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Tunisie – Un nouveau trio de grands partis face à la Troïka

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Des partis de l’opposition qui fusionnent, s’unissent et se confondent. Trois grands rassemblements de partis ont vu le jour récemment, donnant ainsi une nouvelle configuration du paysage politique, une structure plus compacte, moins dispersée et qui, dans son ensemble, tente de faire le poids contre la troïka et de constituer une opposition plus solide. Le «Grand Parti du Centre», le «Parti Alwatani Ettounsi » et le futur parti fruit de la fusion d’Ettajdid, le PTT et des militants du PDM, pas encore nommé. Trois nouveaux opposants qui émergent de la multitude de partis qui n’ont réussi à obtenir qu’un petit nombre de sièges à la Constituante et qui ont trouvé qu’il était temps de «grandir».
Se réveillant du choc causé par la défaite de bon nombre de partis, dont des partis qui disposent d’un long parcours de militantisme et d’autres qui ont à peine mis le pied sur la scène politique en naissant après le 14 janvier 2011, des partis se plaçant dans l’opposition ont pris conscience que quand on joue cavalier seul, on ne peut aller trop loin.
Il va sans dire que la Tunisie, qui était gouvernée par un parti unique, qui monopolisait le pouvoir et muselait toute action ou pensée politique contraire, a vu son paysage politique totalement et irrémédiablement transformé par la révolution. Cette révolution du 14 janvier a comme éclaté cette cellule unique politique en mille morceaux. On a vu naître plus d’une centaine de nouveaux partis et on a assisté à la légalisation de partis, qui étaient contraints à rester dans l’ombre à l’époque de Ben Ali.
Les politiciens et politologues, voyaient dans cet éclatement et émiettement, un pluralisme positif et un signe de bonne santé politique. Certes, le multipartisme est une condition sine qua non de la démocratisation d’un pays. Les résultats des élections ont tout de même démontré que «l’union fait la force» et les partis «perdants» (tel que les nomme leur adversaire, la troïka) n’ont plus d’autre choix que de se rassembler pour survivre et espérer former un contre-pouvoir influent.
Le «Grand Parti du Centre», formé par le Parti Démocrate Progressiste, Afek Tounes, le Parti Républicain,le Parti pour le progrès (PPP), et La voix du centre, sans oublier des personnalités indépendantes, verra le jour officiellement en mars prochain. Ce partia pour but d’exposer le projet «populaire et progressiste» commun à ces différentes composantes. Ce «Grand Parti du Centre» prône l’attachement à la culture et à l’identité arabo-musulmane, l’édification d’une société d’ouverture, de tolérance et de liberté. Ce parti a, également, pour objectif de combler le vide politique et de rééquilibrer la balance du pouvoir. Il s’agit donc d’un rassemblement sur la base d’une pensée politique homogène qui serait capable de représenter une grande marge de la population.
En gros, le but n’est autre que la création d’un bloc centriste proportionnel à la force de la troïka, assurant l’alternance dans l’ascension au pouvoir.
Ettajdid, le Parti des Travailleurs Tunisiens (PTT) et les militants du PDM, conscients que «l’intérêt national consiste, non pas à renforcer un parti existant, mais plutôt à en créer un nouveau, regroupant des sensibilités différentes», créent, de leur côté, un nouveau parti les regroupant et sera concrétisé, lors d’un congrès d’union, qui se tiendra en mars prochain également. Le parti naissant de cette fusion tente de redresser la barre et de réinstaurer un certain équilibre des poids entre la troïka au pouvoir et l’opposition qui peine à se relever du choc électoral. Ce parti vise à créer une fusion multilatérale, une co-fondation, une co-construction. Il s’agit donc d’une nouvelle entité démocrate proche du socialisme, qui aura une légitimité consensuelle et qui s’opposera au « libéralisme sauvage ». C’est également un projet de parti qui se veut initiateur de convergences entre plusieurs sensibilités du centre-gauche, mais qui vise à former avec d’autres entités, un front plus vaste.
Quant au «Parti Alwatani Ettounsi», il s’agit du fruit de la fusion de neuf partis, dont certains partis destouriens et d’autres partis nés après le 14 janvier. Ce parti, que certains critiques qualifient d’ex RCDiste maquillé en nouveau parti, se réclame un parti du néo-bourguibisme.
Ce parti compte parmi ses membres certes, des politiciens destouriens, mais rappelle qu’un grand nombre parmi les deux millions d’ex-RCDistes ont bel et bien été «récupérés» par tous les autres partis. L’approche bourguibiste adoptée par ce parti est pragmatique, qui prend comme référence la 3ème république française, basée sur l’école citoyenne pour tous.
Ce parti refuse de se situer en fonction de la bipolarité, troïka-opposition, prône le nationalisme tunisien, en tant qu’entité identitaire et culturelle, dont les traits ont été dessinés par une longue histoire civilisationnelle propre au pays. Ce parti clame sa fierté de son appartenance et du vécu de ses parents et ancêtres et considère que le débat identitaire n’est plus à l’ordre du jour, car l’Islam fait partie intégrante de l’héritage national. Ce parti se veut pragmatique, au service du peuple et répondant à une réalité et non à une idéologie.
Trois partis, des similitudes, des nuances et des ambitions. Ce qui fera la différence ou encore la complémentarité ce sera l’action politique, l’approche et surtout l’unification. Car si des conflits de leadership remontent à la surface, le sort de ces partis pourrait être compromis. Ce qui fera la différence, ce sera la capacité des politiciens à outrepasser leurs egos et à se concentrer sur le travail de terrain, faire preuve de vigilance et de critique constructive et savoir s’imposer grâce à la force de propositions et de solutions
Dorra Megdiche Meziou
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