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Tunisie – Slim Chaker face aux professionnels du tourisme pour un plan d'urgence

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Une semaine et trois sorties publiques (deux tables rondes organisées par le site Destination Tunisie et un passage télé) pour Slim Chaker, nouveau secrétaire d’Etat au Tourisme. Le secteur, stratégique pour l’économie tunisienne et la création d’emplois, est aux abois, alors que les espoirs pour sauver une saison 2011, s’annonçant sinistrée, semblent minimes. Le ministre était là pour écouter et rassurer les professionnels sur l’implication du gouvernement de transition et sa volonté d’amorcer le tournant du tourisme tunisien.
Et l’orientation de ce gouvernement est résolument libérale. « C’est vous qui faites le business… vous êtes en première ligne… le rôle de l’Etat est de vous soutenir… », déclare M. Chaker face aux éternelles doléances des professionnels (annulation des dettes, aides financières…). Sa manière de procéder est clairement affichée : toujours à l’écoute oui, mais de la fermeté quand il le faut.
Le début de saison 2011 est morose. La révolution du 14 janvier, grand bol d’air démocratique pour tous les Tunisiens n’a pas été très bénéfique pour le tourisme. Les professionnels ne sont pas, pour autant, pessimistes. C’est un mal pour un bien et ça a coïncidé avec la basse saison (sauf pour le tourisme golfique et celui de santé sérieusement affectés) ce qui laisse encore une chance de minimiser les dégâts lors de la saison estivale. Seule condition : initier des actions concrètes dès à présent. Et les professionnels ont eu le temps de faire leurs propositions. Les mesures d’urgence font l’unanimité de tous : lever le couvre feu, garantir la stabilité et la sécurité pour provoquer la suppression de l’embargo sur la destination Tunisie décrété par les principaux pays pourvoyeurs de touristes. Slim Chaker n’a pas donné d’échéance pour la levée du couvre feu mais il s’est montré rassurant, « ce n’est plus une affaire de semaines mais de quelques jours », rassure-t-il.
Sans nulle surprise, la FTH a proposé des mesures financières (facilités de caisse octroyées par les banques, rééchelonnement des charges patronales et fiscales) que certaines unités hôtelières estiment indispensables pour sauver les emplois. Slim Chaker s’est montré récalcitrant sur ce point. « Quand on gère une entreprise hôtelière depuis 20 ans en faisant des bénéfices, il est n’est pas acceptable d’être en incapacité de payer ses employés dans une période creuse passagère de deux ou trois mois. Le volet financier excède, semble-t-il, le ministre. Son agacement face à Abderrazak Chraït dans un débat diffusé sur Nessma TV était palpable. Le pionnier du tourisme saharien n’a cessé de réclamer une annulation pure et simple de l’ardoise bancaire de certains hôteliers. Depuis le temps où on paie des intérêts, on a basculé dans l’usure, dit-il en substance. Un hôtel est une entreprise économique, proteste Slim Chaker, une gestion financière saine relève de la responsabilité des promoteurs. La réponse de M. Chraït ne s’est pas fait attendre : l’Etat a failli, il n’a pas joué son rôle pour garantir les investissements complémentaires et développer l’infrastructure nécessaire, « nous encourager à investir dans le tourisme saharien sans développer une couverture aérienne suffisante c’était nous condamner à l’échec ». Certaines querelles ont encore un bel avenir dans le nouveau paysage touristique tunisien.
La couverture aérienne nous y voilà. Avancer l’ouverture du ciel (open sky) pourrait favoriser la relance. La FTH réclame une ouverture immédiate. L’open sky annoncé pour le 7 novembre 2011 n’est pas remis en question par la nouvelle administration (principe de continuité de l’Etat), à un détail près : la date. Et Slim Chaker n’a rien contre l’avancement de la date prévue. Affaire à suivre… Tunisair, a précisé Habib Ben Slama, directeur central produits, jouera un rôle de consolidateur. La compagnie aérienne a pris la pleine mesure de la situation et a décidé des mesures d’urgence pour permettre la relance. Pour faire revenir les TO européens, le coefficient de remplissage a été abaissé à 40%, un taux en-deçà du seuil de rentabilité.
Le risque des bradages des prix ne pouvait être ignoré. Dans la panique et sous la pression des TO, certains établissements, pour sauver ce qui peut être sauvé, seront tentés de vendre leurs prestations au rabais. Un tour opérateur de la place aurait réclamé, dernièrement, des chambres à neuf dinars la nuit à des établissements 5 étoiles ! Slim Chaker en appelle solennellement à la solidarité de tous les opérateurs pour éviter ce piège. Les professionnels acquiescent, en apparence, mais en aparté certains considèrent que c’est inévitable.
Le tableau peut paraître sombre, mais la conjoncture actuelle n’a pas empêché les professionnels du tourisme, ces dernières semaines, d’afficher, malgré quelques inquiétudes légitimes, optimise et enthousiasme pour l’avenir du tourisme tunisien. « On a enlevé les freins », affirme le ministre. Le temps semble être venu pour un réel renversement de cap dans les orientations stratégiques du tourisme, notamment les techniques de segmentation, produit et de promotion.
A l’unanimité, les professionnels réclament une autre manière de communiquer. Et l’exposition médiatique sans précédent dont a bénéficié la Tunisie ces dernières semaines devra être exploitée pour profiter du capital sympathie accordé à notre pays. « La Tunisie est libre, quelque chose de beau a été réalisé par une jeunesse éveillée » déclare Ahmed Smaoui. La naissance d’une démocratie est une chose qui n’arrive pas tous les jours, et beaucoup de gens seraient intéressés d’assister à ce moment historique.
Plusieurs intervenants ont proposé de rebondir sur les derniers événements et de créer des manifestations d’envergure telle que l’organisation d’un concert de « la liberté » sur l’avenue Habib Bourguiba et d’y inviter de grands groupes internationaux. D’autres ont proposé de réaliser un travail de lobbying en s’associant des faiseurs d’opinion ou de célébrités dont l’amour de la Tunisie est connu, comme de Michel Boujenah
Beaucoup d’idées, beaucoup de propositions, des inquiétudes sur le très cout terme, mais tous (professionnels et administration) semblent croire au printemps du tourisme tunisien.
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