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Tunisie – Un secteur culturel moribond au secours d'un tourisme malade

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Le tourisme culturel devra dépasser l’étape de l’assistanat pour évoluer dans un cadre économique viable. C’est en substance le message tenu par Slim Tlatli, ministre du Tourisme, lors de la cérémonie de signature de l’accord visant à mettre en œuvre un modus operandi et de développer un plan de travail entre les ministères du Tourisme et celui de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine afin de promouvoir le tourisme culturel.
Abderraouf Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, est allé dans le même sens en évoquant un patrimoine culturel et civilisationnel d’une rare richesse mais très peu exploité, les opérateurs privés ne maîtrisant pas les outils du marketing culturel. Nous vous présentons les grandes lignes de cet accord.
Rentabiliser le tourisme et en faire un levier supplémentaire pour le développement économique du pays, Slim Tlatli tente d’instiller cette idée, et ce depuis sa prise de fonction et la divulgation des résultats de la consultation nationale sur le secteur touristique à l’horizon 2016, dans l’esprit de tous les opérateurs du secteur. Innover et créer des produits à plus grande valeur ajoutée est l’unique issue pour échapper à la fatalité du tourisme balnéaire, vorace en ressources et faible créateur de richesses, se plait-il à répéter à chacune de ses sorties.
Tourisme saharien, écologique, d’affaires ou culturel, les solutions et les pistes de travail ne manquent pas, encore fallait-il s’y pencher. A cet effet, un accord de dix paragraphes a été développé par les deux ministères de tutelle pour développer le tourisme culturel. L’accord, présenté à la presse mardi 4 janvier 2010, - et les ministres ne s’en cachent pas - est une première ébauche, ce n’est en aucun cas une feuille de route définitive. Les processus opérationnels seront mis en en place ultérieurement par un comité mixte chargé de piloter et de superviser le dossier.
Le deuxième paragraphe de cet accord évoque la nécessité de valoriser économiquement le patrimoine culturel en veillant à ne jamais l’altérer. Le comité se chargera de dessiner les grandes lignes des projets touristiques à édifier sur des sites ou à l’intérieur de monuments qui seront présélectionnés par le ministère de la Culture. Trois projets pilotes sont envisagés pour intégrer les produits culturels dans le circuit économique touristique.
L’événementiel est, également, au cœur de cette nouvelle approche. Le troisième paragraphe de l’accord envisage la création de deux manifestations pilotes dans deux destinations touristiques tunisiennes. Une liste des manifestations culturelles majeures à l’échelle nationale et internationale sera arrêtée ultérieurement et ajoutée en annexe au contenu de cet accord. L’évaluation de ces manifestations sera à la charge du comité mixte.
Une stratégie de marketing commune sera développée, comme citée dans le paragraphe 4 pour promouvoir les produits touristiques et culturels tunisiens dans les salons internationaux dédiés au tourisme. La clef de voûte de cette stratégie sera l’exploitation idoine des nouvelles technologies de l’information et de la communication ainsi que des médiums audiovisuels pour mettre en valeur et représenter les sites tunisiens faisant partie du patrimoine culturel mondial.
La formation des guides touristiques, mentionnée dans le sixième paragraphe, sera une condition sine qua non pour le développement du tourisme culturel. Cela passera par la maîtrise de nouvelles langues étrangères et par la création d’un nouveau profil de guide, spécialisé sur un site donné plutôt que simple accompagnateur.
Un label qualité « produit tourisme culturel » sera lancé pour provoquer une meilleure qualité de services sur les sites culturels en question et lors des manifestations envisagées, mais également pour sensibiliser les différents intervenants du secteur.
Les deux ministres n’ont pas omis d’évoquer la responsabilité des opérateurs privés qui ont entre les mains, sans conteste, la réussite ou l’échec de ce plan. Hors de question, affirme M. Tlatli, que les autorités publiques continuent éternellement de maintenir sous perfusion les différentes manifestations culturelles. Le festival de Tabarka, que les deux ministres tenteront de revitaliser, est l’exemple à dépasser. L’Etat sera dorénavant une sorte de starter pour initier puis léguer les projets. Et l’économie nationale, insistent-t-ils, est suffisamment mature pour fournir des solutions de financement suffisantes, outre les subventions, tel que le sponsoring.
M. Basti avance, également, quelques idées pour dynamiser l’activité économique autour des différents sites et manifestations culturels. Des idées ou des initiatives que le ministre estime à la charge des opérateurs privés. Aux autorités n’incombent pas, par exemple, la création et la commercialisation des produits dérivés. Son administration a débloqué un montant de 25 millions de dinars pour requinquer les musées tunisiens (dont notamment celui du Bardo). Mais les intervenants privés, devront également mettre la main à la patte pour faire des sites culturels des espaces de distraction attractifs et ludiques.
Slim Tlatli ne s’en tient pas uniquement aux détails de cet accord, et en appelle encore et toujours à l’audace et à l’esprit d’innovation des entrepreneurs, à leur collaboration pour renflouer les caisses du tourisme. Le ministre se dit même prêt à partager les risques, enchaînant tout sourire qu’un produit innovant et à grande valeur ajoutée est forcément rentable et se paie toujours au prix fort.
M. Tlatli se dit aussi sensible à toutes les approches, considérant, par exemple, que le cinéma est un vecteur particulièrement intéressant pour promouvoir la destination Tunisie. Un accord a été, d’ailleurs, conclu avec le producteur et homme d’affaires franco-tunisien Tarek Ben Ammar pour exploiter la sortie de son dernier film « La Soif noire » afin de mettre en avant les lieux de tournages dans le sud tunisien, via une campagne d’affichage commune.
Au premier coup d’œil, les deux ministres nous ont sorti une copie parfaite, avec une ambition clairement affichée pour explorer des chemins nouveaux et rompre avec des méthodes de promotion des produits culturels et touristiques éculées. Le dernier exemple concernant le cinéma, ne peut, néanmoins, faire oublier les tourments du secteur culturel censé venir en aide à l’industrie touristique. Les maux dont souffrent le cinéma, la musique, le théâtre, la littérature…, ont été diagnostiqués à maintes reprises : solutions de financements insuffisantes, marché embryonnaire, circuits de distribution qui périclitent, savoir-faire marketing absent… « Les fonds culturels sont là », dixit Slim Tlatli, encore faut-il se doter de moyens pour les faire évoluer et les exploiter judicieusement. Un long chemin de croix en perspective.
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