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Croissance en Tunisie - Slim Besbès s'est-il trompé de période de référence?

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L’annonce par Slim Besbès, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Finances annonçant que le taux de croissance de l'économie tunisienne a dépassé les 2% au cours du premier trimestre de l'année 2012 étonne et a fait couler beaucoup d’encre.
Par le biais d’une dépêche de l’agence officielle, M. Besbès annoncé que le taux de croissance prévu pour l’année 2012, par le projet du budget complémentaire pour l'exercice 2012, sera de l'ordre de 3,5%. Et d’expliquer que ce taux de 3,5% est «possible»(croisons les doigts) et «raisonnable» (sic !), eu égard aux prévisions et indicateurs enregistrés depuis le début de l'année.
Les résultats du premier trimestre 2012 tablent sur l’amélioration des indicateurs liés à l'exportation, aux intentions d'investissements ainsi que ceux relatifs au tourisme.Autant d’indicateurs «positifs» et rassurants. Mais quid de leur pertinence.
Car, contrairement aux attentes et à la réalité de la situation économique, ce premier trimestre de 2012 n’a pas été des plus gais. D’ailleurs, tout au plus, ces chiffres ne peuvent qu’êtres provisoires vu qu’ils n’ont pas, encore, été validés par l’Institut national de la statistique (INS) ; chose qui intervient habituellement vers mi-mai.
De prime abord, il importe de se demander si M. Besbès s’est,purement et simplement trompé de période de référence!
Explication: la dernière analyse du Fonds Monétaire International (FMI) accrédite la Tunisie d’une croissance de (justement) 2,2% … pour l’ensemble de l’année en cours. L’analyse du FMI va plus loin pour prévoir 3.5% de croissance en 2013.
L’analyse souligne que «c’est un important résultat, surtout comparé au taux de croissance négatif de 1,8 % enregistré en 2011». Tout aussi optimiste, cette analyse est conjoncturelle, elle ne prend pas en compte la révision à la baisse du taux de croissance de 2011 (désormais de -2,2%) et ne nous informe pas sur la méthode de calcul, encore moins les paramètres utilisés!
Alors, ceux qui ne veulent pas voir la réalité économique du pays, ne peuvent s’en prendre qu’à leur myopie.
Mais tant qu’on est (notamment le gouvernement provisoire) dans une approche populiste, on essaiera de simplifier au plus les choses.
D’abord, il s’agit de la révision du taux de croissance pour l’année 2011. Cette baisse, présentée comme dramatique par certains, permettrait, en effet, de valoriser le taux de croissance pour l’année en cours, soit 2012. Un simple calcul nous permet, ainsi, de prévoir une croissance de 4% en lieu et place des 3,5% annoncée auparavant.
Donc, se basant sur la simple logique des chiffres, l’on se rend compte que ce que M. Besbès présente comme 2,2% de croissance est difficilement réalisable quand on le combine avec la baisse de l’activité, notamment dans les secteurs des industries manufacturières (-3,9%) et des services (-4,7%) au cours du premier trimestre 2012.
Parallèlement, en ayant la même période de référence que M. Besbès - soit le premier trimestre 2012 et début du mois d’avril - les résultats préliminaires enregistrés reflètent un certain fléchissement ou ralentissement de l’activité économique.On parlera de décélération du rythme de croissance des exportations au cours du premier trimestre de l’année en cours avec augmentation de 9,1% en comparaison avec 10,3% pour le premier trimestre 2011.
Et si on évoquait les exportations?La crise internationale engendrant la baisse de la demande extérieure, de ce fait les exportations des industries mécaniques et électriques ont baissé de 11,9% alors que celles des industries du textile, habillement, cuir et chaussures ont chutées de 29,6%.
Aussi, la baisse du niveau de l’activité industrielle est traduite par la diminution du niveau de la consommation de l’électricité haute et moyenne tensions.
En revanche, et pour ne pas être taxé de pessimisme, il faudrait relever des prémices d’amélioration de l’activité touristique et des importations de biens d’équipements.
Venons, maintenant, aux paiements extérieurs. La baisse des avoirs nets en devises qui couvrent, désormais 101 jours d’importation s’approchent de la barre psychologique des 100 jours, alors que la ligne rouge en la matière est de 90 jours. Nous pouvons respirer!
Néanmoins, au cours du premier trimestre de 2012, la balance générale des paiements a dégagé un déficit de 337 MDT, soit une baisse d’environ 57% en comparaison avec la même période de l’année 2011!
Selon une note d’analyse de la Banque centrale de Tunisie «cette contraction du déficit est imputable à l’amélioration de l’excédent de la balance des opérations financières et en capital, suite à l’augmentation des investissements directs étrangers de 28,3% (-9,7% en comparaison avec le premier trimestre 2010), ainsi que du solde des prêts-emprunts de 42%».
Aussi, le déficit des paiements courants s’est sensiblement creusé pour atteindre 1.624 MDT, soit 2,3% du PIB contre 1,5% une année auparavant. C’est la cause directe de l’élargissement du déficit commercial de 1.066 MDT.
Et malgré la hausse notable des exportations des phosphates et dérivés en mars, l’on enregistre pour la même période de référence un « accroissement des importations dans la plupart des secteurs, à l’exception de celui des industries agroalimentaires, de 21,6% contre 9,1% des exportations. Celles-ci ont accusé un repli au cours du mois de mars ».
Heureusement que l’impact du déficit commercial a été atténué, en partie, par l’amélioration de l’excédent de la balance des services et des revenus des facteurs et ce, suite à l’accroissement des recettes touristiques de 32,8% pour atteindre 524 MDT (-1,6% en comparaison avec la même période de 2010) et des transferts au titre des revenus de travail de 23,7% pour s’élever à 673 millions de dinars.
Et pour conclure, rappelons que le secteur bancaire enregistre un accroissement du taux des créances accrochées, ce qui amplifie les pressions sur la capacité du secteur à financer l’activité économique.
Ce sont autant d’éléments qui nous poussent à insister sur l’interrogation posée au départ, à savoir si M. Besbès s’est tout simplement trompé de période de référence! Wait and see …
Adem BEN AMMAR
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