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Dans la peau d'un salafiste d'Ansar Chariâa
30/08/2013 | 1
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Dans la peau d'un salafiste d'Ansar Chariâa
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Ce fût, sans conteste, l’événement de la semaine. La conférence de presse du ministère de l’Intérieur a tenté de lever le voile sur les enquêtes concernant les meurtres de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Selon les preuves du ministère, Ansar Chariâa est impliqué dans ces meurtres et entretient des relations viscérales avec AQMI (Al Qaïda au Maghreb Islamique) ce qui lui a valu d’être classée comme organisation terroriste.
Le timing de cette conférence de presse vient en pleine crise politique ce qui fait dire à certains que ce n’est qu’une manœuvre de diversion. Quoi qu’il en soit, la rupture entre Ennahdha et Ansar Chariâa semble consommée. Ceci est une interprétation que pourrait faire un membre d’Ansar Chariâa.

Comme l’ont dit les cheikhs Abou Mohamed Essafaxi, Mohamed Abou Bakr et Mohamed Khlif, Ennahdha inflige à Ansar Chariâa les mêmes pratiques dont elle a été victime il y a des années. En tant que salafiste appartenant à Ansar Chariâa, je me sens trahi par ce parti qui se dit « islamiste ». Notre mission et notre objectif est de faire appliquer la Chariâa en Tunisie. Allah nous a transmis des lois pour gérer notre vie quotidienne, pourquoi irions-nous concevoir une Constitution faite par des mortels faillibles ?
Les mécréants doivent être exécutés et les juifs doivent être exclus de notre pays. L’objectif final est d’unifier toute la nation arabe et musulmane afin de faire face à l’Occident mécréant. Car comme l’ont dit les cheikhs, c’est l’Occident qui tire les ficelles puisqu’Ennahdha nous a sacrifiés pour s’attirer ses bonnes grâces. Pour être juste, il faut spécifier que certains hommes de foi d’Ennahdha ont refusé ces pratiques. Habib Ellouze avait exprimé plusieurs fois son respect et sa sympathie envers Ansar Chariâa. Le cheikh Sadok Chourou a également pris ses distances avec des pratiques dont il a, lui-même, été victime, particulièrement vis-à-vis du classement en tant qu’organisation terroriste. Ajmi Lourimi a aussi exprimé son scepticisme envers une telle décision en déclarant qu’il ne pensait pas qu’Ennahdha l’accepterait.

La situation sociale, économique et politique du pays est en constante dégradation depuis qu’Ennahdha a pris le pouvoir. La raison est simple, il n’a pas voulu appliquer la loi divine, du temps de Hamadi Jebali et encore moins du temps d’Ali Laârayedh. Ce dernier nous classe aujourd’hui comme une organisation terroriste, après avoir dit que nous étions une organisation « illégale ». Nous ne l’étions pas quand nous avons conquis l’avenue Habib Bourguiba et quand il pouvait nous voir de la fenêtre de son bureau au ministère de l’Intérieur ? Nous ne l’étions pas quand ses « taghout » tentaient d’interpeller notre émir à la mosquée Al Fath ?
Aujourd’hui, nous sommes classés en tant qu’organisation terroriste mais qu’est ce que le terrorisme ? Si le terrorisme est de se battre pour la gloire d’Allah et pour imposer sa loi alors oui nous sommes des terroristes. Dans son communiqué publié en réponse aux accusations du ministère de l’Intérieur, Ansar Chariâa ne nie pas son implication dans les meurtres de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Par contre, l’organisation s’insurge contre la campagne de diabolisation qui la vise. Et de quelle manière…

La conférence de presse du ministère de l’Intérieur est émaillée de plusieurs incohérences. Des personnes étiquetées en tant que terroristes, exposées à la vue des médias et dont les photos ont parcouru tous les réseaux, sont aujourd’hui libres car le juge d’instruction a estimé qu’ils pouvaient sortir. Les représentants du ministère ont également parlé d’enquêtes et d’instructions en cours, mais qu’ils ont choisi de dévoiler certains éléments, n’est ce pas là un acte illégal ? Ils ont également donné une liste de personnes menacées de mort. Pourtant, plusieurs personnes sous protection policière ne figurent pas sur cette liste, et d’autres qui ne sont pas protégées y figurent. Le comble, c’est que les noms ne semblent pas avoir été vérifiés vu que Lina Ben Mhenni n’a pas de frère dénommé Faouzi, d’après ses propres dires. Tout ceci tend à nous faire penser à une mise en scène dont le seul objectif est de détourner l’attention de l’opinion publique des pourparlers entre partis, censés résoudre la crise politique, pour les concentrer sur l’organisation Ansar Al Chariâa.

Cette organisation n’a de cesse de défendre la loi d’Allah et porter sa parole à travers la prédication. Classer une telle organisation comme terroriste est une atteinte à la volonté d’Allah et à l’effort de prédication. Aujourd’hui, Ennahdha se doit de clarifier sa position et d’agir en conséquence. Il se doit de préciser s’il prend le chemin de l’affrontement ou s’il va se joindre à nous sur le chemin d’Allah. Hier, on était les « enfants » du cheikh Rached Ghannouchi et nous lui « rappelions sa jeunesse ». Hier, le ministère de l’Intérieur niait l’existence de camps d’entraînement jihadistes ou de complots terroristes. Aujourd’hui, nous sommes devenus une organisation dangereuse qui va être combattue par l’Etat. Si Ansar Al Chariâa était une organisation terroriste, des hommes politiques de la trempe d’Abderraouf Ayadi ou de Sadok Chourou ne seraient pas venus à nos meetings. Si Ansar Al Chariâa était une organisation terroriste nous n’aurions pas eu l’appui de l’ancien gouverneur de Kairouan, pour l’organisation de notre congrès, qu’on avait finalement fait à la cité Ettadhamen. Si Ansar Al Chariâa était une organisation terroriste, le ministre des Affaires religieuses, Noureddine Khademi, n’aurait pas si chaleureusement salué notre émir, Abou Iyadh.

La guerre d’Ennahdha contre Ansar Al Chariâa est motivée par la peur que leur inspire le succès grandissant de la prédication. Ils entament cette confrontation pour obéir à des ordres étrangers provenant des forces de l’Occident mécréant. Ennahdha utilise Ansar Chariâa comme une carte politique. Quand Ennahdha jouait sur la fibre islamiste de la population, Ansar Chariâa était son meilleur allié. Maintenant que la donne a changé, Ennahdha a décidé de sacrifier Ansar Chariâa dans l’espoir de pouvoir s’accrocher à des bribes de pouvoir.
Aucune force au monde ne pourra se dresser contre la volonté d’Allah. Tous ceux qui s’y sont essayé ont été laminés et Ennahdha ne fera pas l’exception. Allah n’abandonnera pas les défenseurs de sa volonté et les porteurs de sa parole.

Marouen Achouri
30/08/2013 | 1
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