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Mustapha Kamel Nabli : si un millième des accusations s'avère vrai, je démissionne

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Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), réputé pour sa sobriété et sa réserve, est sorti de son silence pour répondre à ses détracteurs d’une manière directe, sans fioritures.
En homme pragmatique, il a pris du recul par rapport à la campagne acharnée et la guerre des nerfs menées contre lui par la présidence provisoire de la République et même par le gouvernement qui ont multiplié les ballons d’essai quant son éventuel et imminent limogeage en tant que gouverneur de la BCT.
A la veille de son passage, pour audition, à l’Assemblée nationale constituante (ANC), M. Nabli est passé à l’Emission « Dimanche Politique » (Al ahad el siyassi) sur Nessma TV où il a parlé à cœur ouvert.
« Depuis que je suis à la tête de la Banque centrale on m’a accusé de tous les torts, mais j’en retiendrais deux dont une responsabilité directe dans la rétrogradation de la note de la Tunisie par S&P et un rôle obscur afin de priver la Tunisie des fonds extérieurs … pour moi cela relève de la traitrise… Ceux qui remettent en cause mon patriotisme sont ceux qui sont compromis dans des affaires de corruption … Je le dis ici et je donne ma parole que s’il s’avère qu’un millième de cela est vrai, je ne remettrai plus les pieds à la Banque centrale ». Sur un ton indigné, outré et révolté, M. Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie n’a pas mâché ses mots, dimanche soir lors de l’Emission « Dimanche Politique » (Al ahad el siyassi) sur Nessma Tv.
Le gouverneur lance un message on ne peut plus clair à ses détracteurs qu’il pointe du doigt. Qui sont-ils ? Certains ont des prétentions personnelles, mais il y a notamment « ceux qui sont mouillés dans des affaires de corruption ».
Ces derniers manigancent et manipulent pour pouvoir filer entre les mailles du filet. « Et puisqu’ils n’ont rien trouvé, ils réchauffent les plats surgelés, comme cette polémique sur l’or qu‘aurait détourné la femme de l’ancien président et dont les investigations ont démontré l’inexactitude ».
Pour revenir à des sujets d’actualité, Nabli évoque l’impact de la vague des actes de violences sur l’économie nationale : Cette dernière intervient alors que le tourisme commence à redresser la pente, que des intentions d’investissement se précisent : « on l’a remarqué qu’à chaque fois que des prémices de reprises se confirment, et ce, notamment, après une certaine période de stabilité, des violences éclatent et font stopper cette lancée positive ».
Il précise, cependant, qu’il faudrait redoubler d’effort et se remettre au travail afin de pouvoir dépasser les entraves. L’administration tunisienne ne s’est pas arrêtée après le 14 janvier et il faudrait capitaliser cela afin d’aller de l’avant, précise-t-il.
Quid du secteur bancaire ? Avec un grand sourire, Nabli précise de prime abord que l’activité bancaire est notamment handicapée par le problème des créances accrochées qui cumulent à 19%. Les banques ont « besoin de réformes qui ont d’ores et déjà commencé, notamment en ce qui concerne l’ancrage des principes de la bonne gouvernance », considérée par le gouverneur de la BCT comme étant la base de toute réforme.
C’est aussi le cas à la BCT, dont le gouverneur loue le patriotisme du personnel et où le train de réforme prend son chemin, notamment au niveau de la supervision (interne et externe), les méthodes de travail, le recrutement et la formation.
C’est comprendre que les jalons de réforme sont lancés, respectivement, au sein du secteur bancaire et à la BCT, mais que cette œuvre nécessite du temps.
Autre sujet qui requiert du temps, celui de la récupération des avoirs détournés par l’ancien régime et placé à l’étranger. Là, également, M. Nabli n’y va par quatre chemins : « au-delà du montant, la récupération de ces avoirs est une question de dignité pour nous Tunisiens ».
C’est pour cela, peut-être, qu’il a paru remonté contre les partenaires européens. Comme piqué à vif, le gouverneur souligne directement « le manque de coopération » et le « laxisme » des pays partenaires qui n’ont pas « traduit les promesses en actions aboutissant à des réalisations concrètes ».
Quant aux procédures judiciaires entamées en Tunsie et qui ont fait l’objet de critiques comme souligne Jamel Arfaoui ; autre chroniqueur de l’émission avec Brahim Boughanmi (Jawhara Fm) et Zied Krichen (Le Maghreb) ; Mustapha Kamel Nabli estime que la justice tunsienne s’est acquitté de sa tache au mieux et ce tout en fournissant tous les documents nécessaires à entamer des procédures aboutissant à des avancées certaines dans le processus de récupération qui sera, rappelle t-il, « long ».
A propos des relations de la BCT avec la Kasbah, d’une part, et avec Carthage d’autre part, M. Nabli estime « des plus normales » ses relations avec Jebali. Tous ceux qui croient que la BCT travaille dans son coin se trompent, a-t-il dit. Car, au Conseil d’administration de la Banque siègent quatre représentants du gouvernement, sans oublier que les contacts et les discussions sont continus avec les ministres du gouvernement Jebali. Et puis, il est utile de mentionner que « la politique monétaire ne peut être conduite abstraction faite de la réalité économique du pays ». Et de préciser : « dans nos contacts, je n’ai jamais senti de différends. Bien entendu, je ne peux parler que de ce que je sais » se ravise t-il d’ajouter. Quant aux histoires de conflits, il les impute aux manipulateurs et aux professionnels des manigances.
Pour ce qui est de Moncef Marzouki, enfin, Jamel Arfaoui s’est interrogé sur la véracité des rumeurs faisant dire que M. Nabli n’accepte pas les conseillers du président provisoire de la République, le gouverneur rétorque « c’est plutôt à Carthage qu’on ne décroche pas le téléphone quand j’appelle…» !
A.B.A
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