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Sami, Amina et Jaber emprisonnés parce que leurs idées dérangent

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Sami Fehri, Amina Seboui et Jabeur Mejri, trois personnages et personnalités, jusque-là pour certains pas ou peu connus par le citoyen lambda, se retrouvent pointés du doigt et pris au piège des rouages de la justice.
Sami Fehri, Amina Seboui et Jabeur Mejri auront été le premier journaliste, la première féministe et le premier blogueur emprisonnés après le 14 janvier 2011. A part l’incarcération, leur point commun réside dans le fait qu’ils appartiennent, tous les trois, au monde de la communication.
Le cas Sami Fehri
Après la révolution de 2011, Sami Fehri, journaliste et patron de la société de production et de diffusion Cactus Prod, est interrogé par la justice au sujet de son association avec Belhassen Trabelsi, ce qui avait permis, selon les préjugés, à sa société de production d'avoir la mainmise totale sur le paysage médiatique tunisien. Suite à quoi, tous ses biens et avoirs ont été confisqués et sa société placée sous administration judiciaire.
Le 24 août 2012 La Chambre des mises en accusation de la Cour d'Appel de Tunis émet un mandat de dépôt à l’encontre de Sami Fehri, accusé d'usage illicite des ressources de l'Établissement de la télévision tunisienne. Le 30 août 2012, le patron de Cactus Prod se rend aux autorités et se constitue prisonnier.
Le 28 novembre 2012, la Cour de cassation ordonne la libération de Sami Fehri. Mais cette décision sera rejetée à deux reprises. Une première fois par le parquet qui considère que la cassation n'est pas concernée par le mandat de dépôt. Puis une seconde fois par la Chambre des mises en accusation à la Cour d’Appel de Tunis.
Le 5 avril 2013, La cour de cassation décide une nouvelle fois la libération de Sami Fehri, en cassant le verdict de la chambre des mises en accusation près la Cour d'Appel portant sur son emprisonnement et son inculpation. Mais la décision est, une nouvelle fois, rejetée par la chambre d’accusation au sein de la cour d’appel et décide, 19 jours plus tard de transférer l’affaire à la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis.
Cette dernière, émet, le 12 juin 2013 un mandat de dépôt à l'encontre de Sami Fehri, présumé, impliqué dans une affaire de contrats publicitaires « suspects » pour la Poste tunisienne.
Aujourd’hui, Sami Fehri est encore en prison, puisque le 1er juillet 2013, la cour de cassation a refusé, une énième fois, sa libération.
Le cas Amina
Amina Seboui est connue depuis le 1er mars 2013, date où elle diffuse sur les réseaux sociaux une photographie seins nus avec l’inscription « Mon corps m'appartient et n'est source d'honneur pour personne ».
Cette action suscite une grande polémique et lui vaut bon nombre de menaces de mort de la part des salafistes.
Le 1er mai, Amina refait parler d’elle en tentant de s'introduire au meeting du Congrès pour la République, pour dénoncer la ministre Sihem Badi et le « traitement qui est infligé au peuple tunisien par ses nouveaux maîtres », mais les policiers sur place l’en empêchent.
Jusque là décriée, interpelée par la police puis relâchée, Amina finit par être arrêtée le 19 mai 2013 pour avoir tagué le muret d'un cimetière à Kairouan, ville où devait se tenir le congrès du groupe Ansar al-Chariâa, le nom « Femen » pour revendiquer les acquis menacés des femmes.
Suite à cette non-affaire, Amina se retrouve inculpée pour détention d'un aérosol d'autodéfense et de profanation d'un cimetière, ce qui lui ferait encourir jusqu’à deux ans et demi de prison si elle est condamnée.
Même en prison, le dossier d’Amina se trouve alourdi par de nouvelles charges, notamment un chef d’accusation, pour «outrage à un fonctionnaire public ou assimilé par les gestes, les paroles ou menaces», passible d’un an de prison.
Le cas Jabeur Mejri
Moins médiatisé, Jabeur Mejri est lui aussi en prison pour avoir exprimé ses opinions, et ce, depuis le 28 mars 2012 lorsqu’il a été condamné à sept ans et demi de prison et à une amende de 1200 dinars pour avoir publié sur les réseaux sociaux des dessins représentants le Prophète Mahomet et des livres critiquant l’Islam. Ce jugement rendu pour avoir « insulté les autres via des réseaux publics de communication », de « diffusion de publications et d’écrits qui pourraient « troubler l’ordre public » et «transgresser la morale », se trouve confirmé le 25 juin 2012, par la Cour d’Appel de Monastir.
Dans cette affaire Jabeur Mejri n’a pas été le seul à être poursuivi et condamné, son ami Ghazi Béji l’a été également, mais ce dernier a eu la « chance » de fuir la Tunisie, et a été jugé par contumace.
Ces trois cas sont des non affaires devenues des affaires pénalement répréhensibles pour des raisons plus qu’évidentes. Malgré les preuves de son innocence et les décisions de libération, maintes fois prononcées par la cour de Cassation, Sami Fehri croupit encore en prison puisque sa chaîne télévisée ne s’est pas pliée aux exigences de la bienséance de la censure.
Amina voit s’amonceler les charges à son encontre, qui se retrouvent parfois abandonnées quand des cris au complot politique sont lancés, puisqu’elle n’a pas respecté les règles de bienséance sociale de la « nouvelle société musulmane », qui tolère, pourtant, « Jihad Ennikah ».
Jabeur Mejri, lui aussi, se retrouve condamné par une justice des hommes pour avoir émis une opinion sur une croyance et n’a donc pas, lui non plus, respecté ces règles de bienséance que certains hommes placent au niveau du sacré. Pourtant n’est-il pas dit dans le Coran que : «Nous ne t'avons point envoyé pour être leur gardien» (IV, 80), «Tu ne disposes pas sur eux de coercition» (L, 45) ou encore «Lance donc le Rappel : tu n'es là que celui qui rappelle, tu n'es pas pour eux celui qui régit» (LXXXVIII, 22-23).
Ne sont-ils donc pas plutôt en prison pour délit d’indépendance pour l’un, d’expression pour la seconde et d’opinion pour le troisième ?
Sami Fehri, Amina Seboui et Jabeur Mejri auront été le premier journaliste, la première féministe et le premier blogueur emprisonnés après le 14 janvier 2011. A part l’incarcération, leur point commun réside dans le fait qu’ils appartiennent, tous les trois, au monde de la communication.
Le cas Sami Fehri
Après la révolution de 2011, Sami Fehri, journaliste et patron de la société de production et de diffusion Cactus Prod, est interrogé par la justice au sujet de son association avec Belhassen Trabelsi, ce qui avait permis, selon les préjugés, à sa société de production d'avoir la mainmise totale sur le paysage médiatique tunisien. Suite à quoi, tous ses biens et avoirs ont été confisqués et sa société placée sous administration judiciaire.
Le 24 août 2012 La Chambre des mises en accusation de la Cour d'Appel de Tunis émet un mandat de dépôt à l’encontre de Sami Fehri, accusé d'usage illicite des ressources de l'Établissement de la télévision tunisienne. Le 30 août 2012, le patron de Cactus Prod se rend aux autorités et se constitue prisonnier.
Le 28 novembre 2012, la Cour de cassation ordonne la libération de Sami Fehri. Mais cette décision sera rejetée à deux reprises. Une première fois par le parquet qui considère que la cassation n'est pas concernée par le mandat de dépôt. Puis une seconde fois par la Chambre des mises en accusation à la Cour d’Appel de Tunis.
Le 5 avril 2013, La cour de cassation décide une nouvelle fois la libération de Sami Fehri, en cassant le verdict de la chambre des mises en accusation près la Cour d'Appel portant sur son emprisonnement et son inculpation. Mais la décision est, une nouvelle fois, rejetée par la chambre d’accusation au sein de la cour d’appel et décide, 19 jours plus tard de transférer l’affaire à la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis.
Cette dernière, émet, le 12 juin 2013 un mandat de dépôt à l'encontre de Sami Fehri, présumé, impliqué dans une affaire de contrats publicitaires « suspects » pour la Poste tunisienne.
Aujourd’hui, Sami Fehri est encore en prison, puisque le 1er juillet 2013, la cour de cassation a refusé, une énième fois, sa libération.
Le cas Amina
Amina Seboui est connue depuis le 1er mars 2013, date où elle diffuse sur les réseaux sociaux une photographie seins nus avec l’inscription « Mon corps m'appartient et n'est source d'honneur pour personne ».
Cette action suscite une grande polémique et lui vaut bon nombre de menaces de mort de la part des salafistes.
Le 1er mai, Amina refait parler d’elle en tentant de s'introduire au meeting du Congrès pour la République, pour dénoncer la ministre Sihem Badi et le « traitement qui est infligé au peuple tunisien par ses nouveaux maîtres », mais les policiers sur place l’en empêchent.
Jusque là décriée, interpelée par la police puis relâchée, Amina finit par être arrêtée le 19 mai 2013 pour avoir tagué le muret d'un cimetière à Kairouan, ville où devait se tenir le congrès du groupe Ansar al-Chariâa, le nom « Femen » pour revendiquer les acquis menacés des femmes.
Suite à cette non-affaire, Amina se retrouve inculpée pour détention d'un aérosol d'autodéfense et de profanation d'un cimetière, ce qui lui ferait encourir jusqu’à deux ans et demi de prison si elle est condamnée.
Même en prison, le dossier d’Amina se trouve alourdi par de nouvelles charges, notamment un chef d’accusation, pour «outrage à un fonctionnaire public ou assimilé par les gestes, les paroles ou menaces», passible d’un an de prison.
Le cas Jabeur Mejri
Moins médiatisé, Jabeur Mejri est lui aussi en prison pour avoir exprimé ses opinions, et ce, depuis le 28 mars 2012 lorsqu’il a été condamné à sept ans et demi de prison et à une amende de 1200 dinars pour avoir publié sur les réseaux sociaux des dessins représentants le Prophète Mahomet et des livres critiquant l’Islam. Ce jugement rendu pour avoir « insulté les autres via des réseaux publics de communication », de « diffusion de publications et d’écrits qui pourraient « troubler l’ordre public » et «transgresser la morale », se trouve confirmé le 25 juin 2012, par la Cour d’Appel de Monastir.
Dans cette affaire Jabeur Mejri n’a pas été le seul à être poursuivi et condamné, son ami Ghazi Béji l’a été également, mais ce dernier a eu la « chance » de fuir la Tunisie, et a été jugé par contumace.
Ces trois cas sont des non affaires devenues des affaires pénalement répréhensibles pour des raisons plus qu’évidentes. Malgré les preuves de son innocence et les décisions de libération, maintes fois prononcées par la cour de Cassation, Sami Fehri croupit encore en prison puisque sa chaîne télévisée ne s’est pas pliée aux exigences de la bienséance de la censure.
Amina voit s’amonceler les charges à son encontre, qui se retrouvent parfois abandonnées quand des cris au complot politique sont lancés, puisqu’elle n’a pas respecté les règles de bienséance sociale de la « nouvelle société musulmane », qui tolère, pourtant, « Jihad Ennikah ».
Jabeur Mejri, lui aussi, se retrouve condamné par une justice des hommes pour avoir émis une opinion sur une croyance et n’a donc pas, lui non plus, respecté ces règles de bienséance que certains hommes placent au niveau du sacré. Pourtant n’est-il pas dit dans le Coran que : «Nous ne t'avons point envoyé pour être leur gardien» (IV, 80), «Tu ne disposes pas sur eux de coercition» (L, 45) ou encore «Lance donc le Rappel : tu n'es là que celui qui rappelle, tu n'es pas pour eux celui qui régit» (LXXXVIII, 22-23).
Ne sont-ils donc pas plutôt en prison pour délit d’indépendance pour l’un, d’expression pour la seconde et d’opinion pour le troisième ?
Inès Chaïeb
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