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La solidarité d'Ennahdha mise à l'épreuve
22/08/2018 | 17:59
5 min
La solidarité d'Ennahdha mise à l'épreuve

Organisé, discipliné et solidaire, tels sont les adjectifs couramment utilisés pour décrire le parti islamiste Ennahdha. Or, on assiste ces derniers jours à une série de déclarations et de positions s’opposant à la réputation ancrée du mouvement. Serait-ce le début d’une véritable crise ou juste une tempête passagère ?

 

Les scissions et les divisions sont devenues monnaie courante touchant un nombre important des partis politiques, si ce n’est la majorité écrasante. Les raisons sont multiples et variées, divergences des points de vue, guerre des alter-égos ou encore pour des considérations électorales. Peu importe les causes directes ou indirectes, les répercussions sont immédiatement perçues sur le paysage politique.

 

Cela dit, l’unique parti qui est sorti du lot est celui d’Ennahdha. Le mouvement islamiste a réussi à maintenir son unité et ses rangs ont toujours été serrés. Connu pour sa discipline exemplaire et l’application, aussi bien des dirigeants que celle des bases, Ennahdha a su donner la bonne image d’un parti politique solidaire, imperturbable.

Toujours est-il, il n’échappe à personne qu’il existe des divergences et des tiraillements au sein de ce parti. Des conflits internes, concernant la direction, les orientations et la structuration, ont été tus par les grands barons d’Ennahdha. Le linge sale du parti n’a jamais été étalé en public, les différents problèmes débattus sont discutés en interne et dans les chambres closes.

 

Sauf que cette démarche stricte, n’a pas pu tenir aussi longtemps. Les faucons du parti islamiste ont commencé à se révéler au grand jour à travers des déclarations médiatiques et des statuts massivement partagés sur les réseaux sociaux. Un pas entamé, plus particulièrement, à la suite de la publication du rapport de la Commission des libertés individuelles et des libertés et l’annonce du président de la République concernant la soumission du projet de loi sur l’égalité successorale au parlement. Cette polémique a encouragé, les plus conservateurs, à se prononcer en réaffirmant le référentiel religieux du parti.

 

Dans ce contexte, l’échange virulent des déclarations médiatiques, entre Mohamed Ben Salem et Lotfi Zitoun est un exemple de l’éclatement de la crise idéologique au sein d’Ennahdha. En effet, Mohamed Ben Salem avait indiqué, le 13 août 2018, que Lotfi Zitoun fait cavalier seul et ne représente pas le courant réformiste au sein du mouvement. « Heureusement que je ne partage pas les mêmes positions que Lotfi Zitoun. Cela ne veut pas dire qu’Ennahdha est divisé, mais qu’il y a une diversité saine et nécessaire à son développement », indique Mohamed Ben Salem.

Connu pour ses positions progressistes, en ce qui concerne plusieurs points, notamment, le rapport de la commission des libertés individuelles et de l’égalité, Lotfi Zitoun, a répondu aux critiques dirigées contre lui par Mohamed Ben Salem. « On veut créer une police d'opinion au sein d'Ennahdha!" a écrit-il sur son mur, dans la soirée même. Il a, également, saisi l’occasion pour dénoncer une tentative de « déformer la vérité », tout en affirmant que des dossiers internes encore en cours de débat au sein du parti ont été pourtant rendus publics par certains.

 

Toujours, suivant le même courant, Seïf Ben Salem, fils du dirigeant nahdhaouis, Moncef Ben Salem a publié un statut incendiaire contre « les dirigeants revenant de l’étranger », dénonçant leur position « étrange à la société ainsi qu’à la religion islamique ». Toutefois, il s’est attaqué à l’un de ces dirigeants sans citer le nom, l’accusant de corruption matérielle et de suspicions morales et éthiques. « Certains de ces dirigeants sont revenus en Tunisie avec une politique étrange et une fortune douteuse, dont l’origine est suspecte. Il est temps d’ouvrir ce dossier et de mener une enquête », a-t-il indiqué rappelant que l’un des proches de ce dirigeant est impliqué dans une affaire de mœurs et dont les victimes se comptent par dizaines. Seïf Ben Salem a, également accusé « ce dirigeant » de complicité avec ce proche « malade » en cachant ses crimes.

 

Ce statut, massivement partagé sur les réseaux sociaux, a créé une véritable polémique dans les rangs d’Ennahdha, d’autant plus que plusieurs personnes ont déduit que le chef du bloc parlementaire d’Ennahdha, Noureddine Bhiri était « le fameux dirigeant » visé par Seïf Ben Salem.

Les pressions étaient, donc, si fortes que le jeune procède à la suppression de ce statut affirmant qu’il a eu des promesses pour l’ouverture d’une enquête à ce sujet. Il a, également, assuré qu’il révélera toute la vérité autour de ce dossier.

 

Abdellatif Mekki, a, également, suivi le courant des scandales, lors de son intervention sur le plateau de Midi Show où il a dénoncé les mécanismes de gestion du mouvement, ainsi que le système de prise des décisions.

M. Mekki a mis en garde contre l’instauration d’une dictature au sein du parti, estimant que la situation est dangereuse, et qu’il est temps de changer les mécanismes en place afin d’éviter la déviation. Une situation qu’il a décrite en établissant un parallèle entre Rached Ghannouchi et Habib Bourguiba, rappelant que ce qui a fait tomber Bourguiba était sa mainmise sur le PSD.

 

En tout état de cause, Ennahdha demeure l’unique parti organisé, maîtrisant la scène actuelle. Tous les indices et les facteurs conjoncturels indiquent qu’il est le parti le mieux préparé pour les élections de 2019. D’ailleurs, ses résultats réalisés lors des dernières municipales témoignent du grand travail effectué. Cependant, les plus conservateurs semblent perturbés dès le moment où l’on commence à toucher à leurs sacrés, le référentiel religieux, bien que dissimulé refait, toujours, surface. Les grands barons réussiraient-ils à absorber la colère et la vague de rébellion en perspective?

 

Sarra HLAOUI

22/08/2018 | 17:59
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Commentaires (22)

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BORHAN
| 27-08-2018 18:19
"il mange le fruit et critique son producteur".
cet adage s'applique parfaitement à la situation que vit un parti "politique" comme Ennahdha et ce, depuis des années.
A mon avis, tous ceux qui critiquent ce parti à tout va, surtout ces intellos déboussolés, le font soit par de mauvaise foi, soit par maque de maturité.
Tout le monde le sait, ce parti est tout sauf un parti politico-religieux et il faut certainement remonter aux années 70, création de le MTI, pour décoder et comprendre cette stratégie qui s'avère payante après des années de lutte contre deux despotes qui ont contribuer à bloquer la société durant plus d'un demi siècle.
En effet, la société tunisienne dans son ensemble n'a jamais été aussi libérale, déstructurée,...voire en crise de valeurs que sous la gouvernance de ce parti Ennahdha.
Les Nadhaouis s'avèrent de redoutables "boulitics" qui ont su s'adapter à toutes les situations, de Bourguiba à la "médiocratie" actuelle en passant par l'énigmatique Ben Ali.
Les Nahdhaouis, durant leur exile ont su se constituer un capital redoutable qui repose sur la constitution de fortunes foncières diverses et de bagages politiques bien ficelés.
Les Nahdhaouis, se servent de ces deux atouts majeurs pour nous gouverner en toute quiétude alors que la caravane des gauchistes et autres orphelins de la destourie aboient sans retenue.
avec cette intelligence incroyable Ennahdha nous prends en otage en toute légalité "démocratique" en agissant en arrière plan mais demain elle sera forcément le maître absolu de notre pays.
En dépit de la petitesse de notre pays, chaque jour nous apporte son lot de faits politico-divers , histoire de nous occuper et de nous divertir en douceur.
Vive la fausse révolution du 14 janvier 2011 qui nous permet d'avancer à reculons et de nous auto-détruire à petit feu.
Et, la dernière blague c'est celle de l'héritage...qui est surtout destinée à s'attaquer à la famille, cette cellule de base de la société, et à ses fondements.
Enfin ,je rappelle que sous le "mal -aimé" Ben Ali notre religion et toutes nos valeurs arabo-islamiques étaient mieux et plus protégées qu'aujourd'hui.
Triste de mon pays.

Mustapha citoyen
| 26-08-2018 21:03
Ghannouchi avait déclaré en décembre 2012 que BCE est le représentant de la contre révolution. Aujourdhui c'est son allié contre tous , il est prêt à le soutenir même contre les recommandations des versets coraniques. avec le "trés progressiste et moderniste" lotfi zeitoun come il l'avait fait pour blanchir les serviles serviteurs de ZABA contre l'intérêt du pays. Ce qu'affirme SEif ben salem est la partie visible de l'Iceberg. Allez voir ce qu'avait fait le puissant lobbiste machiévalique Noureddine Bhiri de la justice je défie n'importe quel analyste de déchifrer les propos des nahdahouis surtout aprés l"alliance stratégique de BCE et Ghanouchi.

l'étrangère
| 25-08-2018 13:34
merci pour le titre du livre par Mary Beard. Voilà un autre d'elle très interessant et actuel!

https://www.amazon.fr/femmes-pouvoir-Mary-BEARD/dp/2262075816/ref=sr_1_4?s=books&ie=UTF8&qid=1535200296&sr=1-4&keywords=mary+Beard

hourcq
| 24-08-2018 12:18
'?'. prétend que les hammams seraient une invention arabe alors que, s'il est vraiment tunisien, il aurait dû visiter les thermes d'Antonin à Carthage qui sont les plus grands de l'empire romain après ceux de Rome. Et pour sa gouverne, ces thermes étaient divisés en trois parties: le caldarium (partie chaude) pour la sudation, le tepidarium (partie tiède) pour le décrassage et les massages et enfin le frigidarium(partie froide) pour le repos et la causette, exactement comme les hammams qui les ont imités.. Quant au papier hygiénique que l'on trouve dans les toilettes, il est bien plus sain qu'un jet d'eau qui répand de la m.....partout à tel point qu'on hésite à rentrer dans des toilettes en Tunisie, même dans des lieux supposés haut de gamme, tant elles sont repoussantes de saleté. De quoi attraper tout un tas de maladies!

tunisien
| 23-08-2018 19:51
j'espère que ces c... disparaitrons à jamais de la scène politique tunisienne

Abel Chater
| 23-08-2018 17:30
Réponse à @Ek

Aïdek mabrouk wè Snines daymè, santé bonheur et joie à vous et à toute votre famille.
Merci beaucoup pour les fleurs et encore mille mercis pour avoir eu la patience de me lire.
Bonne soirée.

rz
| 23-08-2018 16:04
Tous ces bruits de botte ne font pas dresser les poils sur la tête du gourou car il les a prévenu que tout un chacun quitte le Parti et quelque soit sa personnalité se retrouvera seul et devient insignifiant. Cela est bien compris par tous les nahdhaoui et grâce à ce principe, ils raflent toutes les élections même à petit nombre face aux autres qui se présentent aux élections dans le désordre.
Espérant d'ici à l'échéance de 2019, les progressistes auront retenu la leçon et que nahdha prendra sa juste place (autour de 15% max)!

Lekkteur
| 23-08-2018 15:28
Charles Martel était juste dans l'extrait du livre d'Hitler. Le sujet de mon article ou la question était pourquoi les fascistes gravitent autour de l'Islam. Charles Martel est parti Hitler aussi mais les néo-fascites ceux avec grand sourire, tout doux et même défenseurs des droits de l'homme eux sont là, aiment les idées de l'Islam et le poussent fort. C'est pour ça que je me suis demandé pourquoi les méchants criminels gravitent-ils autour de l'Islam.

Ek
| 23-08-2018 14:14
Avant tout Aidek Mabrouk à vous et a tous les musulmans de la planète.
MAGNIFIQUE!
Votre commentaire est excellent.
'?a fait vraiment plaisir de vous lire.
Sans commentaires..

A4
| 23-08-2018 12:49
LA PIEUVRE
Ecrit par A4 - Tunis, le 05 Novembre 2017

La pieuvre noire est moribonde
Elle n'en a plus du tout pour longtemps
Elle est gluante, nauséabonde
Comme l'eau fétide d'un étang

Elle est obligée pour survivre
De s'amputer quelques tentacules
De jeter au feu tous ses livres
Et mettre à l'heure ses vieilles pendules

Mais ses horloges usées sont rouillées
Bloquées dans des époques anciennes
Et rien ne sert de les chatouiller
Il n'y a plus d'aiguilles qui tiennent

Elle suffoque dans son marécage
Et ça fait longtemps qu'il n'a pas plu
Qu'il n'y a plus perles ni coquillages
Que les eaux du golfe n'arrivent plus

De temps à autre elle rejette un doigt
Le plus malade ou le plus pourri
Cela n'empêche qu'elle est aux abois
Les yeux tristes et la peau flétrie

Elle est même rejetée par les siens
Par ses amis et ses grands maîtres
Elle n'a plus presque aucun soutien
Pour la sortir de son mal-être

Vous la voyez étalée à terre
Répugnante comme un vieux torchon
Faisant en cachette des prières
Pour invoquer diables et démons

Son mal incurable la dévore
Va la jeter un jour dans le trou
Avec ses doigts assassins, ses cors
Et sa sale tête de gourou