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AGO Tunisair : 2012, l'année de l'effondrement !
06/11/2012 | 1
min
AGO Tunisair : 2012, l'année de l'effondrement !
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L’Assemblée générale ordinaire (AGO) de la compagnie aérienne Tunisair s’est, enfin, tenue aujourd’hui 6 novembre 2012 à l’IACE (Institut Arabe des Chefs d’Entreprise). Une réunion entamée par la présentation des résultats de la compagnie par les soins du président directeur général, Rebah Jrad, sur fond d’atmosphère galvanique.

Nul besoin d’être devin pour savoir que les indicateurs d’activités de Tunisair au titre de l’exercice 2011, sont au rouge. En effet, le nombre de passagers a chuté de -14% en comparaison avec l’année 2010, le nombre de sièges offerts a enregistré une régression de l’ordre de -14,8, celui des heures de vol a reculé de -15,3% et, pour finir, une petite note d’optimisme : une légère amélioration du coefficient de remplissage –tous vols confondus- à hauteur de 0,2 points.

En outre, les produits d’exploitation ont enregistré un fléchissement de 6,9% passant ainsi de 1 051,8 MD en 2011 à 978,8 MD en 2010. Inversement, les charges d’exploitation ont affiché une hausse de 1% passant de 1 059 MD à 1 069 MD. Cette augmentation est essentiellement expliquée par celle du prix du carburant (+32%), des dotations aux amortissements (+14,8), des primes d’assurance avion (+38 ,6) et la baisse des loyers avions (-89%), des dotations aux provisions (-47,8) et des redevances aéronautiques et des prestations informatiques et de télécommunication (-6%).
De ce fait, ce tableau d’indicateurs conduit à un résultat d’exploitation négatif pour l’année 2011 de -89,8 MD accusant ainsi une chute « libre » de l’ordre de -82,5 MD par rapport l’année 2010.
Néanmoins, il convient de souligner l’avantage tiré par la compagnie Tunisair de l’embargo aérien imposé par l’OTAN à la Libye, lui permettant de prendre part au transport d’un nombre important de réfugiés africains, moyen-orientaux et asiatiques sur des vols charter. C’est dire que le malheur des uns peut faire le bonheur des autres !

Afin de faire face à cette situation scabreuse de la compagnie aérienne nationale, le PDG Rebah Jrad a annoncé que le plan de restructuration ou, mieux encore, de redressement de la société est, en substance, prêt. Ainsi ce plan « Marshall » table-t-il sur sept vecteurs principaux affectant, à tout prendre, l’ensemble des départements. Il sera remis entre les mains du gouvernement d’ici la fin de l’année 2012 pour approbation. L’Etat prendra en charge le financement dudit plan, eu égard à son implication fort accentuée dans la dégringolade de Tunisair, comme a aimé le souligner plus d’une fois M. Jrad.

Dès que la parole a été accordée aux actionnaires de la compagnie Tunisair, présents en nombre réduit d’ailleurs, à cause d’une communication timide sur la tenue de l’AGO, la grogne s’est bien fait entendre dans la salle chez la majorité écrasante d’entre eux.
Et le moins que l’on puisse dire, est qu’ils n’ont pas eu la langue dans leur poche. D’abord, il a été question de la mentalité régnant dans les couloirs de la compagnie et qui, selon certains actionnaires, « n’a pas changé d’un iota et continue à gangrener toute l’activité. Ensuite, il y a l’absence d’un programme d’assainissement, pourtant, revendiqué à maintes reprises mais resté lettre morte, tout comme l’entame d’une action en justice contre les anciens membres du Conseil d’Administration et le commissaire aux comptes impliqués dans des affaires douteuses destinées à fausser des chiffres ». Un des actionnaires, souligne, à ce propos, que si les indicateurs étaient authentiques et crédibles, il n’aurait pas acheté un seul titre, au vu des résultats déplorables et des trafics qui se tissent dans l’ombre.

Le plus grand coup de gueule vient d’un des actionnaires - se donnant quasiment en spectacle - et s’attirant ainsi les foudres du PDG de Tunisair. Il n’a guère mâché ses mots pour crier son indignation face à une série de mouscailles accablant la compagnie. Il s’agit, selon lui et à titre d’exemple, de la différence du prix d’un billet entre ce qui est affiché sur le site Web et celui trouvé chez une agence Tunisair sans qu’il y ait de motif illustratif à cela. Le même actionnaire a attiré l’attention de l’assistance sur l’existence de terrains achetés par la compagnie dans la région d’Akouda (dans le Sahel de Tunisie) s’interrogeant sur les besoins motivant pareille action : est-ce pour construire un nouvel aéroport ou des hangars ?
Et puis, il y a la question concernant l’offre des billets gratuits à l’endroit de certaines parties comme des membres d’institutions gouvernementales, sans droit aucun, toujours selon certains actionnaires. « Encore une manœuvre injustifiée, d’après eux, affligeant la compagnie aérienne Tunisair et une preuve incontestable de la mauvaise gestion des membres du conseil d’Administration qui, faute de pouvoir changer de procédés, sont « priés » de quitter leurs postes. En d’autres termes, ils doivent être, impérativement écartés ».
Dans le même ordre d’idées, la question des salaires augmentés dans une conjoncture aussi morose que celle prévalant actuellement, demeure posée, surtout avec l’existence d’un sureffectif criard au sein de la compagnie, à savoir 8500 employés dont un bon nombre étaient recrutés grâce à des pistons.
Les intervenants ont proposé, par ailleurs, la privatisation totale de Tunisair, comme étant la solution ultime. Mais l’Etat se désengagerait-il définitivement de la gestion de la société ?

Accablé, voire déstabilisé par cette kyrielle de doléances et de réclamations, Rebah Jrad a tenté, tant bien que mal, d’y répondre en dépit des protestations des assistants loin d’être convaincus. Selon le PDG, les difficultés que connaît le secteur du transport à l’échelle internationale (perte estimée à 3,5 milliards de dollar), la crise économique vécue par l’Europe, le déclin de certains Tours Opérateurs face à la concurrence, sont tout autant des facteurs qui ont contribué à la baisse de l’activité de Tunisair. Quant à l’effectif dépassant la norme et les besoins réels de la compagnie, il a indiqué qu’il sera réduit de 15% au cours de l’année prochaine. Il sera, de même, demandé à l’Etat de prendre en charge une partie, voire la totalité des dettes de Tunisair, puisqu’il est responsable du déficit accusé par la société. Les billets gratuits : c’est fini, et puis il y a l’affaire de la vente de l’avion A340 qui reste d’actualité dans l’attente d’être conclue après étude des offres de trois acheteurs potentiels sérieux.

Selon M. Jrad, la mentalité des employés et des gestionnaires de Tunisair n’est pas la seule affaire de la compagnie mais plutôt de tout le pays.

Nadya B’chir
06/11/2012 | 1
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