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Les citoyens ont-ils validé le choix de la Constituante ?

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La campagne d’inscription sur les listes pour l’élection de l’Assemblée constituante, prévue le 23 octobre, s’est achevée dimanche soir avec un total de 3.882.727 inscrits, soit 55 % du nombre d’électeurs potentiels.
La ruée vers les urnes n’a pas eu donc lieu. Seule la dernière journée, celle du 14 aout, a été exceptionnelle avec plus de 240.000 inscrits. Pour le reste, il a fallu repousser le délai de douze jours, battre intensément campagne dans les médias et aller au-devant des citoyens. Il a fallu aussi qu’une partie des 3.500 agents d’inscription, recrutés parmi les nombreux diplômés chômeurs, quittent les bureaux installés dans les administrations pour sillonner cafés, festivals, hôpitaux, parcs et marchés.
De l’avis des agents des bureaux d’inscription, ‘les gens sont venus sans trop d’enthousiasme, plus par devoir que par conviction’. Quant aux électeurs, ils évoquent plusieurs raisons : ‘l’incompréhension de l’opération électorale en cours’, ‘le flou caractérisant les programmes des partis’, ‘l’absence de mesures économiques pratiques’, ‘le clientélisme qui fait peur’, etc.
Par ailleurs, la sphère politique observait l’opération d’inscription, depuis son début, avec beaucoup de suspicion. Plusieurs partis politiques ont même misé sur son échec pour proposer une autre alternative comme un référendum populaire. Ces voix se sont élevées, juste avant la prolongation de douze jours, qui a permis à plus de 1.600.000 électeurs de s’inscrire et, surtout, à dépasser la barre fatidique des 50 % d’inscrits.
En plus, il y avait un litige concernant le nombre de citoyens susceptibles de s’inscrire aux élections. Lequel nombre varie selon les sources entre 6.900.000 et 7.700.000, selon que l’on se réfère aux sources de l’Institut national des statistiques ou du ministère de l’Intérieur. Le nombre de Cartes d’identité nationale s’élèverait à un peu plus de 7.800.000, desquels il fallait retrancher les militaires, les forces de la sécurité publique, les magistrats, ainsi que tous ceux qui ne sont pas autorisés à voter. Ce nombre comporterait aussi celui des Tunisiens à l’étranger qui, pour leur majorité, n’ont pas changé d’adresse.
Cette situation explique le fait que les chiffres de l’Institut national des statistiques parlent, quant à eux, de 6.950.000 citoyens en âge de voter et résidant en Tunisie, comme l’a indiqué Kamel Jendoubi lors de sa conférence de presse du mardi 16 août pour présenter les résultats de l’inscription. Ce chiffre serait plus proche de la réalité selon les observateurs.
Dans tous les cas de figure, plus de 50 % de Tunisiens, en âge et situation de voter, se sont inscrits aux élections de la Constituante du 23 octobre prochain. Ce taux pourrait être qualifié comme étant une sorte d’adhésion des citoyens à ce rendez-vous compte tenu, surtout, des conditions dans lesquelles ont travaillé l’ISIE et ses sections régionales.
Il ne faut pas, non plus, minimiser les raisons ayant abouti à ce résultat mitigé. Problèmes techniques au cours de la première semaine, vacances d’été peu propices à la mobilisation, scrutins truqués qui ont laissé des traces, sans oublier le fait que ‘la création d’un nouveau réflexe citoyen n’est pas évidente’, comme le laissent entendre les partis politiques en leur demandant d’expliquer la réticence des citoyens. ‘Les gens sont complètement perdus’, poursuivent-ils.
Donc, s’il est vrai que la ruée attendue vers les bureaux d’inscription pour les élections du 23 octobre n’a pas eu lieu, ceci n’empêche qu’une bonne partie de la classe politique tunisienne y voit un succès, ne serait-ce que dans la mesure où elle constitue une réponse populaire à ceux qui contestent la légitimité de l’option choisie de la Constituante et proposent d’autres alternatives telles un référendum ou autre.
L’inscription aux élections étant facultative, les électeurs ont le droit de voter sans se déplacer pour s’inscrire. Pourtant, 55 % de l’électorat potentiel s’est déplacé. Ceci constitue sans doute un aval populaire à ce choix, une variante de oui à un référendum et tant mieux pour cette Tunisie qui ne se stabilise pas encore.
C’est ce qui fait aussi dire à Ahmed Brahim, premier secrétaire d’Ettajdid, qu’il faut ‘relativiser’. ‘50% d’inscrits, ce n’est pas négligeable. Cette opération de sensibilisation est positive’, juge-t-il, ne se faisant pas ‘trop de soucis pour la suite’.
D’autres voix, pas aussi optimistes, demeurent sceptiques dans le sens, avancent-ils, qu’il a fallu près d’un mois pour que, seulement, la moitié des Tunisiens se déplacent pour s’inscrire. Qu’en sera-t-il, alors, pour le scrutin du 23 octobre 2011, puisque les près de 7 millions de citoyens n’auront qu’une seule journée pour voter!!!
Au total, personne ne veut lire dans ce manque d’entrain le présage d’une abstention massive le 23 octobre. D’ailleurs, les jeux restent ouverts : même si les autorités ne l’ont pas crié trop fort, les listes définitives comprendront au final, en plus des inscrits volontaires, tous les citoyens en âge de voter pourvus d’une carte d’identité.
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