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Tribunes
Télévision tunisienne : si les débats mâEUR(TM)étaient contés
15/01/2009 | 1
min
Télévision tunisienne : si les débats mâEUR(TM)étaient contés
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Par Khemais Khayati

Supposons que, piqués par une curiosité malsaine surtout en cette année de rendez-vous électoraux importants, nous nous demandions quels rapports les chaînes publiques tunisiennes (elles ne sont que deux canaux orphelins.), entretiendraient-elles avec la chose publique, étant entendu que le propre d’une télévision est d’être au service de ceux qui la regardent et qu’une télévision publique est de surcroît au service de ceux qui la financent grâce à la redevance jointe à la facture de la STEG….
Dans les deux cas, la relation au public est fondamentale…

De prime à bord, le service public télévisuel tunisien – et principalement Tunisie 7 en l’état actuel des choses – vit une mue dont seuls quelques « élus » savent à quelle sauce elle va être démantelée, car la grille actuelle des programmes porte en elle les germe de cette phagocytose annoncée.

L’une des particularités du degré zéro de la Démocratie est le forum ou cet Agora ou encore ce baobab ou bien encore ce coin de la « houma » où on se rassemble pour deviser en toute quiétude et liberté – sans atteinte aux règles de la convenance - des choses de la communauté…
C’est ce qu’on désigne aujourd’hui pompeusement par LE débat…
Notre télévision nationale – pour au moins s’acquitter d’une des missions qui lui sont dévolues – s’intéresse-t-elle à ce débat ?

A regarder ce qui est diffusé on serait tenté de répondre par la positive. C’est vrai que notre télévision transmet des images où nous voyons des personnes de chez nous, bien sur leur « trente-trois » avec cravates et tout le tintouin, en train de discourir en regardant le distributeur de paroles, quand d’autres écoutent attentivement la leçon en faisant des signes affirmatifs d’une éponge virtuelle… Quelquefois, quelqu’un arrache la parole qu’on lui accorde volontiers en précisant à qui veut bien l’entendre qu’il est du groupe opposé, pour nous faire une explication de texte, façon réponse du berger à la bergère dont la conclusion serait que ce que le monsieur disait tout à l’heure est la vérité vraie…

C’est ce que notre télévision conçoit comme débat. Et, à sa charge, il faut dire que les présents débattaient, gesticulaient, jacassaient, cancanaient, s’agitaient… de façon tellement guindée et polie que s’en devient soporifique. Et le pauvre téléspectateur n’a de choix qu’entre aller au pieux ou voyager sans visas ni timbre fiscal vers des cieux dont certains ne sont pas plus cléments que le notre…

Parmi les domaines où on débat à merveille, il y a en premier lieu le sport, tous les sports… C’est à croire que les gens de mon pays sont tous des férus de la course en sac… En dernier lieu, il y a aussi les arts, tous les arts, du culinaire au petit « égosilleur » venu de derrière les cordes vocales… On croirait que les gens de pays font la différence entre Ziriab et Zyriab…
Seulement, ces débats là, les citoyens – sans s’en offusquer outre mesure – peuvent s’en taper le derrière… car, ils n’aident pas leur terre à mieux tourner… Bien le contraire, ils leur donnent l’impression qu’ils sont les dindons de la farce et qu’on se fout de leur gueule…

Il y a les autres… ceux qui sont supposés éclairer à propos du millime ajouté au prix du kilo de tomate ou encore de ce qui va advenir demain, quand un Monsieur newyorkais décidera de partir avec la cagnotte d’une banque pas de chez nous…. Ces débats là – à part les efforts visibles de « Bikulli wudhuh »- ne servent que ceux qui veulent bien les croire pour se donner bonne conscience que nous sommes dans le meilleur des pays possibles, qu’il ne nous manque même pas le petit bouton de guêtre pour partir à la guerre contre les disparités sociales, les zones d’ombre, les administrations belliqueuses et j’en passe… pour finir par faire une panégyrique de la sagesse humaine dont le ciel nous a affublé…
Ces débats là, nous en avons une pelleté et nous en exportons, d’ailleurs… Il n’y a qu’à regarder les écrans de nos deux voisins, de l’est et de l’ouest pour s’en apercevoir…

Une petite absolution… Les responsables de la télévision ne sont nullement responsables de la télévision, que dans des portions congrues…
Les pauvres, ils ont de ces mines…. Le centre de décision à propos de tout ce qui touche à l’image de la chose publique – et non pas la chose elle-même - n’est pas à la télévision, mais ailleurs… Allez savoir où ?

Quand, à l’approche d’une année électorale, on cloue à la télévisions « certains » qui ne brillaient pas par leur esprit d’ouverture et de tolérance, si ce n’est d’intelligence tout court, ajouté à leur flagornerie manifeste… On conclurait facilement que notre télévision publique est sur la bonne voie de…… disparition du menu du citoyen.

Qu’on continue ainsi… Les résultats sont probants devant ces clowneries qui ne font pas rire, ni même pleurer d’ailleurs car il n’y a personne… devant l’écran…

Khémais khayati est un journaliste indépendant. Il a longtemps collaboré à Tunisie 7 et plusieurs journaux tunisiens et étrangers. Il collabore actuellement avec Radio Monte Carlo et France 24.
15/01/2009 | 1
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