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Ramadan, ce mois de la gourmandise

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En ce mois saint, le Tunisien devient plus sensible que le reste de l’année aux plaisirs de la bouche et essaie de s’offrir, en dépit de son budget, des tables garnies de tous les délices. Une fois par an et pendant 30 jours, les Tunisiens, les pauvres comme les riches, célèbrent cet événement religieux et aussi culinaire. Pour les besoins de la « fête », beaucoup préfèrent aller au marché de la ville pour acheter les ingrédients de leurs plats et desserts. Ambiance du marché central de Tunis, en ce premier jour du mois saint!
Le marché regorge de monde, de clients, mais également de simples visiteurs venus notamment pour « gâter les yeux » et regarder les jolis étalages. « Ces couleurs éclatantes, cette odeur d’épices et ce bruissement de la foule sont un véritable régal. Même si je n’achèterai rien, une petite balade au marché me suffit », lâche Jihen, 23 ans, étudiante. Mais ce n’est pas du tout l’avis de Aicha, 62 ans, mère de 4 enfants « C’est frustrant de voir la viande suspendue et les fruits exposés devant vous sans que vous ne puissiez les avoir dans votre panier, car ils sont toujours vendus à des prix inaccessibles», s’est-elle plainte.
Au sujet des prix, ceux-ci sont soumis à la règle de l’offre et de la demande. Plus les produits existent en abondance, plus leurs prix sont raisonnables. En faisant un tour dans le marché municipal de Tunis, on a remarqué que les étalages étaient bien achalandés. Quasiment aucun produit alimentaire n’était en pénurie. Pour certaines denrées, les prix sont les mêmes qu’avant ramadan. Pour d’autres, ils ont baissé. Le kilo de tomates se vend moins cher de 150 millimes qu’il y a 4 jours. C’est également le cas pour les pommes de terre dont le prix est passé de 700 à 600 millimes en moins d’une semaine. En revanche, les prix des viandes rouges et des poissons ont grimpé. Les prix du rouget par exemple oscillent entre 17 et 18 dinars le kilo. Et comme de coutume en ce mois saint, les feuilles de brick faites maison haussent de prix. Elles sont vendues à 900 millimes la douzaine contre 700 quelques jours auparavant.
De son côté, le gouvernement a pris les mesures nécessaires pour bien assurer l’approvisionnement des marchés et éviter ainsi toute pénurie pouvant conduire à des surenchères. Mais l’empressement des consommateurs rend difficile d’endiguer les prix. Le travail de sensibilisation aurait été négligé ou torché, selon certains. « Si on avait bien expliqué au citoyen que la frénésie de consommer hypothèque son pouvoir d’achat, on aurait vu de sa part un comportement plus responsable et civique», a soutenu Salah, 67 ans, retraité.
Pour ce ramadan, le marché semble être moins vivant que les années d’avant. «D’habitude, il y a tellement de monde au point que les gens se bousculent dans les petites allées du marché», nous a dit un poissonnier. Et de poursuivre : «S’il manque cette effervescence, c’est parce que le pouvoir d’achat s’est érodé. Les gens n’ont plus les moyens comme avant. Aujourd’hui, il faut être vraiment fortuné pour pouvoir remplir son couffin».
Si on calcule le coût d’un repas simple de rupture de jeûne pour une famille qui compte 4 personnes, on s’aperçoit que pour un kilo de pommes de terre (600 millimes), un kilo de tomate (650 millimes), un kilo d’oignon (600 millimes), un demi kilo de poivron (1600), un bouquet de persil (500), 4 œufs (780 millimes), un demi litre d’huile végétale (3,2 DT), 2 baguettes (400 millimes), un paquet de soupe (225 millimes), 1 paquet de macaroni (410 millimes), une boîte de concentré de tomate de 500 gr (1,3 DT), un demi kilo d’escalopes de dinde (5 dinars), une boîte de thon (2,5 DT), 4 feuilles de bricks (385 millimes), 2 bouteilles d’eau minérale (1,2 DT) et 4 yaourts (1,3 DT) et une barquette de dattes de 250 gr (1,8 DT), on est déjà à 22,450 dinars, soit un budget de 673,5 DT pour le mois. Et nous n’aurons pas inclut le coût du s’hour (le repas précédant le jeûne).
Pour un couple d’actifs qui perçoit un salaire global de 900 DT, le repas ramadanesque est une charge trop lourde à supporter. Une telle famille serait dans le dilemme de choisir entre payer son loyer, ses factures et ses autres frais ou son repas de ramadan et en aucun cas ne pourra se procurer les deux en même temps à moins qu’elle ait recours à l’endettement. Pour une famille gagnant à peu près le Smic c'est-à-dire un salaire de 650 DT, si par miracle, elle parvient à sortir « indemne » du mois saint, elle aurait grand mal à surmonter les prochaines dépenses de l’Aïd et de la rentrée scolaire.
Face à la flambée de certains prix, Alia, suante à grandes gouttes, a exprimé son ras-le-bol avec dérision : « Noyons nos chagrins dans la télé. J’espère au moins que les feuilletons de cette année ne me déçoivent pas comme l’ont fait les prix ».
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