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Les absences des fonctionnaires coûtent près de 585 millions de dinars par an !
10/05/2016 | 19:59
6 min
Les absences des fonctionnaires coûtent près de 585 millions de dinars par an !

Dans les administrations et les institutions publiques tunisiennes,  les absences des fonctionnaires désorganisent les services, pèsent sur nos finances et créent un mécontentement grandissant chez le contribuable.

Suite à la publication de nouveaux chiffres indiquant que l’absentéisme lié aux congés maladie de longue et courte durée fait perdre 2,7 millions de jours de travail à l’Etat, le débat controversé de l'absentéisme dans la secteur public a été lancé.

Kamel Ayadi, ministre de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption  s’est penché sur ce fléau endémique de l’absentéisme au bureau pour tenter de l’expliquer et d’y remédier.

Lundi 9 mai 2016, une campagne de sensibilisation a donc été entamée pour faire un état des lieux de cette absentéisme dans la fonction publique, sensibiliser les employés  à la valeur travail et contrôler et punir les absences abusives.

 

 

Dans une volonté de lutte contre l’absentéisme dans la fonction publique,  le ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption a annoncé  le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation des fonctionnaires du service public à la valeur travail qui durera tout au long des mois de mai et juin 2016.

 

Kamel Ayadi, instigateur de cette campagne s’exprimant sur les ondes de Shems Fm hier lundi 9 mai a déclaré que : « La situation actuelle ne peut pas continuer… l’État a fait tout ce qu’il faut et a augmenté les fonctionnaires», il a soutenu que la masse salariale dans le secteur public représente 45% du budget de l’État et 14% du PIB. Les absences justifiées, pour maladie de longue ou courte durée, coûtent quant à elles 2% du budget de l’Etat, soit près de 585 millions de dinars. Et d’ajouter "il y a des absences qui sont justifiées et d’autres qui ne le sont pas".

 

La campagne prônée par Kamel Ayadi s’articule autour de deux phases distinctes, une phase constructive  par la voie de la sensibilisation et de la formation et une phase punitive prenant la forme de  contrôles et visites inopinées. La campagne de sensibilisation a pour but de rapprocher l’administration et ses employés.

La campagne concernera 630.000 fonctionnaires et 20 administrations et institutions publiques.

 

Faouzi Marrouchi, conseiller des services publics à la présidence du gouvernement, s’est exprimé sur le sujet et a indiqué  que la campagne a pour objectif de réhabiliter la valeur travail au sein de la fonction publique mais s’adresse aussi aux contribuables. La campagne va leur permettre un meilleur accès à l’information. Il a indiqué dans l’émission de Meriem Belkadhi 24/7 que les relations entre l’administration et l’administré sont très tendues. Conflits, mécontentements, attentes trop longues dans les institutions publiques de l’Etat, carence de l’administration dans la communication d’informations aux citoyens, guichets vides sont autant de problèmes récurrents dans la vie du citoyen tunisien. C’est aussi à cela que tentera de répondre la campagne de sensibilisation émanant du ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption.

 

Nizar Ben Sghaïer, directeur de l’administration centrale au sein du ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption a évoqué la multitude de problèmes auxquels est confrontée l’administration publique comme la mauvaise répartition des agents et employés au sein des institutions publiques mais aussi au sein des ministères. Selon lui, le dispositif d’affectation des employés à leurs taches est défectueux : «  Certains ministères sont en manque d’employés alors que d’autres disposent d’un nombre d’employés dépassant leur besoin ». 
Selon lui, la valeur travail doit être réhabilitée et la présence passive des employés doit être punie.

 

Concrètement, la campagne de sensibilisation s’adresse à 20 institutions et administrations publiques telles que la SONEDE, la STEG, l’ETAP, la SNCF.  

 

Suite à la publication du chiffre de 2,7 millions de jours de travail perdus par l’administration publique pour cause d’absentéisme des employés, des voix se sont élevées pour analyser le sens de ce chiffre.

 

L’élaboration des statistiques mettant en relief l’absentéisme des employés de l’administration publique pour cause de maladie longue et courte durée démontre l’existence d’une variété d’abus au sein de l’administration publique mais ce chiffre reste critiquable.

En effet, comme l’a fait remarquer  Abdelaziz Kotti, député et porte-parole de Nidaa Tounes durant l’émission 24/7 de Meriem BelKadhi, le chiffre de 2,7 millions de jours perdus par l’administration publique est arbitraire et non fiable.

Le fait que le chiffre émane du ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption engage sa responsabilité. Il déclare que ce chiffre ne prouve rien et qu’il crée la confusion : « Ce chiffre finalement se retourne contre le ministre lui même, preuve que le problème est ailleurs ». Il faut donc recadrer les chiffres et les nuancer.

Durant l’entrevue, il a indiqué que la superstructure de l’administration doit changer et la question du bonheur au travail soulevée, rappelant  qu’il est impératif de laisser intacte la réputation de l’administration et qu’il faut poursuivre ces campagnes de sensibilisation à la valeur travail.

 

 

M. Kotti a également indiqué qu’il existe une volonté secrète du gouvernement de répondre à un objectif sous-jacent de réduction des dépenses publiques par la voie de cette campagne de sensibilisation.

Sur ce point, l’expert en économie, Mourad Hattab, a partagé ses craintes avec Abdellaziz Kotti et a indiqué que si tel est le cas alors le fait du prince de l’administration est avéré.

 

Mourad Hattab a pour sa part rendu hommage à l’administration tunisienne en dénonçant l’idée répandue selon laquelle l’administration tunisienne est un frein à la croissance. Selon lui, l’administration est garante des droits des citoyens même si l’aspect bureaucratique reste présent. Il faut mettre fin à l’acharnement et à la diabolisation de l’administration et se poser des questions sur la fiabilité des chiffres émanant du ministère. « Il ne s’agit pas juste de balancer des chiffres mais surtout de donner des preuves ».

Il a nuancé le débat en indiquant que la campagne menée par Kamel Ayadi est légitime mais qu’il faut également se poser la question des conditions de travail et de la pénibilité au travail dans la fonction publique.

 

 

Fethi Chemkhi , député au sein du parti Front Populaire a pour sa part indiqué que les travailleurs de la fonction publique ne sont pas des automates, les absences justifiées sont normales.

Il a soutenu l’hypothèse selon laquelle ce chiffre de 2,7 millions de jours perdus par l’Etat et mettant en cause la fonction publique dénote d’une volonté de créer la discorde et le conflit entre l’administration et ses employés. « Cette idéologie doit prendre fin » a t-il martelé

Se questionnant sur la pertinence du débat mené par Kamel Ayadi, le député du Front Populaire a indiqué : « Pourquoi ne parle-t-on pas plutôt des 700 mille chômeurs tunisiens ? »

 

 

La campagne de sensibilisation pour réhabiliter la valeur de travail soulève donc plusieurs problématiques. Même si la plupart des intervenants sont d’accord sur la portée positive de cette campagne, il apparait néanmoins que la gouvernance tunisienne cherche à répondre à d’autres impératifs que celui de sensibiliser les travailleurs à la valeur travail.

La question principale qui devrait émerger de ce débat est comment aider les employés à mieux travailler et  comment favoriser l’émulation dans la fonction publique.

 

Khawla Hamed

10/05/2016 | 19:59
6 min
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Commentaires (15)

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S.citoyen
| 12-05-2016 19:48
je crois que tu n'as rien compris .est ce que tu as vu durant ta vie un chef service acheter des voitures pour les agents qui travaillent avec lui .j'ai dit que les voitures sont entre les mains des sous directeurs , des directeurs et le patron de cette administration avait 3 voitures pour ses affaires personnelles les vieilles voitures restent pour les services .Tant qu'on a pas supprimées ces voitures de fonction , ça reste toujours comme ça

hakim
| 12-05-2016 09:30
Un ministre qui parlait matin soir dimanche tout soir et avant matin...de la corruption et des ratios d'impact de la malversation sur le taux de croissance et le gâchis de poste d'emploi...sitôt ministré il a laissé à côté la pertinence des ratios et commence à flanquer des chiffres dans l'absolu et dans un repère non normé!!
Il a mis à côté le sens de l'analyse globale des motifs sous jacents à cette situation...il s'est lancé dans une campagne de diabolisation "enroulé dans la farine" des sieurs qui veulent préserver leurs intérêts bourgeois ou pseudo-bourgeois...et parler à la populasse de la tour d'ivoire leur prônant une belle campagne d'éveil de conscience ...avant de ne les réduire à leur VRAIE Valeur ...celle du bâton et du fer....pour les redresser et les mettre dans le four s'il le faut...
Ce ministre fait semblant de ne pas connaitre que l'absenteisme la corruption et tous les maux sont une émanation d'un systéme politique infiltré par les opportunistes et les réseaux mafieux qui utilisent les fonctionnaires â travers leurs chefs aliénés pour faire tourner leur business et commerce...
ces réseaux persécutent et écarent les responsables sérieux qui veulent mettre l'ordre et les regles de transparence dans leur champ de compétence...
Et si avant 14 janvier ces pratiques étaient limités à un certain réseau connu...actuellement les réseaux se multiplient et c'est la connivence qui règne...au détriment de l'interêt des entreprises et des administrations...
Il y a lieu donc Mr le ministré de voir les choses de façon non baclée et entreprendre de réelles mesures sérieuses au niveau des systèmes de gouvernance: impliquer les employés et les cadres dans la conception et la gestion du devenir de leur entreprise, exiger plus de transparence, etudier en profondeur les plans de carrière, revoir les systemes de motivation, revoir l'ouverture des organismes de gouvernance aux emplyés...
Eviter le plat de ojja ou essihaien tounsi rapide des gargotes.

YALLATTIF
| 12-05-2016 08:21
Monsieur vous parlez des détails, en plus vous êtes chef de service vous aurez du encadrer ces femmes en plus trouver des solutions pour les problèmes de déplacement, en tout cas je parle des détails mais finalement je reviens sur les compétences qui n'existe plus,et ou ils sont coffrés.

S.citoyen
| 11-05-2016 19:50
j'étais chef de service dans une administration locale technique , j'avais parmi les agents 4 femmes qui n'avaient pas une formation technique , mais ont atterri là pour des raisons sociales , les 4 viennent le matin jusqu'à la sortie , elles ne faisaient rien , et ce ci a duré plusieurs années D'autres agents viennent mais , leurs travail nécessitent des moyens de déplacements , ces moyens sont des voitures , hors ces voitures n'existent pas , car les responsables d'un niveau plus élevé accaparent ces moyens pour leurs affaires personnelles

Un Tunisien qui sourit
| 11-05-2016 18:23
La solution au problème d'absentéisme des fonctionnaires ainsi que celui de la corruption de l'administration et de la police est vraiment très simple. Il suffit de mentionner clairement dans les médias et par des affiches dans les administrations qu'il est totalement permis et légal de filmer tout ce qui se passe et de publier tout abus des fonctionnaires. C'est le cas par exemple aux USA et on voit de milliers de vidéos qui dénoncent les abus. D'ailleurs en Tunisie on a tous tendance à penser qu'il est interdit de filmer des policiers alors qu'il n'en ait rien. La loi Tunisienne permet de filmer les policiers. Uniquement les casernes militaires sont interdites à filmer et c'est généralement clairement mentionné par de nombreuses affiches qu'il y a interdiction de filmer. Les administrations sont aussi des endroits publiques et les agents derrière les guichets sont là pour servir tout le monde et n'ont pas à interdire le fait d'être filmés durant leur travail.

YALLATTIF
| 11-05-2016 17:33
Et combien coute les présents qui sont absent, peut-on savoir le ratio de cette catégorie qui est plus grave que les absences déclarés. Il existe une 3 catégorie qui sont présent dans leurs bureaux, mais absent dans leurs rendements. Finalement on récolte ce qu'on a cultivé pendant ces 02 décennies.
La marginalisation des compétences, le laisser aller, l'administration est devenue un refuge pour les incompétences et les proches et la valeur du mérite n'existe plus il faudra des décennies pour rebâtir, démolir c'est facile, est ce que vous avez oublié ce que ZABA a fait, il a écarté tous les grandes gueules « les compétences » pour ce réjouir des procédures administratifs et faire ce qu'il veut lui et son entourage. Après la révolution le nombre des employés a augmenté sans contrepartie de rendement.

Poisson du jour
| 11-05-2016 16:05
le problème d'assiduité de l'administration tunisienne et bien plus profond qu'on ne le pense il est relié à plusieurs autres facteurs sous-jacents une surpopulation au niveau des administrations sous prétexte de " rôle sociale de l'état ", un non suivi des performances des administrations publiques sous prétexte " de manque de moyens " et enfin un lobbying des fonctionnaires de l'état qui s'agrandit de jour en jour ... et j en passe . Le gouvernement doit repenser ça politique de gestion de l'administration publique quite à privatiser certaine ou tout simplement passer à une administration en ligne plus efficace qui ferait sans doute gagner du temps et de l'argent à tout le monde

CHB
| 11-05-2016 11:42
Si j'étais a la place du chef du gouvernement , une liste de jour d'absence par employer sera faite par établissement et par ministère et celui qui accumule plus d'absence sans rendement sera mis a la porte mais Tant qu'on pas pas de manager responsable , le cas restera a ce niveau a jamais

A4
| 11-05-2016 10:56
La fonction publique est une oeuvre de charité.

DHEJ
| 11-05-2016 09:29
Ce Kamel AYADI heureux d'etre ministre, nous pond le chiffre de 585 millions de dinars et à l'image de ses fonctionnaires il "absente" un mot important à savoir le cout de l'absence est-il direct ou indirect???


en Kamel AYADI est lui un fonctionnaire... il dit ce qu'il veut et absent ce qu'il veut...

Charité!