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La Fédération des TIC tire la sonnette d'alarme : «Petites mesures et beaucoup de populisme» !
06/03/2016 | 15:59
6 min
La Fédération des TIC tire la sonnette d'alarme : «Petites mesures et beaucoup de populisme» !


Alors que le pays fait face à plusieurs défis économiques et sociaux et que le pays doit changer son modèle économique, le gouvernement traine encore à engager les réformes et les chantiers qui s’imposent. Un an et demi après les élections tout reste à faire. C’est dans ce contexte que la Fédération nationale de l'information et de la communication relevant de l'UTICA a tiré la sonnette d’alarme. En effet, le secteur des TIC est capable fournir des milliers d’emplois à très haute valeur ajoutée. D’ailleurs, une stratégie nationale "Tunisie Digitale 2018" a été mise en place depuis la Troïka et qui a été adoptée par les différents gouvernements qui se sont succédé, avec des dates bien définies mais qui n’ont pas été respectées.


C’est dans ce cadre que la fédération a organisé une conférence de presse, vendredi 4 mars 2016 au siège de la centrale patronale, pour exprimer sa déception, sa frustration et son refus de la politique du gouvernement : «petites mesures et beaucoup de populisme» !



Le secteur des nouvelles technologies en Tunisie est un secteur créateur de valeur et d’emplois. En 2014, il a représenté 7% du PIB du pays. Pour la fédération, si la Tunisie veut changer son modèle économique, elle doit rapidement adhérer au numérique, qui est une locomotive boostant tous les secteurs économiques du pays, allant du privé au public.


Les enjeux clé autour desquels s’articule l’économie numérique sont la création de l’emploi et réduction du taux de chômage, le développement régional et l’équité sociale, la création de la richesse et le développement d’une croissance économique durable, le maintien de la sécurité nationale, la maitrise des dépenses et des équilibres macroéconomiques et l’amélioration de la productivité.



Le président de la Fédération et membre du bureau exécutif de l’UTICA, Kais Sellami, a rappelé que Smart Tunisia était une initiative de l’UTICA, proposée au temps où Mongi Marzouk était ministre des TIC dans le cadre du partenariat public privé (PPP), en notant que ce projet ne représentait qu’un axe de Tunisie Digitale.



Il a également  rappelé  qu’un Conseil stratégique de l’économie numérique (CSEN), unique en son genre, composé de plusieurs ministres et de représentants du secteur privé, chapeauté directement par le chef du gouvernement, a été mis en place pour coordonner la mise en place de la stratégie du pays dans ce domaine et son orientation.



Le plan national stratégique "Tunisie Digitale 2018" est né dans ce cadre, autour de six axes stratégiques : infrastructure, e-gov, usages, e-business, offshoring, innovation. Une soixantaine de projets ont été identifiés, pour être réalisés sur 5 ans (2014-2018), avec à la clé la création de 80.000 emplois, dans le e-tourisme, e-santé, e-transport, etc.



Or, après un an et demi, rien n’a été accompli. Aucun grand projet n’a été lancé et le ministère des Technologies de l'Information et de la Communication et de l'Economie numérique s’est contenté de son rôle vertical au lieu de passer à un rôle transversal et de pousser les autres ministères à la modernisation et la digitalisation.



Le conseil stratégique ne s’est réuni, pour sa part, que deux fois alors qu’il devait se réunir tous les 3 mois, pour assurer le suivi et surmonter les problèmes afférant à l’application du plan mis en place, d’où les actions dispersées sans cohérence et un manque de vision constaté, soutient M. Sellami. Il s’est demandé, aussi, où est le Fond des TIC, qui devait recevoir 200 millions de dinars (MD) dont 100 MD consacrés au développement du secteur.



Il a aussi évoqué les projets, qui ont commencé et qui ont été abandonnés en cours de route, comme celui de la CNAM et qui a laissé ses promoteurs du privé qui ont répondu à l’appel d’offres dans de mauvaises postures, avec des crédits contractés et pas de règlement au bout du chemin.
Il a noté, dans ce contexte, les difficultés économiques rencontrées par 80% des 600 entreprises du secteur, pour exporter leurs services, notamment en Afrique.

Pour sa part Taoufik Hallila, membre de la fédération et président de la Chambre nationale des intégrateurs de réseaux télécoms, a évoqué du projet national de très haut débit, qui consistait à changer les câbles de cuivre en fibre optique. Un budget de 1.000 MD lui a été consacré : 800 MD à la charge du secteur privé et 200 MD à la charge de l’Etat dans les zones blanches (les endroits où les opérateurs ne vont pas à cause du manque de rentabilité).

Ce projet, qui emploie de hauts cadres, a été abandonné au cours de route au profit de la 4G. Certes, le déploiement de la 4G est important mais dans un souci de bonne gouvernance et pour qu’il n’y ait pas un double emploi, notamment dans la construction des pilones, il fallait terminer le projet national de très haut débit.

Autre point, sur les 1.200 MD qui seront investis dans la 4G, M. Hallila s’est interrogé sur ce qui va rester en Tunisie. Il estime en réponse qu’à part le prix des licences (470 MD), presque rien du tout ne reste en Tunisie : seulement 3% du montant consacré à l’installation de la 4G (30 MD) reviendront aux entreprises tunisiennes le reste ira aux équipementiers. Pour lui, le conseil stratégique aurait dû obliger, dans les appels d’offres, les équipementiers à réinvestir 20% du montant qui sera payé en Tunisie, dans des centres de recherche ou dans l’achat de services tunisiens, comme le font certains pays comme la Malaisie.

Donc, la fédération demande au gouvernement que les opérateurs négocient avec les équipementiers pour qu’ils investissent une partie de la transaction en Tunisie.

Pour sa part, le président de la Chambre nationale des sociétés de services et d’ingénierie informatique, Karim Ahres, a voulu pointer du doigt les projets, dont la réalisation aurait dû commencer et les milliers d’emplois perdus à cause de ces lenteurs. Ainsi, il a indiqué que 9 hôpitaux auraient dû commencer leur numérisation en janvier 2016. Le projet e-tourisme aurait dû débuter au mois de mars, avec la création de 1.000 emplois. Le plan de travail du secteur de la santé aurait dû être prêt en septembre 2015, mais l’étude n’a jusqu’à cette heure pas été publiée.
Autre aberration, celui du système informatique qui ne marche pas, communément connu par la réplique : "Système Tayeh" (Système en panne), pour lui cette excuse n’est pas valable. Pour lui, il faut bannir cette excuse car, en tant que professionnel du secteur, il sait pertinemment qu’il y a des procédures et normes à respecter.

Le membre de la fédération, Khalil Zahouani, a fustigé, quant à lui, la stratégie de l’Etat, qui dépense des millions de dinars pour former des ingénieurs puis les offre gratuitement aux autres pays qui vont les utiliser pour créer de la valeur et de la richesse !

Kais Sellami a indiqué qu’on s’attend à avoir 168.000 diplômés d’ici 2020, et même en réalisant les grands projets, la Tunisie ne pourra embaucher que 60.000 à 80.000, et il restera encore 50.000 diplômés à embaucher.
Il a souligné que nous avons tous une responsabilité à prendre, mais pour l’instant, le gouvernement se contente «de petites mesures et de beaucoup de populisme».

Depuis la nomination de Habib Essid en tant que chef du gouvernement, ses ministres n’ont pas cessé de parler de réformes, de grands chantiers et de changement du modèle économique. Un an et demi plus tard, tout reste à faire et un grand travail reste à réaliser pour le changement des mentalités, la clé pour le passage à une nouvelle ère, celle de l’économie numérique.



Imen NOUIRA

06/03/2016 | 15:59
6 min
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Commentaires (16)

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maya
| 09-03-2016 15:45
les youyous >>>>>> couscous

souhail
| 09-03-2016 14:04
Désolé de se répéter, c'est tellement évident de constater que la Tunisie a besoin de jeunes expérimentés ayant les dents longues, et qui connaissent bien les dessus et les dessous des économies très avancées et de l'environnement au sens large. Pour cela il nécessaire d'identifier ceux qui veulent et qui aiment encore leur pays pour venir y consacrer ne serait-ce que quelques années. Pour cela il est primordiale d' aller les chercher à l'étranger et jauger impérativement leur amour pour le pays avant de les engager ; même si il existe des potentialités internes pour gérer les projets en cours et à venir, et faire front, mais c'est leur manque d'expérience qui handicape tout progrès devant le gigantisme des lacunes cumulées et de l'absence de gestion du pays depuis cette indépendance déguisée. Tout en additionnant le manque de moyens financiers; donc laisser le gouvernail à des ressources âgées et dépassées par l'ampleur de la tache comme des événements, ce qui est le cas actuellement, est un souci réel pour sortir ce pays du sous-emploi et du sous-développement perpétuel, sans parler des outils économiques , technologiques et techniques qui n'ont rien à avoir avec ceux d'hier, je ne parle même pas de ceux d'avant-hier. En plus il ne faut pas prendre les conseils des pays dits «amis» comme argent content, surtout s'il s'agit de pays qui ont corrompu les acteurs politiques et économiques passés , via l'endettement pour un intérêt unilatéral, ou politiquement, en aidant les pouvoirs précédents à se maintenir des décennies en place juste pour leurs propres intérêts, jusqu'à ce que le pays perde même sa propre langue native pour ne s'exprimer dans la langue des pays dits encore une fois «amis».
La Tunisie a besoins de ses enfants pour se maintenir à distance égale avec tous les vautours qui l'entourent, et traiter avec eux dans l'intérêt exclusif du pays.

hamuda
| 08-03-2016 12:01
Juste a peine qq jours de l ouverture des plis 4g et l annonce des 470 Mdt, et ooop plongeé pour reserver sa part...
Bonh c peut etre legitime au sens business mais nous devons voir ensemble oû depenser notre argent quand et surtout selon quelle mode de gouvernance?
Je partage que les competences technologiques et terrain a la fois manquent bcp. Pour amorcer suivre piloter et faire aboutir des projets ce n est pas le sport de n importe qui.
Plusieurs postes sont occupés par des analphabets c comme si on injecte un gestionnaire de l admin d un hopital pour interpreter des bilans de soin ou mener des op chirurgicales parfois...le pole de ghazela...et autres sont des cas concrets...quand fait la boulitique on finit par boulet sur tic.

Hâbleurs
| 07-03-2016 18:11
@rationnel bravo enfin voilà un Realiste du métier
Je ne comprends pas pourquoi le tunisien est devenu aveugle
La gouvernement n a pas les moyens aujourd'hui
Et on nous parle de la fibre optique pour toute la Tunisie
Ce n est même pas le cas dans plusieurs pays D Europe
De deux le coût de ce projet de Tunisie numérique est de
.... 1 milliard de dinars et après une fois le tunisien à la fibre optique combien va coûter l abonnement pour le citoyen qui gagne 400D par mois le haut débit c est pour les entreprises & institutions.il y a une remise à plat sur les offres déjà de l ADSL et le coût énorme pour les entreprises concernant l optique et les études avant l installations ridicule de nos jours

Rationnel
| 07-03-2016 15:27
IBM vient de licensier un tiers de son effectif aux Etats Unis, soit 100 000 personnes. Les entreprises indiennes d'outsourcing comme Infosys, Wipdo, Tata IS.. stagnent. Le Cloud Computing gagne du terrain et force les vieilles companies du TIC comme IBM, Oracle, Microsoft, et SAP a s'adapter. SalesForce et Amazon AWS dominent le nouveau paysage. D'apres l'article la strategie que propose Sellami et ses collegues est d'inestir de grosses sommes dans l'eloboration de logiciels "custom" que nos entrepreuneurs vont vendre a l'Afrique. Mais personne n'achete du Software, les particuliers et les entreprises utilisent des programmes gratuits comme c'est le cas de facebook, Google, twitter ou on loue le software. Il n y a rien qui empeche une entreprise tunisienne a acquerir des competences dans SalesForce et de creer des solutions sur SalesForce. Une solution pour le tourisme sur SaleForce or SAP necessitera l'effort d'une dizaine de personne pour une annee. De meme pour des solutions pour les hopitaux. Le Cloud Computting est deja une realite en Tunisie.
Le monde a change et evolue donc la strategie etablie il y a 4 annees n'est pas bonne pour demain.

Nephentes
| 07-03-2016 12:16
Je confirme bien évidement ce que vous soulignez

Au delà, il faut quand même se demander pourquoi cette quasi-obscénité qu'est devenue au fil des ans l'administration tunisienne joue ainsi un rôle aussi calamiteux et néfaste pour notre potentiel d'innovation et de croissance.

Quand m^me le projet Tunisie Numérique est une urgence absolue, ausi vital que la lutte contre le terrorisme !!

mais comment cette inertie, cette apathie criminelle et cette MAUVAISE FOI n'est pas combattu par de simples règles de bonne gouvernance administrative ??

Regardez bon sang du côté des réformes au RWANDA ou au COSTA RICA et analysez à quel point ces administrations autrefois sous-développées nous écrasent de leur efficience et flexibilité !!

Ne serait pas que l'administration tunisienne est à un stade trop avancé de putréfaction pour que l'on ne puisse pas la réformer ??

Rebelle
| 07-03-2016 12:03
le ministre a court circuités ces hommes d'affaires qui ont investis dans la fibre optique. avec la 4G, plus personne ne voudra de leur fibre optique. voilà strictement la raison de leur conférence. en outre, cela fera une bonne rentrée d'argent qui se comptent en milliards qui seront réinvestis pour l'emploi.

Faouzia
| 07-03-2016 08:21
Je pense hoenttement que le ministre des telecom. est nul. il n'a aucune experience ni nationale ni étrangère. son expérience profesionelle est trés legere. Bref, on devrait pourvoir trouver mieux.

Effectivment, il y a trop de vent pour rien. populisme et small talks.

Mohamed Tounsi
| 07-03-2016 08:10
J'en connais plus d'une personne dont les projets sont bloques a cause d un papier administratif

Il faudrait lancer une etude de workflow de papiers administratifs qui sont redondants

Que cela soit Tic ou autres c est idem

Apres nous sommes pantois devant autant de corruption

Il n y a aucune gouvernance au sein de l administration une fois une exaction est faite

Ce qui est rigolo c est les gros registres qui ne seront jamais reconsultes

Que de papier que d arbres

J ai mal pour mon pays

Tahar JEBARI
| 07-03-2016 01:33
Les moyens financiers feraient-ils défaut ?! Dans ce cas, le Ministre devrait prendre son courage à 2 mains et le déclarer.
Les représentants de l'UTICA attaquent le projet 4G. OUI, mais celui-là rapporte quelques pécules au budget de l'Etat. ce qui explique l'urgence qu'avait pris ce projet. Il est vrai aussi que la 4G pourra réaliser une partie du Haut débit, quoiqu'il aurait fallut, à mon avis, le réserver aux secteurs de production, et éviter son attribution au grand public, qui n'en à rien à foutre tant que des contenus dignes du mot n'existent localement.