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L'Egypte s'agite, la Tunisie retient son souffle

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Au-delà du nombre de décès, ce qu’on peut conclure du carnage perpétré, aujourd’hui, lundi 8 juillet 2013 au Caire, c’est que les Frères musulmans sont parvenus à pousser l’armée à l’erreur intolérable, qui a ébranlé « l’union sacrée » autour des militaires. Ainsi, le parti salafiste Al-Nour a décidé de suspendre les discussions pour la nomination du nouveau Premier ministre et la formation d'un gouvernement de transition. Les salafistes ont dénoncé un "massacre". Comment pourrait donc évoluer la situation en Egypte et quel impact sur la Tunisie ?
De l’avis des observateurs, les Frères musulmans égyptiens ont multiplié les provocations pour pousser l’armée à tirer sur les manifestants. L’objectif visé et obtenu est celui de gagner le statut de victimes sur le terrain suite aux dizaines de décès constatés.
Lorsque tu entends des témoins dire que l'armée et la police avaient tiré à balles réelles, les forces de l’ordre sont systématiquement condamnées de la part de l’opinion publique à l’échelle locale ou internationale, même si ces tirs ont été opérés en légitime défense.
L’armée a par ailleurs essayé de se défendre en publiant un communiqué expliquant les circonstances de ces incidents. "A l'aube, un groupe de terroristes armés a essayé d'envahir le (bâtiment) de la Garde républicaine, attaquant les soldats et la police, provoquant la mort d'un officier et blessant plusieurs conscrits, dont six sont dans un état critique", a assuré le communiqué.
Mais, ce sont plutôt les Frères musulmans qui essaient de sauter sur cet « incident » dont ils étaient à l’origine. Ils ont appelé à un "soulèvement" populaire pour revenir à la légitimité électorale, celle que le peuple a accordé à Mohamed Morsi dans des élections libres et transparentes, les premières de l’histoire de l’Egypte.
Le scénario est bien ficelé. L’armée est sur la défensive. Elle a ordonné l’ouverture d’une enquête et diffusé des vidéos montrant l’aspect agressif des manifestants et leurs attaques contre les bâtiments des forces de l’ordre. Mais, plusieurs organisations de la société civile crient déjà leur colère contre ce « carnage » et le front politique créé le 30 juin a perdu les salafistes du parti Al-Nour.
Cet incident a remis la situation au point zéro alors que les observateurs avaient cru que la rue opposée à Morsi et l’armée allaient l’emporter grâce aux grandes manifestations du dimanche 07 juillet. Mais, c’était compter sans les tactiques de guérilla des Frères musulmans qui veulent éloigner les citoyens ordinaires de leur conflit face à l’armée.
Selon cette éventuelle tournure des événements, l’Egypte pourrait verser dans une guerre civile, voire une dictature de l’armée. Les Frères musulmans pourraient acquérir du soutien aussi bien populaire qu’à l’échelle internationale. Ils seraient alors des victimes à double échelle. Un président élu destitué par l’armée. Laquelle armée tire à balles réelles sur des manifestants pacifiques.
Personne ne saurait alors défendre la dictature ouverte de l’armée, à moins que le peuple ne descende de nouveau dans la rue pour condamner Morsi et la confrérie. C’est l’unique alternative pour renverser la vapeur pour les gens de Tamarrod s’ils veulent maintenir l’avantage obtenu à l’issue de la Journée historique du 30 juin 2013.
Ces bouleversements de la scène égyptienne ont des conséquences évidentes sur la Tunisie. Le leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, est par ailleurs monté au créneau depuis samedi dernier en appelant le peuple égyptien à rester dans les rues jusqu’au retour de Mohamed Morsi au pouvoir.
Le leader d’Ennahdha a pleinement compris l’impact dangereux de la stabilisation de la situation en Egypte après la destitution de Morsi, si on l’associe aux échecs constatés en Syrie, au flottement en Libye et au départ de l’Emir du Qatar. Les islamistes d’Ennahdha seront seuls sur l’arène et, au mieux, ils seront appelés à des concessions sans fin par rapport à leurs desseins initiaux.
C’est cette lecture qui a été derrière la montée des multiples voix d’Ennahdha et de ses alliés dans la Troïka au pouvoir en Tunisie pour défendre la légitimité. « Morsi va reconquérir son pouvoir, comme Chavez au Venezuela », a insisté Ghannouchi.
« Ce qui se passe en Egypte pourrait engendrer une anarchie inextricable, ou une guerre civile. Nos cœurs sont avec l’Egypte, mais nous ne voulons pas que la Tunisie se retrouve dans la même situation», a indiqué Mouldi Riahi, président du groupe parlementaire d’Ettakatol, allié d’Ennahdha au sein de la Troïka gouvernante.
Même son de cloche du côté du CPR. Son secrétaire général, Imed Daïmi, considère que « l’armée est une ligne rouge ». Depuis hier, ils montent tous en créneau en accusant l’opposition de soutien aux militaires qui opèrent des carnages contre la population désarmée.
En face, si Nidaa Tounes avait, au départ, réclamé ‘la dissolution du gouvernement et la formation d’un cabinet de salut national composé de compétences nationales après les consultations d’usage au sein de la classe politique’, en s’inspirant de l’exemple égyptien, les derniers développements affaiblissent sa position.
Ainsi, chaque clan politique en Tunisie croise ses doigts en pensant à l’Egypte. Mais, pas dans le même objectif. Ce qui importe le plus pour les différents protagonistes, c’est de parvenir à un consensus viable. Ce qui se passe en Egypte doit pousser la classe politique tunisienne à réfléchir davantage et être plus souple.
De l’avis des observateurs, les Frères musulmans égyptiens ont multiplié les provocations pour pousser l’armée à tirer sur les manifestants. L’objectif visé et obtenu est celui de gagner le statut de victimes sur le terrain suite aux dizaines de décès constatés.
Lorsque tu entends des témoins dire que l'armée et la police avaient tiré à balles réelles, les forces de l’ordre sont systématiquement condamnées de la part de l’opinion publique à l’échelle locale ou internationale, même si ces tirs ont été opérés en légitime défense.
L’armée a par ailleurs essayé de se défendre en publiant un communiqué expliquant les circonstances de ces incidents. "A l'aube, un groupe de terroristes armés a essayé d'envahir le (bâtiment) de la Garde républicaine, attaquant les soldats et la police, provoquant la mort d'un officier et blessant plusieurs conscrits, dont six sont dans un état critique", a assuré le communiqué.
Mais, ce sont plutôt les Frères musulmans qui essaient de sauter sur cet « incident » dont ils étaient à l’origine. Ils ont appelé à un "soulèvement" populaire pour revenir à la légitimité électorale, celle que le peuple a accordé à Mohamed Morsi dans des élections libres et transparentes, les premières de l’histoire de l’Egypte.
Le scénario est bien ficelé. L’armée est sur la défensive. Elle a ordonné l’ouverture d’une enquête et diffusé des vidéos montrant l’aspect agressif des manifestants et leurs attaques contre les bâtiments des forces de l’ordre. Mais, plusieurs organisations de la société civile crient déjà leur colère contre ce « carnage » et le front politique créé le 30 juin a perdu les salafistes du parti Al-Nour.
Cet incident a remis la situation au point zéro alors que les observateurs avaient cru que la rue opposée à Morsi et l’armée allaient l’emporter grâce aux grandes manifestations du dimanche 07 juillet. Mais, c’était compter sans les tactiques de guérilla des Frères musulmans qui veulent éloigner les citoyens ordinaires de leur conflit face à l’armée.
Selon cette éventuelle tournure des événements, l’Egypte pourrait verser dans une guerre civile, voire une dictature de l’armée. Les Frères musulmans pourraient acquérir du soutien aussi bien populaire qu’à l’échelle internationale. Ils seraient alors des victimes à double échelle. Un président élu destitué par l’armée. Laquelle armée tire à balles réelles sur des manifestants pacifiques.
Personne ne saurait alors défendre la dictature ouverte de l’armée, à moins que le peuple ne descende de nouveau dans la rue pour condamner Morsi et la confrérie. C’est l’unique alternative pour renverser la vapeur pour les gens de Tamarrod s’ils veulent maintenir l’avantage obtenu à l’issue de la Journée historique du 30 juin 2013.
Ces bouleversements de la scène égyptienne ont des conséquences évidentes sur la Tunisie. Le leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, est par ailleurs monté au créneau depuis samedi dernier en appelant le peuple égyptien à rester dans les rues jusqu’au retour de Mohamed Morsi au pouvoir.
Le leader d’Ennahdha a pleinement compris l’impact dangereux de la stabilisation de la situation en Egypte après la destitution de Morsi, si on l’associe aux échecs constatés en Syrie, au flottement en Libye et au départ de l’Emir du Qatar. Les islamistes d’Ennahdha seront seuls sur l’arène et, au mieux, ils seront appelés à des concessions sans fin par rapport à leurs desseins initiaux.
C’est cette lecture qui a été derrière la montée des multiples voix d’Ennahdha et de ses alliés dans la Troïka au pouvoir en Tunisie pour défendre la légitimité. « Morsi va reconquérir son pouvoir, comme Chavez au Venezuela », a insisté Ghannouchi.
« Ce qui se passe en Egypte pourrait engendrer une anarchie inextricable, ou une guerre civile. Nos cœurs sont avec l’Egypte, mais nous ne voulons pas que la Tunisie se retrouve dans la même situation», a indiqué Mouldi Riahi, président du groupe parlementaire d’Ettakatol, allié d’Ennahdha au sein de la Troïka gouvernante.
Même son de cloche du côté du CPR. Son secrétaire général, Imed Daïmi, considère que « l’armée est une ligne rouge ». Depuis hier, ils montent tous en créneau en accusant l’opposition de soutien aux militaires qui opèrent des carnages contre la population désarmée.
En face, si Nidaa Tounes avait, au départ, réclamé ‘la dissolution du gouvernement et la formation d’un cabinet de salut national composé de compétences nationales après les consultations d’usage au sein de la classe politique’, en s’inspirant de l’exemple égyptien, les derniers développements affaiblissent sa position.
Ainsi, chaque clan politique en Tunisie croise ses doigts en pensant à l’Egypte. Mais, pas dans le même objectif. Ce qui importe le plus pour les différents protagonistes, c’est de parvenir à un consensus viable. Ce qui se passe en Egypte doit pousser la classe politique tunisienne à réfléchir davantage et être plus souple.
Mounir Ben Mahmoud
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