L'UTICA est suffisamment éclairée pour constater une restructuration défavorable de l'économie nationale, marquée par la migration des capitaux des secteurs productifs (industrie, agriculture, TIC, etc') vers des secteurs de distribution, à telle enseigne la la contribution des industries manufacturières dans la formation du PIB s'est dégringolée de 23% en 1993 à 15% en 2014. Ceci est d'autant plus grave que l'investissement dans ce domaine ne requiert plus un taux de compensation industrielle minimum de 50% (export IME / import véhicules), dans la mesure où les quotas sont attribués aux concessionnaires auto selon des critères subjectifs définis par l'oligarchie politico-financière et demeurant un secret administratif.
Ceci étant, la patronne des patrons semble se désintéresser de la production, notamment après s'être dessaisie de ses unités industrielles. Depuis la révolution de la ''brouette'', elle devenait très engagée dans la recherche de ''business de rente'' procurant le maximum de profit et comportant le minimum de risques, surtout quand il s'agit d'activités d'importation de biens de consommation particulièrement dévoratrices de devises.
Alors qui va défendre dorénavant les industriels Tunisiens après la conversion du président de l'UTICA en rentier?
L'identité des propriétaires des chaînes de distribution, sous enseignes internationales, confirme bien que l'organisation patronale de pays ne constitue plus un levier corporatiste de "promotion de la production nationale" ni de "consolidation de la compétitivité économique", surtout après la multiplication des marques auto représentées (sans exigence de compensation industrielle), l'extension de la grande distribution gourmande en marchandises importées, et le déchaînement des enseignes internationales franchisées en général (prêt à porter, restauration, ameublement, etc'). Il n'est donc plus difficile de connaitre les principales causes de l'accentuation du déficit commercial, du malaise des Industries mécaniques & électriques, de la faillite des PMI d'habillement & chaussures, de la précarité de l'emploi dans l'industrie, de la fonte des réserves en devises, du dérapage de la balance des paiements et de l'explosion de l'endettement extérieurs (particulièrement sa composante improductive, voire toxique).