A la Une
Visite de Jomâa à Berlin : nouvel envol pour les relations tuniso-allemandes

{legende_image}
La Tunisie est le partenaire économique le plus important au Maghreb pour l'Allemagne qui est le troisième partenaire économique et le troisième investisseur en Tunisie. Le volume des échanges commerciaux entre l'Allemagne et la Tunisie s'élevait, au cours de l’année passée, à 2.846,7 millions d’euros, soit près de six mille millions de dinars. Mais l’importance de ces relations tuniso-allemandes, consistantes depuis de nombreuses années, est en train de prendre un nouvel envol, notamment, depuis l’avènement du gouvernement des technocrates en fin du mois de janvier 2014.
C’est donc, dans cet esprit que s’inscrit la visite qu’effectuera Mehdi Jomâa, chef du gouvernement, les 18 et 19 juin 2014 à Berlin sur invitation de la chancelière allemande, Angela Merkel. M. Jomâa sera à la tête d’une délégation de haut niveau comprenant plusieurs ministres, ce qui laisse augurer d’importants résultats pour la coopération bilatérale future.
Cette visite intervient juste après la publication des résultats définitifs de l’enquête annuelle 2013/2014, effectuée par la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK). Cette enquête établit l’état des lieux et les perspectives d’avenir pour les sociétés allemandes installées en Tunisie, trois ans après la révolution et à l’orée du passage à la phase définitive du processus démocratique. Elle comprend de nombreuses révélations sur les atouts et avantages et sur les défaillances ou les points à améliorer pour le site Tunisie.
Une première lecture des résultats permet de confirmer certains points déjà connus mais aussi de révéler des données qu’il faudra analyser de façon méticuleuse pour en tirer les leçons nécessaires.
Avant d’aborder les résultats dans leurs détails, on relèvera qu’en 2013, la proportion des entreprises ayant vu leurs chiffres d’affaires partir à la hausse est de 46% contre 31% seulement, une année auparavant.
Quant à l’évolution des affaires en 2013, elle est qualifiée de « bonne » et « plutôt satisfaisante » par un ensemble de 61,7% pour l’année 2013, contre 46,8% durant l’année 2012. Quant à ceux qui ont une appréciation négative ou mauvaise de la situation, leur taux passe de 52% en 2012 à 37,1%, une année après.
Il est bien évident que les remarques positives ou négatives diffèrent d’un secteur à un autre dans le sens où le degré de satisfaction l’emporte dans le domaine de l’électrotechnique avec 72,7% par rapport à celui de l’industrie textile où il dépasse juste les 50%.
Voilà ce qu’il en est pour la situation dans l’état actuel des choses. Qu’en est-il pour les perspectives d’avenir ? Tout en étant prometteuses dans leur ensemble, celles-ci dépendent de leur évolution. Plusieurs tirs sont à rectifier en tenant compte, justement, de résultats de l’enquête qui établit avec clarté les atouts à consolider, les points faibles à améliorer et les inconvénients à éviter.
A souligner, en premier lieu, que, trois ans après la révolution, les perspectives concernant l'évolution des affaires pour 2014 restent optimistes. En effet, 46,9% des entreprises ayant participé à l’enquête envisagent une augmentation de leur exportation alors que seulement 14,8% des entreprises interviewées s’attendent à une diminution de leur chiffre d’affaires à l’exportation et 30,9% pensent qu’il n’y aura pas de changement par rapport à 2013.
Tout comme pour les attentes relatives aux exportations et aux effectifs, les entreprises exportatrices allemandes implantées en Tunisie se montrent encore optimistes quant à l'évolution des investissements en 2014.
Ainsi, pour cette période, pourtant difficile pour le site Tunisie, 34,6% des entreprises interrogées prévoient une augmentation des investissements par rapport à l'année précédente contre 4,9%, seulement, qui prévoient une diminution. Le reste, soit 54,3% prévoient une stabilité des investissements en 2014 par rapport à la dernière enquête.
Le volet le plus significatif de l’enquête reste, d’un côté, les avantages et les atouts qu’offre la Tunisie en tant que site de production et, de l’autre, les handicaps et les inconvénients dont souffre le même site.
Côté avantages et atouts, on citera, en premier lieu, la proximité géographique par rapport à l'Europe qui est mise en exergue par 84% des entreprises comme premier avantage d'implantation sur le site Tunisie. Il faut dire qu’il s'agit d'un aspect cité depuis des années parmi les trois atouts majeurs de notre pays. Cette proximité est bien appréciée par les entreprises du textile (74,2%). Elle l’est encore par les sociétés du secteur électrotechnique avec 90,9%.
Tous secteurs confondus, les coûts de production compétitifs occupent, désormais, la deuxième position en tant qu’atout pour le site Tunisie, en hausse significative puisque le taux passe à 50,6% en 2014 contre 37,7% en 2013. Cette hausse est nettement visible dans le secteur électrotechnique, le taux actuel se plaçant à78,8% alors qu’en matière d’industrie textile, 12.9% des sociétés seulement désignent les coûts de production compétitifs comme atout de la Tunisie
L’évaluation des avantages fiscaux pour les entreprises exportatrices, garde encore de l’importance. Cette année, ce facteur occupe le troisième rang et atteint 45,7 % dans presque tous les secteurs d’activités.
Le bon niveau d’éducation du personnel (12,3% en 2014) et la productivité de la main d’œuvre (9,9% en 2014) restent des atouts relativement faibles pour la Tunisie
Concernant les handicaps et les inconvénients du site Tunisie, le facteur qui représente un obstacle majeur pour les entreprises exportatrices allemandes installées en Tunisie reste l’incertitude politique et sociale puisqu’il est cité par 94,8% des dirigeants des sociétés interviewés.
Un autre problème de la Tunisie en tant que site de production, reste, tout comme au cours des années précédentes, la réglementation excessive et la rigidité parfois rencontrée auprès de l’administration. Ce constat est considéré, tous secteurs confondus, comme le deuxième handicap du site Tunisie.
Il en est de même quant au faible taux de productivité du personnel, un facteur qui se trouve au troisième rang des handicaps les plus fréquemment cités pour le site d'implantation Tunisie. Pour 25,9% des entreprises, le manque de personnel qualifié représente un autre handicap
Les coûts de production jugés élevés apparaissent, aujourd’hui, notamment pour le secteur du textile, comme étant un handicap contrairement à quelques années auparavant. 6,2% des entreprises considèrent encore que l'accès limité au marché local constitue un handicap pour le site
Comme on le constate, l’étude évaluative est riche en enseignements surtout si l’on sait le sérieux et la rigueur qui ont marqué son élaboration. En effet, ladite enquête a été menée par les soins de l’AHK auprès de 142 entreprises exportatrices allemandes et a eu un taux de retour de pas moins de 57% de ces sociétés qui emploient, dans leur ensemble, plus de 40 mille personnes, ce qui permet de dire qu’elle reflète une image représentative et réelle de la situation.
Les autorités tunisiennes concernées, en collaboration avec leurs homologues à Berlin, et les entreprises allemandes, sauront, sûrement, rectifier le tir pour les aspects négatifs et renforcer les volets constituant les points forts du site Tunisie.
sur le fil
Dans la même Rubrique

L’incroyable traque de Ridha Charfeddine
02/05/2025
11
Commentaires