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La sécurité en Tunisie : Les raisons de s'inquiéter
27/02/2013 | 1
min
La sécurité en Tunisie : Les raisons de s'inquiéter
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Les Tunisiens sont submergés par l'actualité politicio-politique, relative à la formation du nouveau gouvernement, le remplacement du chef du gouvernement démissionnaire, les candidats aux portefeuilles ministériels…, sans oublier bien évidemment l'affaire de l'assassinat politique du leader de la Gauche, Chokri Belaïd, qui occupe l'esprit de pas mal de Tunisiens, en quête de vérité et de justice et dont les investigations ont connu plus d'un rebondissement.
Néanmoins, ceci n'a pas empêché la question sécuritaire de ressurgir de nouveau à la surface. En effet, avec la découverte de trafic d'armes, de dépôt d'armes dangereuses dans une zone urbaine à Tunis même et les nouveaux affrontements entre les forces de l'Ordre et les terroristes à Sidi Bouzid, en attendant de lever tout le voile sur les circonstances et les commanditaires de l’assassinat de Chokri Belaïd, le souci sécuritaire est, en effet, plus que jamais d'actualité.

Rappelons que vers la fin de l'année 2012, plusieurs événements se sont succédé impliquant des terroristes dans les régions montagneuses proches des frontières notamment à Kasserine et à Jendouba. Des affrontements, des tirs, des courses-poursuites causant même la mort d'un officier de la Garde nationale. Ces incidents n'étaient ni isolés ni les premiers du genre puisqu'il y a eu auparavant le cas de Rouhia en mai 2011, puis, le 1er février 2012, il y a eu des échanges de tirs entre trois individus et des agents de la sûreté nationale dans la localité de Toleb (la délégation de Bir Ali Ben Khelifa au gouvernorat de Sfax). Un soldat ainsi qu'un agent de la Garde nationale avaient été grièvement blessés lors de ces affrontements.

Il n'y a plus de doute, des troubles sécuritaires se sont produits et se produisent encore et représentent une vraie source d'inquiétude chez les Tunisiens quant à la menace terroriste sur nos terres.

En cette troisième semaine du mois de février 2013, nous avons eu droit à deux grands incidents qui donnent froid au dos. D'abord, on apprend auprès de sources officielles au ministère de l'intérieur que les unités de la Garde nationale du district d’Ettadhamen ont découvert, le 20 février courant, un dépôt rempli d’armes dans une maison dans la cité Aljomhouria, sis El Mnihla (gouvernorat de l’Ariana).

Après avoir procédé à une chasse à l'homme afin d'arrêter les responsables, les autorités compétentes ont présenté au grand public le détail des armes saisies. Il s'agit d'une dizaine de roquettes RPG et une dizaine de Kalachnikovs. Il a été de même précisé que l’opération de recherches d’armes a été menée au moyen de détecteurs de métaux et d’engins explosifs et a couvert plusieurs zones. A l'issue de l'intervention des unités de la Garde nationale avec le renfort d'unités spéciales de la Sûreté nationale, treize personnes ont été arrêtées dont onze se sont abritées dans la mosquée "Ennour" sise à la cité Douar Hicher, munies de plusieurs armes blanches. Six parmi les détenus étaient recherchés pour des délits de droit commun.

Deuxième affaire sécuritaire de la semaine, celle des affrontements survenus à Sabbalet Ouled Asker (gouvernorat de Sidi Bouzid) dans l'après-midi du 21 février 2013, entre des individus armés appartenant à groupes salafistes jihadistes, ayant provoqué un échange de tirs d'armes à feu avec les unités de la Garde et de l'armée nationales.

A ce propos, Khaled Tarrouche, porte-parole du ministère de l'Intérieur a annoncé vendredi 22 février 2013, que les agents ont réussi à arrêter un des trois suspects armés, les deux autres, sont toujours en cavale, dans l'une des mosquées de la région 'Oued El Khangua'. Bilan de ces confrontations: un agent de sureté blessé par balle au niveau de l'épaule.
M. Tarrouche a également indiqué que ce dernier incident est survenu suite aux opérations de ratissage et de recherches quasi ordinaires contre les groupements salafistes terroristes, dépendant d' Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI)

Il est à rappeler que Ali Laârayedh, toujours ministre de l'Intérieur du gouvernement démissionnaire, avait annoncé la découverte en décembre 2012, de ces groupes armés, dont une cellule installée à Kasserine portant le nom de "Brigade d'Okba Ibn Nafaâ" et formée de membres originaires de la région, jeunes pour la plupart. Cette cellule est, d'après le ministre de l'Intérieur, dirigée par trois Algériens et est directement liée à l'Emir de l'AQMI Abdel Mossâab Abdelwadoud. M. Laârayedh avait également précisé que certains membres de cette cellule terroriste étaient encore en cavale dans les montagnes Chambi. Il est donc fort probable que l'incident de Sabbalet Ouled Asker soit directement lié à cette cellule terroriste.
Le ministre de l'Intérieur avait, en outre, précisé que les forces de l'ordre et la Garde nationale avaient découvert un camp d'entraînement "théorique et pratique" en Tunisie, mais qui se distingue par des activités non bruyantes, telle que le démontage d'armes, le codage, la fabrication de bombes artisanales, l'entraînement physique ...

Par ailleurs, le ministère de l'Intérieur avait révélé l'intention de ces terroristes de créer, en Tunisie, un vrai camp sur les frontières, l'instauration du jihad et l'imposition de la Chariâa islamique. Ce camp se trouverait dans la montagne Chambi et serait, également, lié à une autre cellule implantée à Aïn Draham. Il est fort probable, d'après des sources sécuritaires officielles, que les armes retenues lors des événements de Bir Ali Ben Khalifa aient été destinées à la formation du camp projeté à Kasserine. "Il s'agit des mêmes armes, mêmes techniques, même codage ..."
Y a-t-il un lien direct entre les membres de ces cellules et le mouvement salafiste "Ansar Al Chariâa"? Le ministère de l'Intérieur n'est pas très explicite mais n'écarte aucune possibilité.
On peut se demander s'il y a également un agenda politique derrière les opérations menées par les salafistes, ou encore s'il y a une volonté de diversion, à cause du timing intriguant de ces opérations, mais on ne peut avoir de réponse formelle, ni même claire.

Seule certitude, c'est qu'avec ces troubles, notre économie va mal, les touristes nous désertent et le Tunisien continue à ressentir l'insécurité et à redouter le pire. C'est vraisemblablement, le but de ces groupements qui visent à déstabiliser le pays en y créant cette psychose de peur et de méfiance.

Dorra Megdiche Meziou

27/02/2013 | 1
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