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Tunisie – Partis politiques et course à la chaise
08/08/2011 | 1
min
Tunisie – Partis politiques et course à la chaise
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Le climat sociopolitique s’est, soudain détérioré, de nouveau, et on assiste à une nouvelle « takhmira » tous azimuts, à laquelle participent les principales corporations et les composantes de l’échiquier national.

Les partis politiques se donnent des leçons et tirent les uns sur les autres tout en critiquant le gouvernement transitoire, la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, le système judiciaire, le ministère de l’Intérieur.
L’Instance de Ben Achour critique les partis, les médias et la justice…
Les magistrats critiquent le gouvernement, le ministère de la Justice, s’accusent entre eux et semblent vouloir trainer plus d’une centaine d’avocats devant les tribunaux.
Le collectif des 25 avocats critique le système judiciaire et accuse un bon nombre de magistrats de corruption.
Les médias et les journalistes s’attaquent les uns les autres tout en assurant qu’ils sont en possession de dossiers accablants.
Et tout ce beau monde assure que les preuves existent et qu’il les détient, mais jusqu’à présent, personne n’a présenté de preuves tangibles et fortes pour entre prendre des procès en béton. Et le comble est que toutes ces accusations, voire ces diffamations sont étalées au grand public dans l’impunité la plus totale.
C’est à croire que la notion d’Etat n’existe plus et que tout un chacun se croit tout permis avec le règne de la loi de la jungle.
En effet, c’est celui qui crie le plus fort et crie le premier qui a souvent raison.

Ce branle-bas a été déclenché suite à la remise en liberté de Béchir Tekkari, ancien ministre de la Justice et le départ de Saïda Agrebi à l’étranger et la décision de remettre en liberté Abderrahim Zouari, ex-ministre du Transport.
Du coup, les avocats menacent, certains partis menacent, les magistrats, plus précisément leur Association (AMT) menacent. Elle assure même qu’elle n’hésitera pas à déclencher une grève illimitée, alors que selon les lois et le statut de cette corporation, le débrayage est interdit. Même dans les pays les plus démocratiques du monde.

Mais ce qui nous frappe le plus est le comportement des partis qui, plus l’échéance du 23 octobre approche, plus ils font du bruit et multiplient le bruit pour montrer qu’ils sont là. L’exemple le plus frappant nous vient du CPR qui se met à donner des leçons à trois des principaux partis du moment alors qu’il n’y a pas si longtemps, il faisait du suivisme à Ennahdha en signant systématiquement tous ses communiqués et en lui emboîtant le pas dans toutes ses prises de position.
Alors, on critique les campagnes publicitaires de certains partis dont notamment le PDP, on fustige les « couffins de ramadan » d’Ennahdha, à l’instar de ce qui se passe dans les pays du Golfe, et l’émission d’Abdelfattah Mourou sur Hannibal TV, on critique Ettakattol, le PDP et l’UPL pour leur approche de marketing à l’occidentale.
On fait un procès d’intention à un groupe d’autres partis de faire semblant de « somnoler » alors qu’ils préparent une coalition de dernière minute. On n’admet pas qu’un tel parti bénéficie de x milliards alors qu’un autre ne dispose que de quelques dizaines de millions.

Et oui. La logique de ces petits partis est que toutes les formations partent à pied d’égalité matérielle et financière pour qu’on aboutisse, après la Constituante, à un gouvernement d’union nationale.
Or si le but est de constituer un gouvernement d’union nationale, pourquoi tout ce processus électoral que tout le monde veut démocratique afin que les prochains gouvernants soient le reflet du poids des différents partis politiques.
Alors, on continue de critiquer, d’accuser et de s’accuser. C’est dire que tout le monde fait sa course à la chaise, quitte à obtenir un simple strapontin. L’essentiel est d’avoir sa part de gâteau. Le principe est compréhensible, légal et légitime dans la mesure où, par définition, tout parti politique aspire à parvenir au pouvoir. C’est la règle du jeu démocratique et de l’alternance.
Or, certains partis politiques, ou du moins ceux qui crient fort, semblent privilégier, ce qu’on appelle la garantie des quotas. Mais si c’est le résultat auquel on veut et on tient à le voir abouti, pourquoi ce scrutin du 23 octobre ? Il n’y a qu’à opter pour les désignations dites « consensuelles » comme cela a été le cas pour la fameuse Instance d’Iyadh Ben Achour.

Finalement, il n’y a que les membres du gouvernement transitoire qui ne crient pas et continuent à travailler dur pour mener la barque révolutionnaire à bon port. Et dire qu’on soulève une montagne (à raison) pour le départ à l’étranger d’une Saïda Agrebi alors qu’aucune voix parmi les partis ne s’est élevée pour évoquer les drames de Jebeniana et d’El M’satria !
A ce point, les partis politiquent « s’en foutent » de la dégradation du climat sécuritaire et de ses inévitables répercussions négatives sur la situation économique ?!
Pourtant, et sans vouloir faire le culte d’aucune personnalité, si la Tunisie jouit, en cette étape, d’un soupçon d’accalmie sécuritaire et d’une marche économique acceptable, ce n’est sûrement pas grâce aux partis politiques, mais bel et bien à l’œuvre d’une équipe gouvernementale qui travaille d’arrache-pied pour accomplir sa mission transitoire de gestion des affaires du pays en dépit du poids supplémentaire subi avec la situation alarmante dans le sud du pays à cause de ce qui se passe chez le voisin libyen.

Le gouvernement transitoire n’a pas été, certes, exempt d’erreurs et de lacunes. Il en a commis et il en commetra, mais peut-on lui en vouloir au vu du volume des problèmes et des aléas auxquels il devait et doit encore faire face ? Et pourtant, il encaisse de partout. On aimerait bien voir ce que feraient à sa place ceux qui ne font rien que critiquer.
Il est bien et positif de critiquer et d’attirer l’attention sur ce qui ne va pas, mais quand le rôle se limite à cela uniquement, la critique se transforme en une œuvre de démolition. Or, les partis croient qu’ils doivent, encore, avoir une attitude de spectateur critique pour s’attirer la sympathie de ce qu’ils croient encore être la « rue » et imposer leur diktat à la large base du peuple.

En effet, un retour à cette attitude de « la Rue veut » est en train de faire sa réapparition, même chez l’Instance de Ben Achour. Un slogan utilisé à la légère et sans en mesurer l’importance dont l’unique finalité reste… la « chaise ».
08/08/2011 | 1
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