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Immobilier en Tunisie : A quand la fin d'une politique défaillante ?
11/04/2011 |
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Immobilier en Tunisie : A quand la fin d'une politique défaillante ?
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Le secteur de l’immobilier, une aubaine pour les investisseurs étrangers mais également tunisiens, désirant tirer profit d’un marché fleurissant.
En Tunisie, comme partout dans le monde, le secteur se présente comme l’un des plus attractifs et rentables. Et pour cause, une certaine vision sociale qui suppose qu’être propriétaire d’un logement est un gage de sécurité à long terme.
Les investisseurs n’ont pas manqué cette occasion. En effet, on a été témoin ces dernières années d’un gonflement du nombre des promoteurs immobiliers privés : 2040 actifs et reconnus par l’Etat, sans compter ceux qui exercent leur activité sans déclaration, et parfois sans autorisation.


En 2010, ces promoteurs ont construit 78% de l’immobilier programmé pour l’année, dont 62% dans le Grand Tunis.
Cependant, à l’instar des autres revendicateurs, ils briguent le sauvetage du secteur, dénonçant une situation de plus en plus difficile, surtout après la révolution.
Selon Chokri Keskes, président de la Chambre syndicale des agents immobiliers, les statistiques officielles, communiquées chaque année, ne sont pas fiables, et sont difficilement vérifiables, même auprès de l’Observatoire national de l’habitat.
En fait, les chiffres déclarés annoncent que 35 mille logements sont actuellement construits et non vendus, auxquels s’ajoutent chaque année quelques 15 mille supplémentaires. De quoi donner le vertige à n’importe quel promoteur, qu’il soit privé ou public. Est-ce un secteur obsolète ?

Citons également la baisse des ventes, due à la révolution, ainsi que le nombre des logements achetés et non occupés qui s’élève à 426 mille, et qui devraient, normalement, participer à la réduction des prix de l’immobilier. Pourtant ce n’est pas ce qu’on remarque sur le terrain. En effet, au moment où on évoque une chute des prix de l’immobilier au Maroc, à cause des révolutions qui secouent l’Afrique du Nord, les prix dans les pays les plus concernés, notamment la Tunisie, demeurent invariables, ou même dans certaines zones, en augmentation.
La Tunisie, leader actuel en termes de révolution, demeure bien loin sur le plan de l’immobilier.
En effet, les prix sont en hausse continue depuis 2007. Ceci est dû, selon Néjib Snoussi, cadre au ministère du Transport et de l’Equipement, à l'envolée des prix des matières premières observée particulièrement depuis le début de l'année 2006, et se poursuivant jusqu’en 2010.

Pourtant, et malgré les difficultés par lesquelles passe le secteur, le ministère se déclare bel et bien présent pour le soutien et l’encouragement des investissements privés dans ce secteur.
Des procédures facilitatrices ont été mises en place, depuis des années, pour attirer les investisseurs immobiliers étrangers. Le résultat ? Que des grands projets, à savoir celui du « Monaco tunisien » à la Marsa du groupe « Pearl Luxury Group », « Tunis Sports City » du groupe émirati « Boukhatir » et bien d’autres œuvres en milliards de dinars.
Mais en fait, qu’a fait l’Etat pour promouvoir l’investissement immobilier tunisien ?
Les investisseurs tunisiens se plaignent, comme on l’a détaillé un peu plus haut, de la hausse des prix des matières premières, mais également de la lourdeur administrative et de la lenteur des procédures d’accord d’autorisation de construction.
Certains investisseurs attendent, en vain, depuis plus d’un an leurs autorisations, selon Maître Nejib Fekih, avocat à la Cour de cassation.
Il ajoute qu’après l’indépendance, l’autorisation du gouvernement a été exigée pour l’acquisition du logement pour les Tunisiens et les étrangers, pour être supprimée par la suite. Actuellement, le marché de l’immobilier demeure ouvert aux étrangers et les non résidents acquièrent depuis des années, des terrains dans les zones touristiques et industrielles de tout le pays. Une nouvelle forme de colonialisme ?

C’est peut être pas faux à 100% puisque au moment où un étranger s’accapare des meilleurs terrains et des plus belles constructions tunisiennes, le tunisien trouve de plus en plus de difficulté pour acquérir un logement. Le témoignage d’un ingénieur assistant à la table ronde organisée le mardi 29 mars 2011 au CEPEX, à l’initiative de l’éditeur du Guide de l’Immobilier Invest Consulting NA, est une preuve vivante de ce qu’on avance.
En effet, ce jeune actif depuis 10 ans contre un salaire de 2000 dinars, soit 9 fois le SMIG en Tunisie, n’arrive toujours pas à devenir propriétaire d’un appartement. Pour cause, les prix « gonflés » de l’immobilier en Tunisie, que ce soit pour la vente ou la location.
Nous nous demandons alors comment un citoyen, ayant un salaire de 500 dinars (salaire moyen d’un cadre en Tunisie), arrive à vivre dans ces conditions ? Et d’autre part, qu’en est t-il des efforts déployés pour faciliter l’acquisition par les particuliers tunisiens d’un logement ?

Les citoyens tunisiens demanderaient plus de facilités au niveau des procédures d’obtention des crédits, des taux d’intérêt plus bas ainsi que des échéances de paiement plus larges.
Une aubaine irréalisable pour les Tunisiens ? Peut-être, mais le cas échéant, ne serait-ce pas une ligne directe vers une mini crise de subprime à l’américaine ?
En effet, cette crise qui touche le secteur des prêts hypothécaires à risque aux États-Unis depuis le second semestre de l’année 2006, s’est vue propager par la suite à d’autres pays développées, notamment la France. Mais les pays comme la Tunisie, bien qu’ils ne semblent pas être menacés, se trouvent actuellement devant une situation bloquée.
D’une part, des citoyens en rage contre les stratégies bancaires à bénéfice unilatéral, des crédits inaccessibles et des promoteurs immobiliers, selon eux, souvent arnaqueurs. Et d’autre part, des investisseurs immobiliers paralysés par des procédures législatives lentes et pesantes, des matières premières en augmentation continue et une effervescence de promoteurs immobiliers, causant un stockage élevé de logements invendus.

Notons également qu’en Tunisie, il n’existe pas d’organismes s’occupant de la résolution des problèmes entre ces deux parties.
Une question se pose ; à quand la fin de cette politique défaillante ?
11/04/2011 |
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