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Tunisie : Premier ministre, partis politiques, armée, magistrats, à chacun son territoire

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L’instant fortement politique que connaît notre pays dans cette phase de transition dite démocratique présente un spectacle fabuleux, celui du jeu de la chaise musicale où chacun des acteurs politiques tente de marquer son territoire en évitant tant que possible de ne pas se trouver entre deux chaises le 24 juillet prochain.
Le Premier ministre provisoire, Béji Caïd Essebsi, même s’il déclare ne pas être concerné par les élections de la Constituante, se sent fortement concerné par le marquage de son territoire et participe à cœur joie donc à ce jeu national en vogue. Il n’ya qu’à regarder sa dernière prestation devant les médias pour voir qu’au-delà de l’exercice de rhétorique réussi comme à son habitude, le Premier ministre provisoire a tenu à baliser les domaines de sa compétence.
Concernant le projet de loi électorale qui présentait trois points de focalisation essentiels, le Premier ministre a soutenu l’article 32 sur le mode de scrutin par liste à la proportionnelle avec les plus grands restes, fait des concessions sur l’article 16 sur la parité, mais est resté intransigeant sur l’article 15 concernant les conditions de candidature.
En revenant à une période de dix années de responsabilité au sein du gouvernement ou de l’ancien parti au pouvoir pour être interdit de candidature mais surtout en y incluant les assistants et les conseillers de l’ancien président, il formule une proposition nouvelle qui , même si elle est taillée sur mesure, et même si elle a été longuement négociée au sein du gouvernement et avec les partenaires politiques, reste toujours sa propre proposition car totalement différente de celle présentée au gouvernement par l’Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique.
Cet acte, peu anodin, permet au Premier ministre de souligner en somme que c’est lui qui gouverne et que le l’Instance garde son statut consultatif sans plus. Il avait déjà manifesté cette même détermination à l’occasion du dernier remaniement qui a touché le ministère de l’intérieur. Il ne s’était déplacé qu’une fois le remaniement devenu effectif sans oublier de déclarer auparavant qu’il ne demandera pas d’autorisation pour exercer ses prérogatives de Premier ministre.
S’agissant du volet économique et social, M. Caïd Essebsi a visiblement pris du plaisir à énumérer longuement les situations de dépassement les plus caricaturales, les associant à l’insécurité, aux difficultés économiques des entreprises et aux dangers pour l’investissement étranger.
Son discours mesuré mais ferme, trahit une main de fer dans un gant de velours et ce qui lui a permis de marteler les citoyens mais aussi les partis politiques, qui ont visiblement omis de prendre position concernant des agissements difficilement associables avec les objectifs de la révolution, que le gouvernement n’a pas voulu utiliser les manières fortes dans un premier temps mais que la kermesse est finie maintenant. La Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme n’aura qu’à publier ses communiqués, elle ne sera que dans son rôle.
Les autres actants du pays ne sont pas moins intéressés par ce jeu national et chacun d’entre eux ne rate pas une occasion pour marquer son territoire. Les partis politiques, par exemple, n’ont-ils pas entamé la fronde pour élimer la présence des personnalités nationales, trop importante en nombre à leur goût au sein de la haute commission, obligeant le gouvernement à doubler sinon plus, le nombre des membres de cette commission. La politique est une affaire trop sérieuse, disaient-ils, pour la laisser entre les mains des indépendants. La révolution aussi semble-t-il, mais c’est une autre histoire.
Quant à l’association des magistrats, se targuant d’une légitimité historique réelle et d’un engagement politique qui l’est beaucoup moins, elle mène depuis quelques jours une véritable campagne contre le ministère de la Justice soupçonné, à ses yeux, de prendre position pour le nouveau venu dans les couloirs des tribunaux, le syndicat des magistrats, qui risque même de rafler les sièges destinés aux juges au sein de la commission indépendante des élections. Le juge Rahmouni et ses partisans crient, à tue-tête, à qui veut bien les entendre, au complot et à l’hérésie, comme si le pluralisme continue, après le 14 janvier 2011, à être subversif ou hérétique.
De son côté, la grande muette, notre armée nationale dont les canons des chars ont servi pendant la révolution de vases à fleurs publics, est sortie soudainement de son mutisme l’autre jour pour défendre son honneur, a-t-elle dit, et marquer les contours de son espace vital.
Dans un communiqué d’une rare violence, elle a dénoncé la campagne de dénigrement menée contre elle par certains médias qui ont fait allusion à une probable implication de l’armée dans l’accident d’hélicoptères qui a coûté la vie à une douzaine d’officiers en2002. Une telle virulence sort du domaine de la communication, même de guerre, pour apparaitre comme une sommation pure et simple.
Les médias n’ont qu’à se tenir tranquilles et tant pis pour le droit à l’information, ce sera pour la prochaine révolution, peut-être.
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