts après qu’un des véhicules appartenant à la Garde nationale a été entièrement incendié. Vingt subsahariens et deux Tunisiens suspectés d’avoir agressé des sécuritaires seront arrêtés.   

L’intervention de la Garde nationale avait forcément provoqué la colère des migrants qui se retrouvent coincés dans la localité dans des conditions inhumaines et qui ont payé des sommes importantes pour la traversée à bord des bateaux désormais détruits.

Ces événements ne constituent pas le premier incident dans la région de Sfax ou dans d’autres localités et villes tunisiennes. Cependant, à chaque incident, le problème des migrants irréguliers revient sur la scène et surtout la question se pose de nouveau sur la politique adoptée par les autorités pour y faire face.

 

À El Amra, des centaines de migrants hommes, femmes, enfants, nourrissons vivent dans les oliveraies. Ils ont été chassés des villes et se retrouvent à vivre sous les arbres sans moyens de subsistance. Ils veulent partir en Europe, mais la Tunisie les en empêche. Ils restent donc coincés dans cette petite localité à retenter d’embarquer. D’autres groupes de migrants viennent périodiquement s’ajouter à ceux déjà bloqués.

La situation est explosive. Ainsi les violences et les agressions se sont répétées de part et d’autre. Les habitants d’El Amra subissent ces vagues successives de migrants, impuissants et inquiets, alors que l’insécurité grimpe forcément. Ils sont victimes de vols, essentiellement des matelas, des draps, des vêtements, des bombonnes de gaz ou de la nourriture… Les migrants ont froid et faim.

 

Selon les chiffres avancés par le porte-parole de la Garde nationale Houssemeddine Jebabli, en 2021 près de 1.300 migrants ont été interceptés alors qu’ils tentaient d’entrer en Tunisie via les frontières terrestres. Ils seront près de 1.800 en 2022 et plus de 38.000 durant les onze mois de 2023. Ils seront aussi plus de 70.000 interceptés en mer au cours des tentatives de traversées, en plus de ceux qui restent bloqués en Tunisie.

Les propos du président de la République en février 2023, où il a parlé de complot visant à changer la composition démographique de la Tunisie, avaient suscité une grosse polémique. S’il a mis de l’eau dans son vin depuis, le postulat qu’il s’agit d’un plan criminel ourdi avec l’aide d’associations pour installer les migrants en Tunisie, reste prégnant dans le discours de nos autorités. Le constat est que le pouvoir en place a échoué dans son approche de la crise migratoire. D’abord, le traitement sécuritaire de ce phénomène ne donne pas de véritables résultats, du moment où les vagues de migration continuent quand même à déferler. Et il faudra s’attendre à des flux importants dans les prochains mois, alors que la junte militaire au Niger a abrogé fin novembre la loi criminalisant le trafic de migrants. Une loi qui faisait partie pour les Européens de leur politique d’externalisation des frontières.  

 

Que fait la Tunisie entre-temps ? Elle continue à jouer au gendarme des frontières européennes tout en subissant des pressions accrues sur ses mêmes frontières avec la Libye et l’Algérie. Des frontières qui, au vu des chiffres officiels, semblent de plus en plus poreuses. L’état de fait imposé à la Tunisie par les Européens a engendré une situation inextricable sur notre sol. Dans leur approche purement sécuritaire de la crise, les autorités repoussent les groupes de migrants vers les zones intérieures, essentiellement rurales comme El Amra, afin de les éloigner des zones côtières où ont lieu les opérations de départ. Naturellement, cela créé une situation difficile pour les migrants irréguliers qui ne peuvent ni travailler, ni se déplacer. Ils sont tout bonnement bloqués ici et on ne leur dispense pas de lieux de résidence même temporaires. Ils n’ont donc d’autre choix que d’essayer encore et encore de fuir la Tunisie sauf qu’ils sont interceptés. Un cercle vicieux.

Il faut craindre les répercussions sécuritaires de cette situation des migrants en Tunisie. Une situation inhumaine qui poussera ces personnes fuyant la misère dans leur pays à se battre pour survivre. Ce qui est chose normale.

 

Nos autorités gagneraient à avoir, de prime abord, une réponse plus humaine en dispensant, par exemple, aux migrants bloqués la possibilité de résider dans des conditions qui préservent la dignité humaine. Des milliers de personnes, des êtres humains, vivent démunis sous les arbres aujourd’hui en Tunisie. Nos autorités devraient collaborer et pousser les organisations onusiennes et internationales à mobiliser leurs capacités matérielles et logistiques pour cette mission. Il existe des mécanismes de prise en charge des réfugiés et des demandeurs d’asile.

La Tunisie, qui traverse aussi une situation de crise, n’a pas à assumer seule les conséquences des politiques d’immigration européennes ni celles algériennes. Cette politique européenne d’externalisation des frontières et l’approche algérienne ont fait que la Tunisie soit devenue un point de passage facilement accessible aux frontières ouest et un point de sortie pratiquement impossible aux frontières maritimes.

Il ne s’agit pas d’un obscur complot comme les partisans du régime le répètent à tout bout de champ. Il s’agit d’un pouvoir qui cède aux pressions et n’arrive pas à gérer comme il se doit un dossier sensible. Il s’agit de rapports de force et de souveraineté en berne. L’enjeu est fondamentalement politique et on aurait mieux agi en faisant porter la responsabilité à une Union européenne dont la politique migratoire contribue à créer des crises en Tunisie ou ailleurs dans les pays du Sud.

 

La crise des migrants irréguliers en Tunisie tendra à s’aggraver tant qu’aucune solution concrète et des décisions fortes n’auront pas été prises par le pouvoir en place. Bien évidemment, des solutions pragmatiques, s’éloignant du populisme primaire, qui permettraient d’une part de préserver la dignité des migrants et d’assurer d’autre part la sécurité de l’État et de ses citoyens.

 

Ikhlas Latif

05/12/2023 | 12:58
5 min
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Commentaires
Juan
complot de géographie
a posté le 07-12-2023 à 21:08
arrètez cette histoire de complot contre TN .
c'est sa géographie qui l'a mis dans cette situation.
L'autre
Prendre comme model le traitement de l'immigration entre la France et l'Angleterre
a posté le 07-12-2023 à 14:23
1- Entre la France et l'Angleterre, les migrants traversent avec des embarcations qui les exposent à tous les dangers de la mer. La France a des équipes de secours, mais les règles sont simples : elles n'apportent secours qu'à ceux qui le souhaitent. Si un groupe refuse l'aide, il le laisse continuer son chemin. On explique cette procédure par le risque qui existe si l'on arraisonne par force les migrants. La Tunisie peut appliquer le même concept ; comme ça, personne ne peut la traiter de complaisante envers les immigrés, mais en même temps, elle ne bloque personne et n'impose à personne d'être secourue par force.
2- Pour tous ceux qui critiquent la gestion de l'immigration par les autorités tunisiennes, je vous demande de proposer des solutions concrètes, puisque vous avez l'air d'être des experts et des connaisseurs dans le domaine. Si vous n'avez pas de solutions concrètes, réalistes et réalisables, il est préférable de se taire plutôt que de raconter des bêtises. Si je ne me taisais pas, c'est incroyable le nombre de bétises que je peux raconter par minute. Pauvre Tunisie
Juan
solution de isra-HELL ...
a posté le à 21:04
face aux réfugiés soudanais , isra-HELL a construit un mur au Sinai
les talmudistes ont beaucoup d'argent ...
Souli
Repose à l'article
a posté le 06-12-2023 à 09:49
Monsieur Latif,votre article est quelque part floue !!on ne sait pas si vous incriminez l'état ou les forces de l'ordre ou les indigènes de la commune d'El 3amra!!ces migrants sont des hors la loi,ils se permettent de faire n'importe quoi et vous semblez vous apitoyer sur leurs situations en même temps vous critiquez l'état en le traitant d'incapable à gérer le problème !! Dites nous plutôt à l'état ce qu'il devrait faire au lieu de monter les gens contre celui-ci
Abir
Non ils ne regrettent rien
a posté le 05-12-2023 à 14:15
Bien sûr ils ne regrettent rien ! Je parle des corrompus, des hypocrites, des profiteurs et des hors la loi! Vu que le pouvoir lui même et tout à fait hors surcuit ou plutôt dans une autre planète, vu qu'il fait tout pour satisfaire ses envies et ses caprices et rien pour appliquer les lois de pays et ce ne pas ses lois personnelles, vu qu'il enferme les bons et les mauvais sans preuves ni jugement oui il est professeur de droit et c'est ainsi se conduit un professeur de droit ! Accuser à tort et à raison l'essentiel dégager de son chemin tordu! Moralité : ces Sud Africains ont trouvé la liberté total ! Votre patron voulait gérer tout seul les problèmes des Palestiniens et les problèmes de Sud Africains alors qu'il est incapable de gérer les problèmes et aucun de son propre peuple !
takilas
Les devenus des milliardaires depuis 2011.
a posté le à 21:48
Et qui sont parvenus, avec l'argent du peuple tunisien, de s'acheter de luxueuses demeures à Paris et à Carthage, sans parler desvenormes sommes d'argent cachées dans plusieurs banques soit en Tunisie ou ailleurs, des affamés et des escrocs ces nahdha.
Léon
Responsable: les dégagistes dupés comme des pigeons
a posté le 05-12-2023 à 13:45
Tout cela min fadhl ethawra el moubaraka des gueux et des traitres.
Regrettez vous ezzaman el bayid, regrettez-vous dawlat al fessed, regrettez-vous al Azlem, regrettez-vous al makhlou3 ?
Peuple de la trahison collective, vous n'avez que ce que vous méritez ! Où sont passés tous ces vocables qui meublaient vos bouches lors de la révolution des atlantistes? Bande de traitres!

Léon min joundi Tounis al Awfiya,
Résistant,

Verset 112 de la sourate des abeilles
Juan
tu vois des abeilles noires en UE ... moi pas.
a posté le à 21:06
les abeilles n'émigrent pas.
L'apiculteur
@Juan
a posté le à 20:39
Vos connaissances apicoles semblent limitées.
Les abeilles "migrent", prennent l'air, pour voir du pays, bien plus souvent qu'on ne pense. Elles quittent la compagnie par essaim entier qui, s'il se pose quelque part appartient à celui qui le cueille. Ainsi dispose le droit rural. L'opération est sans risque aucun. Les abeilles sont occupées à protéger la reine et se laissent cueillir sans résistance. Un essaim est parfois gros comme une bonne pastèque. J'en sais quelque. De surcroît, c'est une aubaine venue du ciel pour le cueilleur, une colonie de travailleuses, appliquées dévouées et rentable.. Plusieurs centaines d'?' en cas de cession.
C'est un peu la même chose pour les migrants. Mais je n'entends pas vous convertir à l'apiculture. Vous ratez un nectar et je ne parle pas de gelée royale.
takilas
'?chec ?
a posté le 05-12-2023 à 13:33
Plutôt une réussite temporaire avec les sabotages de nahdha qui a tout prévu avec toutes sortes de traîtrises dont celle-ci.
Ouled......
Tounsi Tounsi
Qu'on les laisse passer
a posté le 05-12-2023 à 13:18
Après tout, l'UE n'a qu'à gérer ce problème toute seule vu qu'elle n'est pas disposée à nous aider sans contrepartie outrageante. Qu'on les laisse passer et que l'UE se débrouille avec eux sur son sol. On a pas à jouer les gardes-frontières de l'Europe pour des cacahuètes. S'ils restent en étant trop nombreux c'est problématique, donc prenez la mer et bonne chance.
ali
@Tounsi Tounsi
a posté le à 19:44
Si la Tunisie laissent ses citoyens et les africains envahir l'Europe au mépris des lois internationales,la Tunisie risquera gros y compris militairement de la part de l'OTAN.Regardez ce qu'essaie de faire Poutine à la frontière finlandaise en envoyant traverser les hordes de migrants du moyen orient et d'Afrique ces frontières ,pour déstabiliser l'Europe!!!