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Tunisie - Investia: Voici ce qui entrave le marché boursier
22/05/2014 | 1
min
Tunisie - Investia: Voici ce qui entrave le marché boursier
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L’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat a abrité, aujourd’hui 22 mai 2014, la deuxième édition du Salon de la bourse et des services financiers, autour du thème : « Le financement de l’entreprise par le marché boursier ». Cet événement a réuni près de 400 responsables et représentants de marchés financiers arabes et africains, plus de 50 exposants informant sur les acteurs du marché financier, les sociétés nouvellement introduites en bourse ainsi que des intermédiaires en bourse.   

En marge du Salon Investia, un séminaire s’est tenu en présence, notamment, du gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Chedly Ayari, du ministre des Finances et de l’Economie, Hakim Ben Hammouda, du président du Conseil d’Administration de la bourse de Tunis, Fadhel Abdelkefi et de la présidente du patronat, Wided Bouchamaoui. A l’occasion, plusieurs conventions ont été signées dont une de partenariat entre la BVMT et l’UTICA et dont l’objet est la conjugaison des efforts des deux parties signataires visant à stimuler l’investissement privé et redynamiser l’économie. A ce titre, Wided Bouchamaoui a considéré que le partenariat réunissant la Centrale patronale et les acteurs du marché financier devient une réponse urgente aux grands défis du pays.

Le financement des entreprises au travers du marché alternatif a été au cœur du débat lors de la deuxième édition d’Investia. Force est de constater que le marché de la bourse décline une dominance des petits porteurs, en d’autres mots, les personnes physiques. Ce constat en impose un autre : l’absence des institutions de régulation. En effet, un marché alternatif à forte présence de petits porteurs débouche sur une configuration de marché où la liquidité fait, à quelque endroit, défaut. Les petits porteurs ont davantage le rôle de spéculateur sur le marché de la bourse, tandis que les institutions revêtiront le rôle de régulateurs. A juste titre, Hakim Ben Hammouda a annoncé, lors de son intervention, qu’il œuvrera en tant que ministre des Finances à mettre en place des mécanismes d’incitation à la participation au marché boursier à l’adresse des institutions d’assurance. Tout de bon, ces dernières représentent un potentiel saillant en matière de liquidité et de régulation, en l’occurrence, au moyen de l’assurance-vie. Toutefois, les assureurs se montrent plutôt frileux quant à l’introduction sur le marché alternatif. Et pour cause ! Les institutions, à ordre général, dépeignent en effet un profil méfiant face à ce type d’investissement eu égard aux différents risques proliférant depuis le 14 janvier 2011.

Selon les dires de Sofiane Hammami, directeur de la recherche à Axis Capital (intermédiaire en bourse), les sociétés faisant appel au marché alternatif sont, très souvent, des sociétés endettées et qui pourtant affichent une santé financière bonne, à l’instar de Servicom et des AMS. Sofiane Hammami nous a confié, par ailleurs, que les intermédiaires en bourse sont tenus au secret professionnel vis-à-vis du fisc. « Si un employé du fisc me demande de lui faire part du compte de l’un de mes clients, je suis en droit de le lui refuser. De ce fait, la bourse protège les acteurs de la publication de leurs avoirs ainsi que de leurs gains » explique le directeur de la Recherche à Axis Capital. Néanmoins, le marché alternatif est en passe de ne plus servir de « paradis fiscal », car à compter de l’an 2015, une taxe de 5% sera prélevée par dividende et sera, bien entendu, versée dans les caisses de l’Etat.
Pour sa part, le chargé de prospection clientèle à l’intermédiaire en bourse Mac SA, a livré qu’il existe, actuellement, un manque criard de nouveaux investissements sur le marché alternatif. Les pourvoyeurs de fonds ont une réelle angoisse de la situation du pays en général, et manquent de visibilité à long terme pour déterminer une stratégie d’investissement claire. « Plusieurs valeurs solides telles que celles d’Attijari et de la SFBT voient leurs titres cotés dégringoler, bien qu’elles affichent des états financiers rassurants », souligne-t-il. Le fait est que les investisseurs, dans leur majorité écrasante, jugent le potentiel d’investissement dans une entreprise introduite en bourse en fonction de la cotation de son titre et non en fonction de sa situation financière globale. Cette façon de faire nuit considérablement à la croissance du marché boursier, et taxe injustement certaines sociétés dans le besoin.

Dans le même ordre d’idées, Myriam Chebil, analyste financier à Maxula Bourse nous confie que le marché boursier est très corrélé par la conjoncture nationale. « La valeur d’échange est passée de 10 à 2 millions de dinars. Nous espérons qu’à la suite des propos de Hakim Ben Hammouda, le marché alternatif connaisse une certaine relance » souhaite Myriam Chebil avant d’ajouter que la cotation en bourse ne reflète pas la situation financière de la société. Aussi, le discours de Mehdi Jomâa, chef du gouvernement, après 100 jours de prise de pouvoir, n’a pas pour autant rassuré les investisseurs.

Le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Chedly Ayari a proposé, dans le cadre du salon d’Investia, d’opérer un changement au niveau des lois régissant le marché de la bourse. Les investisseurs étrangers pourraient ainsi avoir le droit d’accéder au marché alternatif tunisien, ce qui serait à même, de relancer l’activité de la bourse avec de nouveaux investisseurs. Chedly Ayari a, en outre, déploré une situation instable du marché boursier connaissant plusieurs fluctuations.

Le marché alternatif soulève bien des problématiques et requiert, de ce fait, des réformes de base. D’autres domaines également, tels que la fiscalité, ont tout intérêt à être réformés car ayant une forte influence, directe et indirecte, sur le fonctionnement du marché boursier. Le gouvernement de Jomâa, selon les avis de plusieurs des acteurs de la bourse, ne s’aventurera pas dans de pareilles actions face à un engagement de responsabilité de haut niveau. Le point de départ de toute relance économique semble, vraisemblablement, prendre racine après les prochaines élections.

Nadya B’CHIR   
22/05/2014 | 1
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