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Tunisie – Ces ministres de la Troïka qui ne veulent pas partir
24/12/2013 | 1
min
Tunisie – Ces ministres de la Troïka qui ne veulent pas partir
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Aux dernières nouvelles, les différentes parties prenantes au dialogue national seraient parvenues à un accord à propos de nombreux points centraux pour pouvoir achever la dernière ligne droit du processus dans les meilleurs délais avant d’entamer le sprint final en cette dernière phase du processus transitionnel qui devrait être couronné par l’organisation d’élections législatives et présidentielle définitives, neutres, démocratiques et transparentes.
En sera-t-il ainsi alors que les voix continuent à s’élever réclamant le maintien de certains ministres sortants au sein de la future équipe gouvernementale ?

Suite auxdits accords, Mohamed Fadhel Mahfoudh, porte-parole officiel du Quartet et bâtonnier de l’Ordre des avocats tunisiens, a indiqué que le dialogue espère achever tous ses travaux avant le 14 janvier 2014, date symbole de l’anniversaire de la révolution.
Selon le même porte-parole, le dialogue national a recommandé à l'Assemblée nationale constituante (ANC) la révision de la loi 23 relative à l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) par l’amendement de certains articles. Ceci permettra la présentation des 456 candidats à la plénière sans passer par la sélection de la commission de tri des candidatures, et ce, afin d’éviter les recours auprès du Tribunal administratif.
Un accord de principe aurait été obtenu, impliquant les deux chefs du gouvernement (sortant et futur) et le président de l’ANC en vue d’un éventuel report de l’adoption de la loi de Finances afin de se concentrer sur l’achèvement de la nouvelle constitution. Mais la décision finale sur ce sujet est revenue à l’Assemblée constituante qui s’est prononcée contre un tel report.

Autre point essentiel convenu est le démarrage du compte à rebours pour la mise en place du nouveau gouvernement qui sera déclenché, demain mercredi 25 décembre, et devra s’achever, au plus tard le 14 janvier.
Parmi les autres points abordés, on citera, notamment, la révision des nominations partisanes pour garantir, au maximum, la neutralité de l’administration lors de la campagne électorale et le déroulement du prochain scrutin, sans oublier la nécessité de prendre les mesures adéquates afin d’assurer une « autre »neutralité non moins importante, en l’occurrence celle des mosquées et des établissements éducatifs.

Mais le processus prendra t-il un pareil cheminement ? Ce serait l’idéal, voire le rêve, car la réalité est toujours plus dure, dans le sens où plusieurs signes sont visibles démontrant que le gouvernement sortant cherche à s’éterniser le plus longtemps possible à La Kasbah, alors que de nombreuses déclarations laissent apparaître, clairement, l’attachement « maladif » de certains ministres à faire partie de la future équipe gouvernementale.

A commencer par Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur, qui a publiquement annoncé qu’il est prêt à rester au pouvoir si Mehdi Jomâa fait appel à lui. Des « fuites » se sont même multipliées pour le maintenir au département de l’Intérieur ou bien le nommer au poste de ministre de la Défense.
Avec Mehdi Jomâa, cela ferait, déjà, deux membres de l’ancien cabinet de la Troïka qui occuperaient les deux postes clés du prochain gouvernement. L’argument principal avancé est, d’abord, celui présentant M. Ben Jeddou comme étant indépendant. Ensuite, on le présente comme étant un familier des dossiers sécuritaires qu’il commence à maîtriser.
Mais on oublie que lors de son passage, il y a eu l’assassinat de Mohamed Brahmi, la recrudescence des actes terroristes à Jebel Châambi, avec le meurtre de huit de nos soldats, à Sidi Ali Ben Aoun, à Goubellat, l’attentat-suicide à Sousse…
C’est lors de son passage qu’on a enregistré de nombreuses zones d’ombre quant au déroulement des enquêtes sur toutes ces affaires ainsi que les sérieuses présomptions pesant sur l’existence de services sécuritaires parallèles sans que la vérité sur ce sujet ne soit dévoilée au grand public.
Samir Dilou, ministre des Droits de l’Homme et de la Justice transitionnelle, abonde dans le même sens en assurant que Lotfi Ben Jeddou devrait être maintenu à l’Avenue Habib Bourguiba.

Le ministre du Transport, le fougueux Abdelkrim Harouni, insiste, à l’instar du chef du parti islamiste, sur le fait qu’Ennahdha ne va pas quitter le pouvoir puisqu’elle dirige le pays à partir de l’ANC, autorité suprême et légitime, selon ses dires. Plus encore, il estime que plusieurs ministres du gouvernement sortant sont fort compétents et mériteraient bien leurs portefeuilles au sein du prochain cabinet.

Quant à Moncef Ben Salem, ministre partant de l’Enseignement supérieur, il n’a pas hésité à déclarer que son département a des spécificités délicates à un point tel qu’il ne peut souffrir d’un changement à sa tête dans l’état actuel des choses. « Il m’a fallu sept mois pour être au fait de la nature des problématiques du secteur, ce serait une aberration de nommer un nouveau ministre pour une durée totale de sept mois», dit-il en substance. Ce qui revient, selon cette logique, qu’il doit demeurer à son poste !

Abdelwahab Maâter, ministre du Commerce, pense la même chose en exprimant sa profonde conviction que les ministres actuels ou sortants sont excellents et ont effectué d’excellentes œuvres.

Noureddine Bhiri, ministre conseiller auprès du chef du gouvernement, a prononcé, dernièrement, une longue tirade sur le plateau de Nessma TV, énumérant les réalisations du gouvernement de la troïka : plus 12 mille projets de développement dont plus de cinq mille réalisés, des tronçons d’autoroute construits entre Sfax et Gabès et entre Béja et Le Kef, des centaines de milliers de postes d’emploi créés…

Tarek Dhiab, ministre de la Jeunesse et des Sports fustige les médias de la honte et les invite à visiter les centaines de stades et de salles couvertes construits à travers toute la Tunisie en l’espace de deux ans seulement, ce qui n’a pas pu être fait durant les 23 ans précédant la révolution…
A entendre parler de toutes ces longues listes d’acquis que tout le monde semble ignorer, on a l’impression de rêver ou de vivre dans un autre pays !

Faut-il écouter ces voix qui s’élèvent pour maintenir certains ministres dans le futur gouvernement ? Et pourquoi autant d’insistance sur Lotfi Ben Jeddou et sur son portefeuille de l’Intérieur ? Les analystes sont persuadés qu’un éventuel maintien de M. Ben Jeddou ouvrirait la porte à d’éventuelles reconductions d’autres membres du gouvernement sortant, d’où la nécessité de couper net à ces requêtes.
D’autre part, les mêmes observateurs expliquent la focalisation sur le ministère de l’Intérieur par cette crainte de voir certains dossiers sortir au grand jour en cas d’avènement d’un ministre, vraiment neutre et indépendant, car M. Ben Jeddou passe pour être, désormais, un proche d’Ali Laârayedh qui pourrait garder un œil sur ce département sensible qu’il n’a jamais voulu lâcher depuis l’arrivée de la Troïka et d’Ennahdha au pouvoir.

Autant dire que Mehdi Jomâa est appelé à faire du « neuf et du neutre » avec des personnes nouvelles et neutres, l’objectif final étant de redonner confiance aux politiciens, aux pays frères et amis et, surtout, au peuple tunisien.

Noureddine HLAOUI

Caricature : Mazhoudi
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