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14 janvier l'Enquête - Des détails pour reconstruire l'Histoire

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Sortira dans les librairies, dès le vendredi 29 mars 2013, un livre tunisien à l’intitulé fort révélateur quant au contenu : 14 janvier, l’Enquête, édité chez Apollonia Editions. Le livre, écrit conjointement par Abdelaziz Belkhodja et Tarak Cheikhrouhou, compte 195 pages et est composé, en partie, de diverses illustrations (photos, tableaux récapitulatifs…).
D’emblée, les auteurs précisent leur démarche et l’expliquent au lecteur : il faut faire table rase de toutes les informations que l’on pense détenir quant à ce jour qui a vu basculer l’histoire de la Tunisie. En effet, les différentes versions rapportées s’avèrent souvent être des rumeurs. C’est grâce à des recoupements et à des collectes rigoureuses de témoignages que ce livre a pu voir le jour.
Contrairement à ce qu’implique le titre quant au cadre temporel, le récit des faits ne s’étale pas sur 24 heures, mais débute en décembre lorsqu’ont commencé les prémices de la révolution. Disposés d’une manière chronologique, les faits reproduisent un pan de l’histoire de la Tunisie telle que nous l’avons connue.
Le livre s’ouvre sur ce qu’on appelle « les prémices de la révolution », à savoir les événements du bassin minier en 2008 et aborde, parmi les éléments déclencheurs du soulèvement populaire, « la passivité des Tunisiens devant les excès indécents des proches de Ben Ali » en la décrivant d’« autocensure qui faisait le bonheur du régime ». A partir de l’immolation de Mohamed Bouazizi devenu emblème de la révolution, le livre nous met face à un récit au rythme accéléré et chargé en faits. Car, désormais, sur le terrain, « le soulèvement s’étend et s’intensifie ».
Belkhodja et Cheikhrouhou focalisent l’attention autour des pertes humaines qu’a engendrées la révolution et dévoilent que « la véritable cause de la mort de plusieurs civils est due au fait que les agents de l’ordre ne sont pas équipés en armes adéquates et qu’ils ne sont pas assez formés au maniement de celles dont ils disposent », notamment, le « Steyr AUg AI », une arme avec laquelle « des centaines de tirs de sommation ont été effectuées sans même que les tireurs sachent que ces cartouches peuvent traverser un mur ou ricocher cinq à six fois ».
Par ailleurs, l’enquête porte, en grande partie, sur le départ des Ben Ali et sur l’intention de départ des Trabelsi. Dans des détails déconcertants, le livre révèle les échanges entre les différents intervenants tels que la DGSE et nombreuses figures devenues illustres par leur implication et par la médiatisation dont elles ont fait l’objet.
Les auteurs mettent en exergue le départ de Ben Ali, qui, comme l’attestent d’autres versions, avait l’intention de revenir à Tunis après avoir passé une nuit en Arabie Saoudite. Or, le commandant de bord, Mahmoud Cheikhrouhou, en avait décidé autrement et c’est après insistance auprès de Nabil Chettaoui, PDG de Tunisair à l’époque, qu’il obtient un nouveau plan de vol qui lui permet d’esquiver empêchant ainsi l’ancien président de retourner en Tunisie et de mettre à bas le soulèvement populaire qui vise à le renverser.
Sur un autre plan, l’enquête évoque les dessous de l’allocution de Mohamed Ghannouchi, suite au départ de Ben Ali; allocution qui a permis de « concrétiser la transition démocratique » et de « rayer définitivement Ben Ali de la carte » en mettant en place de nouvelles figures politiques emblématiques. Les prises de décisions et de positions de Foued Mebazzaâ, ex-président de la Chambre des députés, de Hamed Karoui, de Hédi Baccouche ou encore de Rachid Ammar dressent la trame d’un nouveau schéma politique dont la mise en place a été vacillante.
S’en suivent une déferlante de violence et un climat d’anarchie qui ont plongé différentes villes tunisiennes dans la terreur. Cette ambiance chaotique a été accentuée par une couverture médiatique hors norme.
En effet, la newsbar de la télévision nationale ainsi que celles d’autres chaînes auraient été mises au service de la direction générale de la sûreté nationale selon l’ordre de Ridha Grira. Les auteurs du livre définissent cela comme étant « une poursuite très fidèle de la manipulation médiatique lancée par Ben Ali pour le 11 janvier » afin de faire avorter le soulèvement, à travers des témoignages faussement alarmistes. Ce mensonge d’Etat a conduit à la mort de dizaines d’innocents, suite à l’ « intensité du climat de peur qui s’est emparé non seulement des citoyens, mais aussi des forces de sécurité ».
Belkhodja et Cheikhrouhou ont évoqué l’affaire, encore non élucidée, des snipers en essayant d’amener certains détails encore inconnus des Tunisiens au moyen de la confrontation des rumeurs et autres versions plus ou moins fantasmagoriques.
A travers une exposition illustrée des différents événements marquants, l’enquête que proposent les deux auteurs retrace chronologiquement et factuellement un des moments les plus marquants de l’histoire de la Tunisie.
Dans une théâtralisation des faits, au moyen d’un discours direct et de dialogues entre les différents protagonistes d’une révolution encore à définir, le livre a le mérite de rappeler aux lecteurs des événements qu’on a un peu oubliés et un pan de l’histoire que la conjoncture actuelle a occulté mettant sur le devant de la scène des problématiques différentes et faisant dévier le Tunisien de l’aspect glorieux du soulèvement dont il a été l’instigateur.
D’emblée, les auteurs précisent leur démarche et l’expliquent au lecteur : il faut faire table rase de toutes les informations que l’on pense détenir quant à ce jour qui a vu basculer l’histoire de la Tunisie. En effet, les différentes versions rapportées s’avèrent souvent être des rumeurs. C’est grâce à des recoupements et à des collectes rigoureuses de témoignages que ce livre a pu voir le jour.
Contrairement à ce qu’implique le titre quant au cadre temporel, le récit des faits ne s’étale pas sur 24 heures, mais débute en décembre lorsqu’ont commencé les prémices de la révolution. Disposés d’une manière chronologique, les faits reproduisent un pan de l’histoire de la Tunisie telle que nous l’avons connue.
Le livre s’ouvre sur ce qu’on appelle « les prémices de la révolution », à savoir les événements du bassin minier en 2008 et aborde, parmi les éléments déclencheurs du soulèvement populaire, « la passivité des Tunisiens devant les excès indécents des proches de Ben Ali » en la décrivant d’« autocensure qui faisait le bonheur du régime ». A partir de l’immolation de Mohamed Bouazizi devenu emblème de la révolution, le livre nous met face à un récit au rythme accéléré et chargé en faits. Car, désormais, sur le terrain, « le soulèvement s’étend et s’intensifie ».
Belkhodja et Cheikhrouhou focalisent l’attention autour des pertes humaines qu’a engendrées la révolution et dévoilent que « la véritable cause de la mort de plusieurs civils est due au fait que les agents de l’ordre ne sont pas équipés en armes adéquates et qu’ils ne sont pas assez formés au maniement de celles dont ils disposent », notamment, le « Steyr AUg AI », une arme avec laquelle « des centaines de tirs de sommation ont été effectuées sans même que les tireurs sachent que ces cartouches peuvent traverser un mur ou ricocher cinq à six fois ».
Par ailleurs, l’enquête porte, en grande partie, sur le départ des Ben Ali et sur l’intention de départ des Trabelsi. Dans des détails déconcertants, le livre révèle les échanges entre les différents intervenants tels que la DGSE et nombreuses figures devenues illustres par leur implication et par la médiatisation dont elles ont fait l’objet.
Les auteurs mettent en exergue le départ de Ben Ali, qui, comme l’attestent d’autres versions, avait l’intention de revenir à Tunis après avoir passé une nuit en Arabie Saoudite. Or, le commandant de bord, Mahmoud Cheikhrouhou, en avait décidé autrement et c’est après insistance auprès de Nabil Chettaoui, PDG de Tunisair à l’époque, qu’il obtient un nouveau plan de vol qui lui permet d’esquiver empêchant ainsi l’ancien président de retourner en Tunisie et de mettre à bas le soulèvement populaire qui vise à le renverser.
Sur un autre plan, l’enquête évoque les dessous de l’allocution de Mohamed Ghannouchi, suite au départ de Ben Ali; allocution qui a permis de « concrétiser la transition démocratique » et de « rayer définitivement Ben Ali de la carte » en mettant en place de nouvelles figures politiques emblématiques. Les prises de décisions et de positions de Foued Mebazzaâ, ex-président de la Chambre des députés, de Hamed Karoui, de Hédi Baccouche ou encore de Rachid Ammar dressent la trame d’un nouveau schéma politique dont la mise en place a été vacillante.
S’en suivent une déferlante de violence et un climat d’anarchie qui ont plongé différentes villes tunisiennes dans la terreur. Cette ambiance chaotique a été accentuée par une couverture médiatique hors norme.
En effet, la newsbar de la télévision nationale ainsi que celles d’autres chaînes auraient été mises au service de la direction générale de la sûreté nationale selon l’ordre de Ridha Grira. Les auteurs du livre définissent cela comme étant « une poursuite très fidèle de la manipulation médiatique lancée par Ben Ali pour le 11 janvier » afin de faire avorter le soulèvement, à travers des témoignages faussement alarmistes. Ce mensonge d’Etat a conduit à la mort de dizaines d’innocents, suite à l’ « intensité du climat de peur qui s’est emparé non seulement des citoyens, mais aussi des forces de sécurité ».
Belkhodja et Cheikhrouhou ont évoqué l’affaire, encore non élucidée, des snipers en essayant d’amener certains détails encore inconnus des Tunisiens au moyen de la confrontation des rumeurs et autres versions plus ou moins fantasmagoriques.
A travers une exposition illustrée des différents événements marquants, l’enquête que proposent les deux auteurs retrace chronologiquement et factuellement un des moments les plus marquants de l’histoire de la Tunisie.
Dans une théâtralisation des faits, au moyen d’un discours direct et de dialogues entre les différents protagonistes d’une révolution encore à définir, le livre a le mérite de rappeler aux lecteurs des événements qu’on a un peu oubliés et un pan de l’histoire que la conjoncture actuelle a occulté mettant sur le devant de la scène des problématiques différentes et faisant dévier le Tunisien de l’aspect glorieux du soulèvement dont il a été l’instigateur.
Inès Oueslati
Crédit photo : Mosaique FM
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