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Dialogue national: Les manoeuvres d'Ennahdha pour créer l'imbroglio
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Toutes les parties prenantes au dialogue national déclarent leur espoir de trouver un consensus, au début de la semaine à venir, un consensus autour du nom du prochain chef du gouvernement. Mais aucune candidature ne semble recueillir, pour le moment, l’aval de tous.
Après la mise en veilleuse de la candidature de Ahmed Mestiri, proposé par Ettakatol, et de Mohamed Ennaceur, deux anciens-nouveaux noms émergeant comme candidats potentiels susceptibles de recueillir l’adhésion des participants au dialogue national : Jalloul Ayed et Abdelkrim Zebidi.
Le dialogue est, effectivement, en panne depuis plus de deux semaines, à cause, justement, du désaccord sur le nom du futur chef du gouvernement. Ce qui est en train de faire le bonheur de la Troïka et à sa tête Ali Laârayedh qui a, enfin, refait surface en sortant de son silence. « Le gouvernement actuel n’a pas été placé par l’opposition et ne partira pas par la volonté de celle-ci», a-t-il dit en substance.
Dans le même ordre d’idées, Rached Ghannouchi a réitéré que le gouvernement actuel est venu par les urnes et ne remettra les rênes du pouvoir qu’entre des mains sûres qui sauront préserver les acquis et les objectifs de la révolution, selon ses propos. « Le gouvernement d’Ali Laârayedh ne démissionnera pas avant l’achèvement de la rédaction de la Constitution et la formation de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE)», a-t-il précisé.
Pas plus tard qu’hier,samedi 16 novembre, Abdelkrim Harouni, ministre du Transport et un des dirigeants, qualifiés de faucons, du parti islamiste, a insisté, lors d’un meeting du mouvement d’Ennahdha à Sakiet Ezzit, sur le fait que le gouvernement ne démissionnera qu’après avoir accompli sa mission ».
C’est dire qu’Ennahdha tient au respect de cette fameuse clause « glissée » par Ali Laârayedh dans sa lettre d’engagement à démissionner trois semaines après le démarrage du dialogue national comme le stipule la feuille de route du quartet.
La clause, que certains avaient qualifiée déjà de véritable bombe à retardement, conditionne la démission par une simultanéité des deux processus, donc par l’obligation d’achever le processus constitutionnel.
Or, même si un consensus est trouvé à propos de la personnalité indépendante appelée à former le prochain gouvernement, le blocage risque de perdurer tant que l’Assemblée nationale constituante (ANC) n’aura pas accompli les missions qui lui sont dévolues, à savoir la formation de l’ISIE, la fixation de la date des futures élections, l’élaboration de la loi électorale et, bien évidemment, l’achèvement de la rédaction de la Constitution.
Et au rythme où vont les choses, rien ne laisse entrevoir une fin proche de la mission de l’Assemblée. Qu’on en juge…Tout d’abord, la formation de l’ISIE est stoppée par des considérations juridiques portant sur la légalité des décisions et des procédures prises par la Commission de sélection des candidats. Et l’attente risque d’être trop longue avant que le bras de fer lancé avec le Tribunal administratif ne soit réglé.
Et si la fixation de la date du prochain scrutin et l’élaboration de la loi électorale sont tributaires de la mise en place de ladite ISIE, la finition de la Constitution semble être le dernier des soucis des constituants, surtout ceux détenant la majorité.
En effet, au moment où il est impératif de se pencher sur les points ayant un rapport étroit avec les objectifs de la feuille de route des organisations parrainant le dialogue national, les élus d’Ennahdha semblent davantage préoccupés par la mise au point de nouveaux projets de loi.
C’est ainsi que les Tunisiens ont eu la surprise de l’éventuelle résurrection d’une ancienne pratique avec ce fameux projet de loi réinstaurant les habous et les awqafs, un projet qui crée des polémiques et des controverses supplémentaires et inutiles au sein de la classe politique et de la société civile.
Les observateurs sont persuadés que les Nahdhaouis sont en train d’agir d’une manière indirecte et pernicieuse en vue de faire prolonger le statu quo qui ne peut profiter qu’à la Troïka en place, dans le sens où elle multiplie les faits accomplis, notamment au sein des diverses administrations truffées de nominations à la solde du parti islamiste.
Les dernières nominations en les personnes de Ferjani Doghmane et du fils de Habib Ellouze sont l’illustration parfaite de cet état d’esprit régnant chez le mouvement d’Ennahdha. Sans compter les très nombreuses autres désignations effectuées en cet espace de deux ans de pouvoir, de façon à mettre la main sur les principales articulations et rouages de l’Etat.
Ces désignations touchent essentiellement les postes sensibles ayant un lien direct avec les mécanismes électoraux, en l’occurrence, les gouvernorats, les délégations et autres délégations spéciales aux municipalités. Pour ces dernières, à titre d’exemple, nombreuses sont les délégations qui exercent dans l’illégalité absolue suite à des jugements du Tribunal administratif annulant la dissolution des anciens conseils municipaux et l’installation desdites délégations.
D’ailleurs, selon le juge, Ahmed Souab, intervenu récemment à ce sujet, d’inévitables imbroglios vont voir le jour à l’avenir puisque toutes les décisions prises par ces délégations sont nulles et non avenues : autorisations, transactions, etc.
Ainsi et plus ces anomalies sont nombreuses, plus le futur gouvernement aura un véritable casse-tête difficile à résoudre. En attendant, l’ANC, qui prouve de plus en plus qu’elle représente le cœur du problème, poursuit les manœuvres destinées à ralentir le processus de transition démocratique.
Et en attendant, les leaders des deux principaux partis politiques d’Ennahdha et de Nidaa Tounes, Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi, multiplient les tractations sur la scène régionale et internationale. Des rencontres sont, ainsi, enregistrées, avec le président du puissant voisin algérien, avec l’ambassadeur de France, principal partenaire de la Tunisie, et bien entendu, avec l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique.
C’est dire que la situation politique, économique, sociale et sécuritaire en Tunisie est plus fragile que jamais et toutes les composantes du paysage politique sont conscientes qu’il faut s’en sortir le plus rapidement possible. Mais comment ?...
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