Chroniques
Pourquoi veut-on avorter la mission Jomâa ?

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Par Mourad El Hattab*
La question se justifie par les dernières agitations désespérées de malfaiteurs voulant saboter et retarder le travail de composition gouvernementale de Mehdi Jomâa et de son programme. Les lâches manœuvres des adeptes de l’échec et des magouilles traduisent une volonté pour disperser les tunisiens et brouiller les pistes d’espoir.
Le consensus autour de la nomination du prochain chef du gouvernement était difficile. Son choix ne doit pas dissimuler une position d’équilibre instable. La volonté de la Troïka pour s’imposer par tous les moyens en tant qu’acteur incontournable de la scène politique, économique et sociale complique la situation.
La prochaine équipe gouvernementale doit éviter de tomber dans une dictature, assurer une reprise de l’économie qu’on a voulu mettre en panne et réformer les finances de L’Etat. Il parait que la résolution de ces équations n’adhère pas à la vision des «gouvernants» sortants qui misent sur l’échec des futurs décideurs.
Les signes alarmants de cette vision sont multiples et s’analysent à travers les manifestations d’intégristes revendiquant la remise en cause de la Constitution, les émeutes louches des quartiers, l’expression claire de la Troïka que leur sortie du pouvoir est conditionnée par la signature de la loi fondamentale et par les nominations partisanes constatées à la tête d’institutions administratives, économiques et financières importantes.
Nominations suspectes
Des cris d’alarme émanant de l'Union générale tunisienne du travail, de l’Association tunisienne de gouvernance, de l’Union tunisienne du service public et de la neutralité de l’Administration, du Syndicat national des conseillers des services publics annoncent que les partis de la Troïka et à leur tête Ennahdha manifestent une volonté de domination de la structure institutionnelle en Tunisie.
Il s’agit de vieilles pratiques des régimes d’oppression. Dominer pour détruire, créer le vide et avoir les mains libres. Les chiffres sont choquants, 90 % des nominations dans le secteur public ont été faites rien que par le gouvernement Jebali sur la base d’orientations partisanes, régionales ou familiales.
Seule la moitié des «intronisations» ont été publiées dans le Journal Officiel de la République Tunisienne, 87% des nominations ont été effectuées au profit des membres de la Troïka et 93% ont été en faveur d’Ennahdha.
En somme, les nominations qui se font aux «horaires administratifs» comme à la tombée de la nuit, sont estimées à 5265. Aucun secteur n’a été épargné : administration centrale, grandes entreprises et structures régionales. Ce qui inquiète le plus, c’est qu’au cours de cette période creuse, le fléau s’est amplifié, spécifiquement, au niveau du domaine bancaire et financier, champ d’action de prédilection des «frères» à travers tout leur parcours de lutte.
Les ministres délégués et conseillers, les présidents directeurs généraux des entreprises publiques, les hauts cadres, les gouverneurs, les secrétaires généraux des gouvernorats ainsi que les délégués et les cadres des municipalités appartiennent aussi à la mouvance fraternelle.
Les critères dans l’attribution des fonctions sont l’incompétence, les années d’incarcération, l’état psychique, le dévouement pour servir la confrérie à qui on doit obéir sans condition, la capacité à dégrader de la valeur à travers un «management» improvisé, et des programmes de recrutement pesants qui correspondent aux objectifs du parti.
Répercussions
Les dégâts et les risques sont de taille : décadence de la qualité des services publics, abus de pouvoir, dysfonctionnements des systèmes de contrôle, gestion déficiente des risques, directions générales autoritaires face à des administrateurs indifférents, processus de création de «richesses» grippé et pérennité d’exploitation de plusieurs entreprises menacée.
Selon une analyse de L’Association tunisienne de gouvernance, en cas d’application des normes comptables bien établies, entre 15 et 20 grandes entreprises publiques peuvent être considérées en quasi-faillite. D’après l’analyse, les situations ne sont pas dues à des pertes commerciales ou aux rythmes d’activité, mais à des problèmes de gestion sous des tutelles sans aucune compétence ni volonté pour la sauvegarde de l’intérêt de l’Etat et de ses structures.
Les experts posent des questions quant au rôle du ministère de la Gouvernance, du niveau de dégradation atteint par les instances de contrôle et de l’existence de marges de manœuvre pour remédier à cette situation lamentable sur le plan économique et social dans un pays où des secteurs vitaux ont été broyés et qui sont menacés par le chavirement en cas de non prise en charge urgente de leur condition d’activité par les forces vives du pays.
Le Syndicat national des conseillers des services publics (SNCSP), déçu des pratiques despotiques, appelle, à son tour, à l’ancrage du principe de neutralité de l’administration au niveau des textes et de la pratique et à l’adoption de la compétence comme critère essentiel dans l’attribution des fonctions sur la base de l’égalité des chances, de la primauté de l’intérêt national et de la conformité aux normes internationales de la gestion des ressources humaines.
Ainsi, tout a été orchestré pour freiner les réformes avec des institutions publiques détruites et incapables de soutenir l’initiative privée sans évoquer le minage fiscal et des finances publiques et la difficulté dans laquelle a été casé le secteur extérieur dont le déficit mensuel moyen était de 958 millions de dinars en 2013.
Les rumeurs qu’on fait circuler sur les difficultés du système bancaire, public et privé, malgré la solidité de ses assises financières sont propagées, de manière préméditée, pour consacrer l’idée de l’impossibilité de sa restructuration, de l’affermissement de son efficacité opérationnelle et de sa mise à niveau aux standards internationaux.
L’agitation sécuritaire ne peut que faire de l’amélioration de la condition économique de la population une mission délicate du fait de son aspect guettant l’engagement de la centrale syndicale et de l’organisation patronale pour bâtir une paix sociale durable.
Au vu des éléments présentés, le prochain gouvernement, bien que certains partis misent sur la programmation de son échec, à des fins électorales, pour faire prévaloir l’idée que la situation était meilleure sous la Troïka, doit faire preuve d’une haute technicité et surtout de courage et de détermination pour ne pas être piégé par la dispersion et la réactivité aléatoire.
*Spécialiste en gestion des risques financiers
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La question se justifie par les dernières agitations désespérées de malfaiteurs voulant saboter et retarder le travail de composition gouvernementale de Mehdi Jomâa et de son programme. Les lâches manœuvres des adeptes de l’échec et des magouilles traduisent une volonté pour disperser les tunisiens et brouiller les pistes d’espoir.
Le consensus autour de la nomination du prochain chef du gouvernement était difficile. Son choix ne doit pas dissimuler une position d’équilibre instable. La volonté de la Troïka pour s’imposer par tous les moyens en tant qu’acteur incontournable de la scène politique, économique et sociale complique la situation.
La prochaine équipe gouvernementale doit éviter de tomber dans une dictature, assurer une reprise de l’économie qu’on a voulu mettre en panne et réformer les finances de L’Etat. Il parait que la résolution de ces équations n’adhère pas à la vision des «gouvernants» sortants qui misent sur l’échec des futurs décideurs.
Les signes alarmants de cette vision sont multiples et s’analysent à travers les manifestations d’intégristes revendiquant la remise en cause de la Constitution, les émeutes louches des quartiers, l’expression claire de la Troïka que leur sortie du pouvoir est conditionnée par la signature de la loi fondamentale et par les nominations partisanes constatées à la tête d’institutions administratives, économiques et financières importantes.
Nominations suspectes
Des cris d’alarme émanant de l'Union générale tunisienne du travail, de l’Association tunisienne de gouvernance, de l’Union tunisienne du service public et de la neutralité de l’Administration, du Syndicat national des conseillers des services publics annoncent que les partis de la Troïka et à leur tête Ennahdha manifestent une volonté de domination de la structure institutionnelle en Tunisie.
Il s’agit de vieilles pratiques des régimes d’oppression. Dominer pour détruire, créer le vide et avoir les mains libres. Les chiffres sont choquants, 90 % des nominations dans le secteur public ont été faites rien que par le gouvernement Jebali sur la base d’orientations partisanes, régionales ou familiales.
Seule la moitié des «intronisations» ont été publiées dans le Journal Officiel de la République Tunisienne, 87% des nominations ont été effectuées au profit des membres de la Troïka et 93% ont été en faveur d’Ennahdha.
En somme, les nominations qui se font aux «horaires administratifs» comme à la tombée de la nuit, sont estimées à 5265. Aucun secteur n’a été épargné : administration centrale, grandes entreprises et structures régionales. Ce qui inquiète le plus, c’est qu’au cours de cette période creuse, le fléau s’est amplifié, spécifiquement, au niveau du domaine bancaire et financier, champ d’action de prédilection des «frères» à travers tout leur parcours de lutte.
Les ministres délégués et conseillers, les présidents directeurs généraux des entreprises publiques, les hauts cadres, les gouverneurs, les secrétaires généraux des gouvernorats ainsi que les délégués et les cadres des municipalités appartiennent aussi à la mouvance fraternelle.
Les critères dans l’attribution des fonctions sont l’incompétence, les années d’incarcération, l’état psychique, le dévouement pour servir la confrérie à qui on doit obéir sans condition, la capacité à dégrader de la valeur à travers un «management» improvisé, et des programmes de recrutement pesants qui correspondent aux objectifs du parti.
Répercussions
Les dégâts et les risques sont de taille : décadence de la qualité des services publics, abus de pouvoir, dysfonctionnements des systèmes de contrôle, gestion déficiente des risques, directions générales autoritaires face à des administrateurs indifférents, processus de création de «richesses» grippé et pérennité d’exploitation de plusieurs entreprises menacée.
Selon une analyse de L’Association tunisienne de gouvernance, en cas d’application des normes comptables bien établies, entre 15 et 20 grandes entreprises publiques peuvent être considérées en quasi-faillite. D’après l’analyse, les situations ne sont pas dues à des pertes commerciales ou aux rythmes d’activité, mais à des problèmes de gestion sous des tutelles sans aucune compétence ni volonté pour la sauvegarde de l’intérêt de l’Etat et de ses structures.
Les experts posent des questions quant au rôle du ministère de la Gouvernance, du niveau de dégradation atteint par les instances de contrôle et de l’existence de marges de manœuvre pour remédier à cette situation lamentable sur le plan économique et social dans un pays où des secteurs vitaux ont été broyés et qui sont menacés par le chavirement en cas de non prise en charge urgente de leur condition d’activité par les forces vives du pays.
Le Syndicat national des conseillers des services publics (SNCSP), déçu des pratiques despotiques, appelle, à son tour, à l’ancrage du principe de neutralité de l’administration au niveau des textes et de la pratique et à l’adoption de la compétence comme critère essentiel dans l’attribution des fonctions sur la base de l’égalité des chances, de la primauté de l’intérêt national et de la conformité aux normes internationales de la gestion des ressources humaines.
Ainsi, tout a été orchestré pour freiner les réformes avec des institutions publiques détruites et incapables de soutenir l’initiative privée sans évoquer le minage fiscal et des finances publiques et la difficulté dans laquelle a été casé le secteur extérieur dont le déficit mensuel moyen était de 958 millions de dinars en 2013.
Les rumeurs qu’on fait circuler sur les difficultés du système bancaire, public et privé, malgré la solidité de ses assises financières sont propagées, de manière préméditée, pour consacrer l’idée de l’impossibilité de sa restructuration, de l’affermissement de son efficacité opérationnelle et de sa mise à niveau aux standards internationaux.
L’agitation sécuritaire ne peut que faire de l’amélioration de la condition économique de la population une mission délicate du fait de son aspect guettant l’engagement de la centrale syndicale et de l’organisation patronale pour bâtir une paix sociale durable.
Au vu des éléments présentés, le prochain gouvernement, bien que certains partis misent sur la programmation de son échec, à des fins électorales, pour faire prévaloir l’idée que la situation était meilleure sous la Troïka, doit faire preuve d’une haute technicité et surtout de courage et de détermination pour ne pas être piégé par la dispersion et la réactivité aléatoire.
*Spécialiste en gestion des risques financiers
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