A la Une
Forum Réalités - En Tunisie, la volonté politique prend le dessus sur celle du peuple

{legende_image}
Les défis de l’économie nationale en cette période de transition s’installent encore au cœur des débats entre différents opérateurs économiques. On y déverse ainsi les maux d’une économie déchirée par une révolution mais surtout taxée d’une anarchie à plus d’un titre. Et au gouvernement de faire la sourde oreille aux remèdes qu’éminents experts proposent, pis : il enfonce davantage le clou en optant pour des solutions qui enveniment le tissu économique et surchargent le contribuable de plus belle.
Le prêt de précaution du Fonds Monétaire International (FMI) en est un parfait exemple. A tendre l’oreille aux discours des économistes, on croit pouvoir s’approcher d’une porte de sortie de l’actuelle crise, mais à défaut d’une réelle volonté politique, il n’en sera rien.
Dans cette optique de débat à sens unique d’économistes et experts, le magazine Réalités a tenu son 16ème Forum international autour de la question : « La Tunisie et les pays du printemps arabe : Enjeux et dynamiques ». Le débat était riche en constats, mais aussi en propositions résolutives.
Mahmoud Ben Romdhane, professeur universitaire en macro-économie et membre du parti Nidaa Tounes, parle de deux secteurs économiques clés qui sont sinistrés : le tourisme et le phosphate. Selon lui, si le premier connaît d’importantes difficultés actuellement, cela est dû à la prolifération des organisations qui prônent la haine et la violence. M. Ben Romdhane souligne que cette problématique est du seul ressort du gouvernement, coupable, à ce titre, d’avoir laissé se développer ce type d’organisations sans s’interroger sur les conséquences tendancieusement dangereuses.
En ce qui concerne le secteur du phosphate, et au regard de la détérioration à grande vitesse de cette activité dynamique, et du manque voire absence totale de la sagesse du gouvernement dans la résolution de la situation de crise, Mahmoud Ben Romdhane appelle à la tenue d’un débat national autour de la question. Ajoutant qu’il faut impérativement mettre en place une administration neutre et compétente qui ne soit pas instrumentalisée par des partis politiques.
Pour sa part, Ghazi Ben Tounes, gérant d’une société dans la région MENA, estime qu’il faut éviter de noyer le problème du tourisme par la question de l’insécurité pouvant dissuader les touristes à choisir la destination Tunisie. La question de l’insécurité prend des proportions surdimensionnées d’après M. Ben Tounes dans les médias français, en l’occurrence. A ce sujet, Chakib Nouira, ancien président de la Maison de l’Entreprise et éminent homme d’affaires, a précisé que bien que les médias exagèrent dans leur description de la situation sécuritaire en Tunisie, il n’en demeure pas moins que le problème est bien réel. La question de l’insécurité touche, de prime abord, le citoyen tunisien avant même le touriste. Et puis, la sécurité est une condition sine qua non pour le secteur touristique mais aussi pour attirer les investissements étrangers.
Une remarque a, cependant, été relevée par Ghazi Ben Tounes, l’administration doit certes être dotée de cadres professionnels mais elle doit de même éviter d’évincer ceux de l’ancien régime pour le simple motif qu’ils en aient pu faire partie un jour. Selon Ben Tounes, on a tous fait partie de l’ancien régime.
Profitant de la présence d’un membre du parti Nidaa Tounes, Taïeb Zahar, président du Forum International de Réalités a interpellé Mahmoud Ben Romdhane sur le programme économique du parti, se demandant pourquoi il tarde à venir et si cela fait partie d’une stratégie électorale. Taïeb Zahar a fait remarquer que communiquer son programme économique octroie davantage de crédibilité au parti, ajoutant qu’il doit, de même, faire l’objet d’un débat, surtout que le débat économique est quasiment inexistant aujourd’hui en Tunisie.
D’après les dires de Mahmoud Ben Romdhane, l’intégration maghrébine est une soupape de secours pour sortir l’économie nationale de la crise, eu égard de même à l’interdiction de la Tunisie aux marchés financiers internationaux en raison de la dégradation de notre note souveraine. En revanche, si l’intégration maghrébine se fait encore désirer, plus de 20 ans de l’UMA (Union Maghrébine arabe) c’est que le signal attendu de l’Algérie, l’est encore.
S’agissant des obstacles que rencontrent les entreprises tunisiennes, Tarek Chérif, président de la CONECT (Confédération Nationale des Entreprises Citoyennes Tunisiennes), a souligné la baisse significative du nombre d’entreprises et du manque d’incitation à l’entreprenariat pour les jeunes diplômés. Aussi, Tarek Chérif a-t-il fait un clin d’œil à la mauvaise presse dont les hommes d’affaires sont taxés et de la manière préjudiciable de laquelle ils sont perçus. D’ailleurs, cette image n’encourage pas les jeunes à intégrer le monde des affaires.
Retour à la question de l’administration, qui souffre actuellement d’un sureffectif : 500 000 employés alors que la norme internationale est de 200 000. Ce chiffre représente une charge bien lourde pour l’économie tunisienne, pour le budget de l’Etat ainsi que pour l’entreprise au niveau de son développement et du coût de ses facteurs de production.
D’autres éléments ont été évoqués : les 395 000 forfaitaires qui pèsent lourd sur la répartition fiscale, un chiffre qui pourrait être réduit à 100 000 d’après Tarek Chérif car il n’est pas possible d’en avoir plus en Tunisie. Quant à l’exportation, il n’existe aucune tendance à l’encourager, pire il a été supprimé une mesure s’inscrivant dans le cadre d’incitation à l’exportation, à savoir : la prise en charge de l’Etat de 10 à 15% du coût de transport, une mesure qui contribue à l’allégement des charges de l’entreprise exportatrice, participe à la progression de la compétitivité et la diminution du coût de revient. Cet intéressement a été donc supprimé par l’Etat. Allez savoir pourquoi.
Tarek Chérif ajoute que les problèmes que connaît, en outre, le port de Radès, ne font que rajouter une couche taxant ainsi la compétitivité des entreprises tunisiennes exportatrices. Il existe, en effet, des coûts inhérents à la gestion publique du port de Radès qui alourdissent les charges des entités économiques.
Si Ahmed El Ghozali, ancien Premier ministre algérien a évoqué l’expérience de l’Algérie en la matière. Selon lui, la Tunisie aurait dû ou pu emprunter auprès du FMI avant les élections du 23 octobre de manière à pouvoir rabibocher l’économie tunisienne avant que le peuple ne soit obligé à céder au populisme dont ont profité certains partis politiques lors de leurs campagnes électorales.
Quant à la question de l’intégration maghrébine, la volonté politique demeure la clé même de sa concrétisation. Une volonté politique qui se fait superbement attendre, plus de 20 années durant ! Et même le fameux printemps arabe n’y a rien pu. Le constat est on ne peut plus clair : tout est question d’une volonté politique, bien que la révolution implique l’exercice de la volonté du peuple.
Le prêt de précaution du Fonds Monétaire International (FMI) en est un parfait exemple. A tendre l’oreille aux discours des économistes, on croit pouvoir s’approcher d’une porte de sortie de l’actuelle crise, mais à défaut d’une réelle volonté politique, il n’en sera rien.
Dans cette optique de débat à sens unique d’économistes et experts, le magazine Réalités a tenu son 16ème Forum international autour de la question : « La Tunisie et les pays du printemps arabe : Enjeux et dynamiques ». Le débat était riche en constats, mais aussi en propositions résolutives.
Mahmoud Ben Romdhane, professeur universitaire en macro-économie et membre du parti Nidaa Tounes, parle de deux secteurs économiques clés qui sont sinistrés : le tourisme et le phosphate. Selon lui, si le premier connaît d’importantes difficultés actuellement, cela est dû à la prolifération des organisations qui prônent la haine et la violence. M. Ben Romdhane souligne que cette problématique est du seul ressort du gouvernement, coupable, à ce titre, d’avoir laissé se développer ce type d’organisations sans s’interroger sur les conséquences tendancieusement dangereuses.
En ce qui concerne le secteur du phosphate, et au regard de la détérioration à grande vitesse de cette activité dynamique, et du manque voire absence totale de la sagesse du gouvernement dans la résolution de la situation de crise, Mahmoud Ben Romdhane appelle à la tenue d’un débat national autour de la question. Ajoutant qu’il faut impérativement mettre en place une administration neutre et compétente qui ne soit pas instrumentalisée par des partis politiques.
Pour sa part, Ghazi Ben Tounes, gérant d’une société dans la région MENA, estime qu’il faut éviter de noyer le problème du tourisme par la question de l’insécurité pouvant dissuader les touristes à choisir la destination Tunisie. La question de l’insécurité prend des proportions surdimensionnées d’après M. Ben Tounes dans les médias français, en l’occurrence. A ce sujet, Chakib Nouira, ancien président de la Maison de l’Entreprise et éminent homme d’affaires, a précisé que bien que les médias exagèrent dans leur description de la situation sécuritaire en Tunisie, il n’en demeure pas moins que le problème est bien réel. La question de l’insécurité touche, de prime abord, le citoyen tunisien avant même le touriste. Et puis, la sécurité est une condition sine qua non pour le secteur touristique mais aussi pour attirer les investissements étrangers.
Une remarque a, cependant, été relevée par Ghazi Ben Tounes, l’administration doit certes être dotée de cadres professionnels mais elle doit de même éviter d’évincer ceux de l’ancien régime pour le simple motif qu’ils en aient pu faire partie un jour. Selon Ben Tounes, on a tous fait partie de l’ancien régime.
Profitant de la présence d’un membre du parti Nidaa Tounes, Taïeb Zahar, président du Forum International de Réalités a interpellé Mahmoud Ben Romdhane sur le programme économique du parti, se demandant pourquoi il tarde à venir et si cela fait partie d’une stratégie électorale. Taïeb Zahar a fait remarquer que communiquer son programme économique octroie davantage de crédibilité au parti, ajoutant qu’il doit, de même, faire l’objet d’un débat, surtout que le débat économique est quasiment inexistant aujourd’hui en Tunisie.
D’après les dires de Mahmoud Ben Romdhane, l’intégration maghrébine est une soupape de secours pour sortir l’économie nationale de la crise, eu égard de même à l’interdiction de la Tunisie aux marchés financiers internationaux en raison de la dégradation de notre note souveraine. En revanche, si l’intégration maghrébine se fait encore désirer, plus de 20 ans de l’UMA (Union Maghrébine arabe) c’est que le signal attendu de l’Algérie, l’est encore.
S’agissant des obstacles que rencontrent les entreprises tunisiennes, Tarek Chérif, président de la CONECT (Confédération Nationale des Entreprises Citoyennes Tunisiennes), a souligné la baisse significative du nombre d’entreprises et du manque d’incitation à l’entreprenariat pour les jeunes diplômés. Aussi, Tarek Chérif a-t-il fait un clin d’œil à la mauvaise presse dont les hommes d’affaires sont taxés et de la manière préjudiciable de laquelle ils sont perçus. D’ailleurs, cette image n’encourage pas les jeunes à intégrer le monde des affaires.
Retour à la question de l’administration, qui souffre actuellement d’un sureffectif : 500 000 employés alors que la norme internationale est de 200 000. Ce chiffre représente une charge bien lourde pour l’économie tunisienne, pour le budget de l’Etat ainsi que pour l’entreprise au niveau de son développement et du coût de ses facteurs de production.
D’autres éléments ont été évoqués : les 395 000 forfaitaires qui pèsent lourd sur la répartition fiscale, un chiffre qui pourrait être réduit à 100 000 d’après Tarek Chérif car il n’est pas possible d’en avoir plus en Tunisie. Quant à l’exportation, il n’existe aucune tendance à l’encourager, pire il a été supprimé une mesure s’inscrivant dans le cadre d’incitation à l’exportation, à savoir : la prise en charge de l’Etat de 10 à 15% du coût de transport, une mesure qui contribue à l’allégement des charges de l’entreprise exportatrice, participe à la progression de la compétitivité et la diminution du coût de revient. Cet intéressement a été donc supprimé par l’Etat. Allez savoir pourquoi.
Tarek Chérif ajoute que les problèmes que connaît, en outre, le port de Radès, ne font que rajouter une couche taxant ainsi la compétitivité des entreprises tunisiennes exportatrices. Il existe, en effet, des coûts inhérents à la gestion publique du port de Radès qui alourdissent les charges des entités économiques.
Si Ahmed El Ghozali, ancien Premier ministre algérien a évoqué l’expérience de l’Algérie en la matière. Selon lui, la Tunisie aurait dû ou pu emprunter auprès du FMI avant les élections du 23 octobre de manière à pouvoir rabibocher l’économie tunisienne avant que le peuple ne soit obligé à céder au populisme dont ont profité certains partis politiques lors de leurs campagnes électorales.
Quant à la question de l’intégration maghrébine, la volonté politique demeure la clé même de sa concrétisation. Une volonté politique qui se fait superbement attendre, plus de 20 années durant ! Et même le fameux printemps arabe n’y a rien pu. Le constat est on ne peut plus clair : tout est question d’une volonté politique, bien que la révolution implique l’exercice de la volonté du peuple.
Nadya B’CHIR
sur le fil
Dans la même Rubrique

L’incroyable traque de Ridha Charfeddine
02/05/2025
11
Commentaires