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Kasbah 3 : les raisons d'un échec annoncé

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Les tentatives d’organiser un rassemblement à la Kasbah, le vendredi dernier ont échoué. C’était un échec prévisible pour des raisons évidentes. Essayer d’expliquer cet échec par la répression policière seule est grossier et entre dans le cadre de la surenchère politique sans plus. Voilà pourquoi.
D’abord au niveau des modalités d’appel à ce rassemblement. Il est clair que les « organisateurs » de ce rassemblement se sont reposés dans une large mesure sur le réseau social face book. Mais ses capacités de mobilisation se sont tellement altérées depuis la révolution, ce qui est une réalité que les organisateurs de la kasbah 3 n’ont pas pris en compte.
Ensuite au niveau des modalités d’organisation. Il est évident que les choses, après la révolution, ne peuvent et ne doivent plus se passer comme avant, au temps de Ben Ali. Autant il était légitime d’appeler à des manifestations sur le réseau social, autant il est improductif et insensé d’organiser une manifestation après la révolution sans demander une autorisation préalable et sans respecter les procédures. On n’est plus, en effet, sous la dictature qui explique les actes de résistance sauvages mais bel et bien dans une situation de transition démocratique avec un pouvoir qui ne détient certes pas toute la légitimité requise mais qui est issu du consensus, donc de la volonté populaire. Or les « organisateurs » de la kasbah 3 n’ont jamais déposé le moindre préavis, la moindre requête auprès du ministère de l’Intérieur. Le rassemblement du vendredi était donc illégal ce qui explique à lui seul son interdiction et l’intervention des forces de l’ordre pour disperser les trois ou quatre cents personnes qui s’étaient déplacées pour atteindre la place du Gouvernement.
En plus, les revendications de ceux qui ont appelé au rassemblement du vendredi étaient loin de mobiliser un grand nombre parmi les militants politiques et encore moins parmi la population. Ces revendications, trop politiques à un moment de saturation pour les Tunisiens reprennent bizarrement les revendications du mouvement Ennahdha depuis quelques semaines, en rapport avec le différend qui l’oppose à la Haute instance de la réalisation des objectifs de la révolution et surtout à son président.
Il y avait même des revendications qui n’ont pas lieu d’être puisqu’elles n’étaient pas au centre d’un quelconque différend entre les partenaires politiques. La question de la date de la tenue des élections que les organisateurs du rassemblement du vendredi tenaient à mettre en exergue, n’était nullement par exemple un point de discorde ni à l’intérieur de la Haute instance, ni avec le gouvernement, ce qui n’a pas manqué d’être relevé par l’ensemble des observateurs et a lourdement discrédité l’ensemble des revendications et l’initiative de rassemblement elle-même.
Alors qui sont les organisateurs de la Kasbah 3 et que veulent-ils ? Nul n’a besoin d’une grande connaissance de la scène politique pour entrevoir derrière cette initiative l’empreinte des islamistes qui, après avoir pris la décision de quitter les assises de la Haute instance et entrés en conflit déclaré avec son président, ont essayé d’utiliser la rue comme moyen de pression pour satisfaire leurs revendications qui, malgré l’habillage du souci pour les acquis de la révolution, ont strictement une portée partisane puisqu’elles se résumaient à accorder à Ennahdha une place plus importante au sein du directoire de la Haute instance.
Le mouvement islamiste n’a pas souhaité monter au créneau d’une manière claire et appeler en son nom au rassemblement à la Kasbah pour diverses raisons, notamment pour jauger sa force de mobilisation et la force de ses alliés parmi les petits partis islamistes et apparentés d’une part, et parce qu’il est politiquement condamnable de conduire des mouvements de défiance civile à chaque fois qu’on se trouve en minorité au sein d’une structure politique.
Ennahdha , après sa mise en minorité au sein de la Haute instance, avait le choix de continuer à siéger ce qui fait d’elle un parti politique au sens moderne du terme, ou bien de claquer la porte et entrer dans une situation de défiance politique en se basant sur une large assiette de sympathisants et de militants qui lui permet d’imposer ses points de vue ce qui l’apparente aux partis fascistes. Elle a choisi la troisième voie qui consiste à pousser et à encourager une initiative sans l’assumer publiquement. Visiblement cela a été un fiasco.
En définitive donc, on peut affirmer que la Kasbah 3 n’a jamais eu lieu parce que le projet a été mal pensé, mal calculé et mal conduit par ses initiateurs réels. De l’autre côté, cette initiative ne pouvait pas aboutir parce que l’opinion publique était t saturée et que les autres partenaires politiques n’étaient pas solidaires. Cela a rendu la tâche du gouvernement encore plus aisée et il a fallu juste un usage, en somme « compréhensible », de la force par les agents de l’ordre si ce n’était la bavure commise contre les journalistes présents.
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