A peine cinq jours après l’opération sécuritaire d’envergure à Raoued et qui avait abouti à la mort de sept terroristes dont Kamel Gadhgadhi, les services de sécurité viennent de frapper un deuxième grand coup avec le succès de l’action menée à Borj Louzir où quatre terroristes ont été arrêtés dont notamment Ahmed Melki, plus connu sous le sobriquet du « Somalien » qui serait impliqué dans le meurtre de Mohamed Brahmi.

Selon les premiers éléments communiqués par le porte-parole du ministère de l’Intérieur, l’opération de Borj Louzir semble avoir été minutieusement préparée. En effet, on note l’absence de perte dans les rangs des forces des unités spéciales de la Brigade antiterroriste, la durée limitée pour l’achèvement de l’action et le nombre de terroristes capturés en vie dont le tristement célèbre « Le Somalien ».
D’ailleurs, dans le même ordre d’idées, on croit savoir que l’opération de Raoued n’avait pas abouti à la mort de tous les terroristes qui se trouvaient dans les maisons assiégées, mais le communiqué officiel aurait été élaboré dans ce sens pour piéger les éléments qui étaient parvenus à s’enfuir et leur faire croire que les services de sécurité ne les recherchaient plus.
Les deux opérations constituent des succès indéniables des services sécuritaires, mais la dernière action à Borj Louzir revêt un intérêt particulier dans la mesure où l’un des dangereux terroristes et directement impliqué dans l’assassinat du député, Mohamed Brahmi, est capturé vivant, ce qui est de nature, logiquement, à contribuer à l’identification des vrais commanditaires des deux meurtres, car il est fort probable que les deux crimes soient liés et dépendent, éventuellement, des mêmes instigateurs.

Pour revenir à l’opération de Borj Louzir, il est à rappeler que, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, des informations sont parvenues aux forces de l’ordre, indiquant la présence d’un groupe armé retranché dans une maison à Cité Ennassim dans le gouvernorat de l’Ariana.
Se rendant sur les lieux, les forces de lutte contre le terrorisme ont perquisitionné la maison en question, et après échange de coups de feu avec les éléments du groupe armé, qui sont au nombre de quatre, il ont été, tous, arrêtés , alors que des armes dont une mitraillette lourde de guerre, ont été saisies ainsi que des documents, des appareils et des puces téléphoniques.
Le même communiqué du ministère de l’Intérieur rapporte les noms des individus arrêtés lors de cette opération, en l’occurrence : Ahmed Al Maliki alias le Somalien, Bilel Amdouni, Mounir Jemaî, grièvement blessé, et Ameur Zdiri, blessé à la jambe.

Ce deuxième succès, en l’espace de moins d’une semaine est à mettre à l’actif des forces de sécurité et des différents services du ministère de l’Intérieur qui semblent retrouver leur efficacité, qui faisait défaut, près de deux ans durant.

Le déroulement de cette dernière opération, sans trop de tapage et sans bavure, vient redorer le blason et prouver la haute compétence des cadres et des agents des services sécuritaires que certains essayaient de mettre en doute suite à l’action menée à Raoued et qui était, faut-il l’avouer, mal communiquée par le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou qui avait, tellement voulu glorifier le succès et usé de termes inadéquats, qu’il avait fini par « noyer » le mérite des agents de la sûreté.
On mettra, bien entendu, cela sur le compte du manque d’expérience des responsables au département de l’Intérieur en matière de communication avec l’espoir que cela leur serve de leçon.

Il n’en demeure pas moins que les observateurs s’interrogent sur cette efficacité, soudainement, retrouvée chez les services sécuritaires. Certains y voient une reprise en mains des volets techniques par les véritables compétences du ministère avec la venue de Ridha Sfar, en tant que ministre chargé des affaires de la sécurité.
En effet, tout en gardant Lotfi Ben Jeddou pour de probables raisons d’équilibre politique, Mehdi Jomâa l’a doublé d’un autre ministre qui est « l’enfant » du département et ancien haut cadre connaissant parfaitement les rouages du bâtiment de l’Avenue Bourguiba.
Alors, s’agit-il de la touche de M. Jomâa et des éventuelles mises à l’écart de certains cadres intégrés depuis l’avènement d’Ali Laârayedh audit ministère ou des fruits d’un travail de longue haleine entrepris par M. Ben Jeddou ?
D’autres diront que peu importe l’origine de cette métamorphose, l’essentiel étant les résultats spectaculaires enregistrés en matière de lutte contre le terrorisme avec de grosses têtes tombées parmi les grands chefs de ce phénomène qui ronge les sociétés de plusieurs pays, notamment dans le monde arabo-musulman.

L’autre conséquence attendue de ces réussites éclatantes est, indéniablement, la capacité de faire toute la lumière sur les tenants et les aboutissants des deux crimes abjects ayant coûté la vie à Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Car, logiquement, rien ou presque ne pourrait entraver la recherche de la vérité complète concernant les énigmes entourant les deux assassinats.
Il est fort à parier que de grosses têtes seraient en train de trembler après la capture du « Somalien » qui pourrait renseigner, un tant soit peu, sur l’identité des commanditaires des deux assassinats ou, du moins, sur l’un d’entre eux.
C’est dire que le proche avenir s’annonce décisif dans cette longue quête de la vérité que tous les Tunisiens ont hâte de connaître. Une vérité qui mettra un terme à la floraison d’hypothèses et autres suppositions et accusations, ce qui fera clarifier l’atmosphère et placer les vrais accusés sur leurs bancs.
Alors, demain sera un autre jour avec de probables vérités qui éclateraient au grand jour !