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Pour lâEUR(TM)octroi du visa, Londres préfère-t-elle les extrémistes ?
22/09/2008 | 1
min
Pour lâEUR(TM)octroi du visa, Londres préfère-t-elle les extrémistes ?
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Par Nizar BAHLOUL

Il s’appelle Mondher Thabet. Il est professeur de philosophie et collabore régulièrement, par ses analyses politiques, dans des journaux en Tunisie. Il est également secrétaire général du Parti Social Libéral. Tout récemment, il est devenu membre de la Chambre des Conseillers. En Europe, membre de la Chambre des Conseillers veut dire Sénateur.
A priori, ce Mondher Thabet, professeur doublé d’analyste politique, doublé de leader d’un parti politique, doublé du titre de Sénateur, ne ressemble en rien à un terroriste ou encore à un candidat à l’immigration clandestine. Alors là, en rien de rien ! Et pourtant…

Mondher Thabet a été dernièrement invité au congrès du Parti Libéral britannique. C’est une procédure très courante que des partis politiques, ayant les mêmes tendances, s’invitent entre eux.
Sauf que pour aller au Royaume Uni, il faut être titulaire d’un visa. Un visa, c’est ce truc qu’on colle sur le passeport des ressortissants de certains pays leur donnant droit d’entrée dans le pays émetteur dudit visa. Les services du parti que dirige Thabet ont déposé les formulaires et la paperasse nécessaire une bonne dizaine de jours avant le jour j.
Seulement voilà, les nouvelles procédures dictées par les services de Sa Majesté la Reine Elizabeth II exigent un délai plus long. Dix jours pour vérifier que les Mondher Thabet and co ne sont ni d’éventuels terroristes, ni des candidats à l’immigration clandestine, sont insuffisants pour eux. La nouvelle procédure, à l’arabe, fait que ce dossier doit passer par Le Caire. Pourquoi le Caire pour vérifier le dossier d’un Marocain, d’un Tunisien ou d’un Algérien ? Allez savoir ! Toujours est-il que M. Thabet et son vice-président Mohsen Nabli n’ont pas pu assister au rendez-vous du parti britannique et n’ont pas pu honorer l’invitation qui leur a été envoyée.

Et après diriez-vous ? Des refus de visa à des personnalités et hommes d’affaires ou politiques, on en voit tous les jours, dans tous les consulats du monde. Erreur ! Allez voir le consulat de France à Tunis par exemple (qui octroie, lui, des visas pour tout l’Espace Schengen et non pas uniquement pour la France) et constatez l’accueil qui vous sera réservé dès lors que vous êtes un cadre ou une personnalité. Tout est fait pour vous faciliter la tâche et vous octroyer un visa pour une longue période (allant jusqu’à cinq ans) puisqu’il y a certitude, au vu de votre passeport et de vos documents, que vous êtes quelqu’un de respectable, apte à honorer vos engagements et ce qui est inscrit dans votre visa. Idem pour les Américains.
Le problème est que si vous êtes un homme d’affaires, un médecin, un avocat, un professeur, une personnalité politique, un cadre dans l’administration, vous êtes appelé à voyager fréquemment de par vos fonctions. Et si l’homme d’affaires européen a la possibilité de venir en Tunisie sans aucune complication administrative et consulaire, il est impératif qu’il en soit de même quand il s’agit d’un Tunisien désirant se rendre en Europe ou ailleurs. C’est le cas avec plusieurs pays, mais ce n’est pas (ou ce n’est plus) le cas avec les Britanniques. Or, en ces temps de mondialisation et de libre échange, il est aberrant de favoriser les ressortissants européens (déjà encouragés par la montée de l’euro et les aides à l’exportation) et de mettre les bâtons dans les roues des ressortissants des pays du Sud.

Il est anormal que le voyage d’une tomate, d’un réfrigérateur ou d’un produit textile exige moins de formalités administratives que le voyage de la personne chargée de les écouler, d’autant plus que la réciproque n’est pas vraie.
Ce que les Français, Belges, Allemands, Italiens, Espagnols, Portugais, Américains et autres ont compris depuis belle lurette, les Britanniques ne l’ont pas encore saisi. Ou bien ils font cela exprès, question d’éliminer ces hommes d’affaires du Sud, venus concurrencer les leurs sur leur propre marché.
Le libre échange et le commerce des marchandises ne sauraient se faire sans un minimum de liberté de circulation des personnes.

Vous me direz qu’il est question de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Soit ! Mais, avouons que la Tunisie est très loin d’être un terreau de terroristes et que des millions de ses ressortissants sont des citoyens pacifiques, bons vivants et ne cherchant, au Royaume-Uni, que tourisme ou affaires.
Avouons par contre qu’il existe dans ce même Royaume-Uni un nombre considérable de gens peu recommandables. Les Abou Machin tels Abou Qatada et Abou Hamza (cet hominidé ayant un crochet en guise de main qu’on pourrait appeler Douddoma et utiliser sa photo pour faire peur aux enfants), ce n’est pas en Tunisie qu’on les trouve.
Idem pour tous ces recherchés par les autorités de leur pays et qui trouvent, à Londres, une bonne terre d’accueil. Visiblement, il est plus facile d’aller chez les British quand on est délinquant plutôt que lorsqu’on est honnête citoyen, même membre de l’intelligentsia.

22/09/2008 | 1
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