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Quand le gouvernement viole l'image de la Tunisie
30/09/2012 | 1
min
Quand le gouvernement viole l'image de la Tunisie
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Après le drame de l’attaque contre l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, le 14 septembre 2012, qui a porté un sérieux coup à l’image de la Tunisie, un pays jadis modéré et tolérant, voilà que la tragédie de la jeune fille violée par trois agents de police vient ternir une image chancelante.
Dans tous les pays du monde, de l’Europe à l’Amérique et même en Nouvelle Zélande, l’indignation est à son summum. Le gouvernement de la Troïka a réussi, en l’espace le tour de force de faire l’unanimité contre lui.
On attendait une rentrée politique et sociale sous de meilleurs auspices en vue de relancer le débat et de rétablir le consensus face à l’échéance morale du 23 octobre, mais ces deux faits ont, plutôt, contribué à faire installer le doute quant au sérieux du pouvoir en place à gagner la confiance de la société civile, de l’opinion publique et du peuple.


En effet, cette affaire du viol de la jeune fille est venue mettre à nu les véritables desseins d’un gouvernement qui veut faire retourner la Tunisie et ses acquis modernistes et progressistes des dizaines d’années en arrière.
Un viol est un crime abject et horrible, certes, mais qui peut être commis dans n’importe quelle contrée du monde. Mais qu’il soit perpétré par des fonctionnaires de l’Etat au moment de l’exercice de leurs fonctions, c’est inadmissible. Et qu’il soit l’œuvre d’agents de police, censés protéger les citoyens, c’est le comble de l’horreur !

Toujours est-il qu’un fois le mal est fait, la justice veut que les auteurs d’une telle agression soient traduits devant les tribunaux afin de rassurer les citoyens que notre Tunisie est en voie de devenir un vrai Etat de droit et des institutions. Qu’à cela ne tienne.
Cela a commencé avec le porte-parole du ministère de l’Intérieur qui a laissé entendre que la jeune fille violée se trouvait, avec son compagnon, dans une posture préjudiciable aux bonnes mœurs. Et le coup de grâce est venu du ministère d el Justice dont le chargé de mission, M. Sayhi, parlant au nom de son ministre, a « enfoncé » le couteau dans la « plaie encore béante » de la victime, devenue, selon lui, accusée d’atteinte aux bonnes mœurs.
Cette accusation lui a été officiellement adressée par le juge d’instruction et elle devrait comparaître, le 2 octobre 2012, pour répondre de cette accusation, alors que selon le ministère de la Justice, l’enquête suit son cours et que rien n’est encore établi ou prouvé concernant les crimes de viols commis par les agents policiers ! Encore un comble !
Or, le ministère de la Justice ne nous dit pas comment et par quelle baguette magique, la victime s’est transformée en accusée, plus de vingt jours après la tragédie ! Il faut dire qu’il n’y a qu’une seule hypothèse, à savoir les dépositions de ses trois bourreaux. Mais la logique et la justice veulent qu’en aucun cas, on ne puisse faire foi aux paroles de criminels !

D’autre part, et après les multiples déclarations des uns et des autres et les innombrables versions parues, notamment, sur les réseaux sociaux, Naoufel Ouertani et toute son équipe de l’émission « Labes » - auquel il faut rendre un grand hommage pour leur exploit - ont réussi le pari de faire venir sur le plateau d’Ettounsia, la jeune fille violée et son compagnon pour apporter un témoignage vivant et émouvant des différentes péripéties de la tragédie. Le silence est brisé !
Plus de quarante minutes durant ont permis à ce jeune couple d’étaler au grand public leur triste histoire. Ainsi, on a découvert une jeune fille de grande famille, cultivée, intellectuelle, assez aisée, propriétaire de sa voiture, mais également une jeune fille, moralement blessée, brisée, voire « assassinée » !
Mais on a découvert, aussi, une jeune fille courageuse et déterminée à aller jusqu’au bout pour faire prévaloir ses droits tout en appelant, à son tour, toutes les femmes violées, à ne plus se taire et à crier haut et fort leur drame.

Au cours de ce témoignage, on a appris que certaines péripéties ont été enregistrées par le son et la photo, voire la vidéo sans oublier les preuves relevées grâce à l’ADN et les aveux des trois policiers.
Autre aberration dans cette tragédie est l’absence de la moindre réaction de la part des élus d’Ennahdha et du CPR ainsi que de la part du président de l’Assemblée nationale constituante !

Quant au gouvernement de la Troïka, il brille par son absence dans cette affaire qui secoue toute la Tunisie et qui devient une véritable cause défendue par toute la société civile.
AU contraire, ce gouvernement, plus précisément le ministère de la Justice, s’illustre par la rapidité de ses réactions aux positions prises ou aux accusations lancées par les militantes des droits dont notamment Sihem Ben Sedrine qui a mis en cause, directement et publiquement, « le juge d’instruction d’avoir exercé de la pression et de l’intimidation sur la victime ».

En ces moments délicats où les enjeux politiques, sécuritaires et économiques continuent à bloquer toute amélioration tangible de la situation des citoyens, la Tunisie a-t-elle besoin d’une affaire aussi scabreuse pur ternir un peu plus son image.
Bien entendu, le pouvoir est en train d’accuser les « contre-révolutionnaires, les médias de la honte et les symboles du régime déchu » de vouloir chauffer les esprits et de vouloir exploiter une affaire « aussi banale de faits divers à des desseins politiques pour fragiliser et affaiblir le régime ».
Un régime « légitime » qui, à entendre les membres du gouvernement et les élus composant sa Troïka, est le plus fort de tous les temps et peut faire ce qu’il veut et faire toutes les lois qu’il veut au nom de la dictature du vote.
Mais, l’émission « Labes » a eu le mérite de faire toute la lumière, sur cet affaire sordide, par la bouche de la première concernée, une jeune fille qui a ému et fait pleurer toute la Tunisie.

Noureddine HLAOUI

30/09/2012 | 1
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