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Avantages présidentiels : Adieu la démesure !
07/09/2015 | 19:58
5 min
Avantages présidentiels : Adieu la démesure !

 

Le Parlement se penchera demain mardi 8 septembre 2015, en séance plénière, sur le vote du projet de loi de 44/2015 relatif aux avantages conférés aux présidents de la République après la cessation de leurs fonctions. Adopté en plénière, ce projet vient remplacer la très polémique loi N° 2005-88 du 27 septembre 2005, taillée sur mesure par Ben Ali pour s’assurer une retraite en or. Une nouvelle loi qui devra assurer au président sortant « tout le prestige lié à sa fonction », sans pour autant être outrancière à l’instar de sa précédente.

 

L’ancien président de la République, Moncef Marzouki, pourtant amateur d’une image démystifiée de la présidence, semble visiblement être en faveur de la continuité de l’Etat. Marzouki n’a en effet pas sourcillé face à l’ancienne loi abusive léguée par Ben Ali et semblait même prendre goût au confort présidentiel. Cette même loi n’a pourtant pas fait long feu et l’actuel cabinet présidentiel en a proposé une nouvelle pour « alléger » les avantages octroyés au président après son départ. Le but ? Donner au président les moyens de faire son travail et fermer la porte à la corruption sans pour autant appauvrir les caisses de l’Etat déjà souffrantes.

 

« On ne veut pas arriver au stade de Gorbatchev qui fait une publicité pour pizza pour vivre, c'est une honte. Le président doit garder son prestige même après la fin de ses fonctions », avait déclaré Abdellatif Mekki, député d’Ennahdha à l’ARP, lors des discussions en commission de ce projet de loi. En réalité, l’ancien président de l’Union soviétique n’avait pas tourné dans un spot de Pizza Hut pour vivre mais pour récolter des fonds nécessaires à sa fondation. En plus de prouver le manque de culture de l’élu à l’ARP, cette déclaration montre la mentalité qui règne autour du poste présidentiel. Une mentalité essentiellement liée au prestige.

 

En parlant de prestige, la loi N° 2005-88 du 27 septembre 2005 se devait d’assurer sa « dignité » au poste présidentiel, même après le départ de celui-ci. Cette loi, taillée sur mesure par l’ancien président Ben Ali, prévoit en effet une rente viagère dorée pour les présidents de la République après la fin de leurs fonctions.

 

Si la polémique autour du salaire présidentiel avait éclaté dès le mandat de Moncef Marzouki, ce n’est qu’aujourd’hui qu’elle prendra forme. Les avantages alloués à l’ancien président de la République avaient, pourtant, à l’époque, suscité une vraie controverse et un projet de loi avait été même proposé par la commission de législation générale de l’Assemblée nationale constituante. Ce projet de loi n’a jamais été effectivement voté. Il s’agit du projet de loi N°01/2013 fixant le système de retraite des présidents de la République et stipulant essentiellement que le président de la République bénéficie d’une retraite à vie équivalente à 50% du salaire attribué à un président en exercice tout en gardant tous ses avantages pendant trois mois après la fin de son mandat excepté celui de l’habitation. Par ailleurs, pour être éligible à ce régime de retraite, le président devra obligatoirement avoir exercé pendant au moins une mandature complète et il devra renoncer à cette rente s’il perçoit un salaire d’une autre activité professionnelle rémunérée.

 

Il est à rappeler que l’ancienne loi de Ben Ali prévoyait que le président de la République bénéficie, dès la cessation de ses fonctions d’une rente viagère équivalente à celle allouée au président de la République en exercice mais aussi des avantages en nature dont bénéficie le président de la République en exercice dont, notamment :

 

– un logement meublé et les agents chargés de ses services, les frais de son entretien, les frais relatifs au téléphone, au chauffage, à la consommation de l’eau, du gaz et de l’électricité.

– les moyens de transport et les chauffeurs,

– les prestations sanitaires qui lui sont nécessaires ainsi qu’à son conjoint et à ses enfants jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans.

 

De son côté, la nouvelle loi, proposée par la présidence de la République, vient alléger ces primes et prévoit en plus d’une rente viagère équivalente au salaire d’un président en exercice:

 

- une prime de logement de 3.000 DT par mois

- une voiture de fonction (d’une capacité de 10 à 16 chevaux) avec chauffeur

- 500 DT mensuels de bons d’essence

- un agent de services

- les prestations sanitaires nécessaires pour l’ancien président mais aussi son conjoint et ses enfants mineurs. Ces soins seront à la charge des hôpitaux militaires ou des cliniques privées en cas d’empêchement.

- un service de sécurité à l’intérieur du territoire tunisien pour l’ancien président, son conjoint et ses enfants mineurs.

 

Lors des discussions, en commission, de ce projet de loi, des polémiques ont éclaté suite à une question posée par l’élu d’Ennahdha Ahmed Mechergui de savoir si ce projet de loi s'applique aussi à Ben Ali. « Imaginez s’il revient et réclame ces droits d’après cette loi », a-t-il demandé. En a-t-il légalement le droit aujourd’hui ? En réalité non, depuis l’ajout d’un nouvel article stipulant qu’il est exclu de ces avantages « tout président de la République ayant été condamné pour haute trahison, crimes contre l’humanité, torture, détournement de fonds publiques, faux et usage de faux ou désertion ».

 

Un deuxième article a, par ailleurs, été ajouté concernant la cessation de ces primes et avantages dans le cas où l’ancien président a été élu ou nommé pour exercer des fonctions publiques ou s’il a été prouvé qu’il exerce un travail rémunéré.

 

La nouvelle loi 44/2015 passera au vote demain à 9h devant les élus de l’ARP. Les derniers débats en commission prouvent qu’elle a toutes les chances de passer. La majorité des élus semble être d’accord pour dire adieu aux anciens avantages présidentiels et valider cette loi qui, certes permettra à l’ancien président de sortir dignement, mais plus dans l’exagération.

 

Synda TAJINE

 

07/09/2015 | 19:58
5 min
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Commentaires (23)

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Thoura
| 02-10-2015 11:21
Il y a quelques temps j'ai publié (en 2013 sur FB)les dépenses de l'état concernant les trés hauts fonctionnaires:ces dépenses ne sont pas si négligeables comme certains (et surtout ceux qu'on croyait "nationalistes") veulent nous en convaincre et même si c'est le car n'est-il primordial que ces personnalités devancent les autres pour donner l'exemple d'un certain DÉSINTÉRESSEMENT pécunier comme le font des responsables européens (si on veut faire la comparaison). Dites moi ces responsables et ces certains parlementaires sont ils conscients des difficultés du pays ou alors ils s'en....... ???

jamel
| 08-09-2015 18:11
La nouvelle loi fera économiser quelques millimes à l'Etat. Est-elle vraiment prioritaire alors que les lois sur les institutions constitutionnelles qui devraient être installées avant juin ou octobre 2015 n'ont pas été adoptées ? Est-elle plus favorable pour le développement et la prospérité que la loi sur les communes ou sur les élections locales ?... C'est du populisme ! Pour ne pas coller au poste, un président retraité devrait toucher des avantages meilleurs qu'un président en exercice.

Ben
| 08-09-2015 16:46
@Madame Synda TAJINE.
Tout le monde parle de respect des lois et des principes de la république,
Tout le monde critique les abus auxquels se livrait l'ancien régime,
Tout le monde appelle à condamner le despotisme, tant celui de L'État, que celui de ceux qui le représentent,
Tout le monde appelle à l'instauration d'un État de droit.
Mais tout le monde fait de sortes que toutes les lois de la république, ses principes et l'ordre qu'elle est censée consacrer soient bafoués.
Madame Synda Tajine nous avait, pourtant, habitué à des articles de fond, et non à des articles descriptifs sans position aucune sur les questions de principe comme celle que pose ce projet de loi, médiocre, auquel tout Homme, doté du minimum conscience, devrait s'élever.
Il s'agit, Madame, d'une question de principe qui dépasse, de loin, le conflit qui oppose ce député, ignare, comique et revanchard, à Ben Ali pour atteindre la réputation de toute la Tunisie, car toute atteinte à la sécurité juridique et aux principes élémentaires du droit couteraient très cher, demain, à un pays déjà détruit auquel aucun investisseur étranger ne fait désormais confiance.
Justement à cause de tels comportements débiles émanant de nos élus.
Et voilà que le despotisme continue de plus belle.

Arsène
| 08-09-2015 15:52
Si démesure, il y a celle-ci réside dans ce projet de loi qui bafoue tous les principes du régime républicain et ouvre la porte à toutes sortes d'excès censés avoir disparus à jamais.
Ce n'est pas avec un esprit revanchard qu'on fonde un Etat de droit

Mohamed Obey
| 08-09-2015 15:01
Un Président sortant ne devrait pas toucher plus que 4000 dinars par mois au maximum. C'est anti-démocratique qu'il reçoive une rente de 12 mille dinars par exemple (plus d'autres avantages et indemnités exorbitantes). Le meilleur Président qui exercé est celui de l'Uruguay, José Mujica Cordano_ un président hors du commun vraiment. Il n'a pas voulu se débarrasser de sa vieille coccinelle. Il a un maintenu et entretenu un rapport humain avec les hommes et les plantes de la terre...

Tounsi Beldi TH
| 08-09-2015 14:27
Quand on n'est pas d'accord avec un avis, on s'abstient de traiter son auteur d'ignare.
Voilà, et c'est malheureux , la démocratie ne vous a pas appris à respecter l'autre même si son opinion est différente. Alors ,lequel de nous deux est l'ignare?
A vous de deviner TMT.

Abel Chater
| 08-09-2015 13:53
L'ancien président de l'Union Soviétique Mikhaïl Gorbatchev arrive à gagner jusqu'à 300.000,- euros par conférence de deux heures seulement (600 mille dinars) en Allemagne ou aux USA. Il continue de briller dans les soirées à des tarifs élevés. En 2011, sa conférence donnée à Liège aurait été facturée 100 000 dollars, soit 400 euros (880,- dinars) la minute.
Ce truc de la publicité pour Pizza Hut, ressemble au même truc de l'ancien président polonais Lech Walesa, qui voulut retourner travailler électricien malgré la prime du Prix Nobel qu'il a encaissée. Il retourna à son ancien boulot comme électricien dans une grande firme étatique en Pologne. Ce qui fut bien sûr impossible, car, qu'on se figure un électricien travailler dans une usine, accompagné de quatre garde-corps qui veillent à ce que personne ne l'approche.

antireligion
| 08-09-2015 13:09
Gorbatchev
n'a jamais trahi quoi que ce soit ni pays ni personnes mais il avait fait le sale boulot un travail que personne n'a eu le courge de le faire il faut savoir que l'union soviétique est devenu obsolète mais personne n'a eu le courage de le dire et faire le nécessaire sauf GORBY si tu appelles ça trahison

antireligion
| 08-09-2015 13:01
sachant que chaque homme politique exerçait un métier avant qu'il soit dans la politique tout simplement on lui accorde une retraite équivalante à celle d'un retraité dans ce métier et arrétez les privilèges c'est indécent

Amor
| 08-09-2015 12:54
@Mondher
Les vainqueurs d'aujourd'hui subiront les mêmes pratiques mises en oeuvres à l'égard de Ben Ali.
Tous les avantages qu'ils s'accorderont leur seront retirés demain en faisant usage des mêmes subterfuges juridiques, laissez les continuer dans leurs bêtises.
L'arroseur sera bientôt arrosé.