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Lumière sur la crise de l'aéroport international de Tozeur-Nefta
13/10/2013 | 1
min
Lumière sur la crise de l'aéroport international de Tozeur-Nefta
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Enclavement de la région sud-ouest, dépérissement de l’activité touristique du sud tunisien, manque à gagner économique dramatique…tels ont été les problèmes débattus lors de la réunion organisée le 11 octobre par l’association des amis du Jérid sous l’égide de Hassen Zargouni. La problématique principale fût le rôle de l’aéroport Tozeur-Nefta et son impact sur la vie économique et sociale de la région. Un sujet qui a suscité bien des controverses.

De l’encre a coulé autour du problème de l’aéroport Tozeur-Nefta. Gardera-t-il son statut d’aéroport international ? Faut-il supprimer les vols réguliers de Tunisair et Tunisair Express sur cette destination ? Plusieurs experts ont exprimé leurs opinions sur ce sujet en prenant le soin de spécifier que l’aéroport Tozeur-Nefta est probablement l’unique poumon économique de la région, aussi bien par les emplois directs et indirects qu’il génère que par son rôle de porte d’entrée aux touristes voulant visiter la région.

L’aéroport Tozeur-Nefta souffre d’une série de problèmes relatifs à la difficulté de programmation de vols au niveau des opérateurs étrangers. Cette difficulté provient du fait que la compagnie nationale, Tunisair, a elle-même des difficultés avec cette destination. Des annulations à répétition, des avions cloués au sol, des rendez-vous non assurés…

L’impact sur la région suite à ces difficultés est hautement négatif. Enclavement de la région, mort annoncée du tourisme saharien, désinvestissement des opérateurs économiques en plus de la pénalisation de l’activité et la marginalisation de la population. Au niveau social, ces difficultés ont également un impact certain : des autochtones coupés de leurs origines, une population en colère… L’expert Ahmed Smaoui, ancien ministre du Tourisme et des Transports, a apporté un éclairage supplémentaire sur les conséquences des dysfonctionnements de l’aéroport. Il a affirmé que le chiffre d’affaires du tourisme dans la région était de 50 millions de dinars en 2010 faisant ainsi vivre 1500 emplois directs et 3500 autres indirects. Aujourd’hui, ce chiffre d’affaires est divisé par deux. Sans toutefois occulter les problèmes structurels du tourisme de la région, l’expert n’a pas omis de citer le rôle du transporteur national et sa gestion de l’aéroport de Tozeur-Nefta.

Le deuxième expert qui est intervenu sur le sujet est Habib Ben Slama, un des pionniers de la compagnie Tunisair, a posé la question suivante : Est-ce que l’avion développe le tourisme ou est-ce le tourisme qui développe l’avion ? S’agissant de la destination Tozeur, M. Ben Slama a précisé que la compagnie nationale n’a jamais pu industrialiser cette destination, industrialiser dans le sens de rentabiliser des vols quotidiens vers Tozeur. Il a ajouté qu’en l’état actuel des choses, rien ne pouvait justifier la programmation de vols à destination de Tozeur.

Habib Ben Slama a proposé le système de hub pour avoir des vols à destination de Tozeur. Ce système permet d’instaurer deux rendez vous – par exemple- vers Tozeur, l’un le matin et l’autre le soir. Des vols qui permettront de rassembler les passagers en partance pour Tozeur après les avoir réunis à l’aéroport de Tunis. Une solution qui a paru radicale car cela suppose la suppression pure et simple des correspondances internationales à destination de Tozeur-Nefta. Mais ne serait-il pas plus réaliste de se plier aux exigences de rentabilité du transporteur ? La question reste posée.

Au cours de la conférence, la compagnie nationale de transport aérien, Tunisair, a eu son lot de critiques. Entre sa spécificité de compagnie nationale détenue par l’Etat et donc se devant d’être au service du citoyen même si elle y perd, et son caractère de compagnie commerciale soumise à des contraintes de rentabilité et de gain, Tunisair balance. Le représentant de Tunisair, en la personne de son directeur commercial, a beau reconnaître que la destination Tozeur-Nefta est déficitaire de 3 millions de dinars par an, que les annulations de vols sont dues à des pannes techniques de dernière minute et que ce sont les vols internationaux qui ont la priorité dans ce type de cas, mais il n’est pas parvenu à convaincre l'auditoire. Habib Ammar, directeur général de l’Office national du Tourisme tunisien (ONTT) a avoué, lors de son intervention, que même pour ses déplacements professionnels, Tozeur reste la destination la plus difficile pour trouver un vol et des billets.

Il est vrai que la compagnie Tunisair porte une grande responsabilité dans la gestion et l’avenir de l’aéroport Tozeur-Nefta et par conséquent sur le devenir touristique et économique de toute la région Sud-ouest. Toutefois, la gouvernance du tourisme saharien pose problème. Plusieurs intervenants se sont accordés à dire que le tourisme saharien en Tunisie est devenu, malgré lui, un tourisme résiduel dont le pic d’activité correspond à celui du tourisme balnéaire. Au lieu d’être une destination à part entière, le sud tunisien est devenu une destination d’excursion que certains touristes prennent la peine de voir au milieu d’un séjour réservé, en priorité, aux plages tunisiennes. Par conséquent, c’est la bérézina à Tozeur. Des hôtels à grande capacité sont désertés et des unités touristiques ferment les unes après les autres. La gestion approximative de l’aéroport et de la destination Tozeur-Nefta y sont pour une grande partie, mais il ne faut pas oublier les problèmes structurels de la région : des unités hôtelières inadaptées construites sur le modèle des villes balnéaires, une absence totale d’animation et d’activité en dehors des hôtels…

En conclusion, Tunisair a l'air de dire : Donnez-moi de la demande et des réservations et j’affréterai les avions et les hôteliers disent : Affrétez les avions et assurez le transport et les touristes viendront. Une espèce de cercle vicieux se crée tout en étant entouré par des contraintes financières et économiques des deux côtés. Jamel Gamra, ministre du Tourisme, avait promis lors de la journée mondiale du tourisme célébrée, cette année, à Tozeur, d’intensifier les vols internes à destination du sud tunisien et de maintenir les dessertes internationales. De bien belles promesses, difficiles à tenir quand on connaît la réalité des faits chez Tunisair. A l’arrivée à Tunis du vol spécial organisé par le ministère du Tourisme rentrant justement de Tozeur, les passagers, composés essentiellement d’ambassadeurs, de journalistes et de cadres du ministère, ont dû attendre pendant 45 minutes pour la récupération de leurs bagages alors que le vol n'a duré que 35 minutes. Le genre de détail qui « tue »…
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