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Tunisie - Tourisme saharien : Quand le Sud retrouvera-t-il son Nord ?

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La Tunisie vient de célébrer la journée nationale du tourisme saharien. Instituée depuis 1987, sur décision présidentielle, la manifestation constitue une occasion renouvelée pour la promotion d’un produit de niche, unique, originale et propre à la destination Tunisie.
Néanmoins, ni la région, ni encore moins, le produit saharien n’arrive, après plus de 20 ans, à retrouver son Nord, des repères qui lui sont propres et, surtout, à s’ériger en un produit à part entière. Le taux d’occupation est le plus bas de la destination (20%), plusieurs hôtels ont mis les clés sous la porte (Nefta, notamment), et le tourisme saharien est toujours promu comme un produit d’appoint au tourisme balnéaire !
Comme chaque année, ce ne sont pas les festivités qui ont fait défaut à la célébration de la Journée nationale du tourisme tunisien. Comme chaque année, les villes du sud ont vécu aux rythmes de cette célébration, avec au menu une programmation spéciale. Pour l’année 2010, quatre villes du sud tunisien, sont au cœur de l’événement : Djerba, Douz, Kebili et Djerba. Elles ont toutes vécu au rythme de la journée nationale du tourisme saharien, chacune par des événements qui lui sont propres (visites de projets, rencontres, réunions, animation et autres…).
La journée nationale du tourisme saharien s’est distinguée, cette année, par un nouveau coup de « grâce » de Tunisair. En parfaite coopération avec la représentation du tourisme tunisien en Suisse, et les Tours Opérateurs suisses, elle a consolidé ses liaisons aériennes, entre la Suisse et le sud tunisien et particulièrement, avec les villes de Genève et de Zurich. Les deux vols, Genève-Tozeur-Djerba et Zurich-Tozeur-Djerba, mis en place, il y a deux ans, avec un engagement, en termes de sièges, à hauteur de 80% du TO, « TUI », ont été consolidés, pour englober la destination Tozeur.
Les deux vols, changent de jour (mercredi, au lieu du jeudi), d’avion (plus grand avec 40 sièges supplémentaires), mais maintiennent leur fréquence, à raison de deux vols par semaine. Une consolidation fortement demandée par les TO suisses qui estiment que les vols exclusivement sur Djerba, ne sont pas rentables. Aussi, pour optimiser les deux vols, la suggestion était de vendre un produit combiné : Le balnéaire et le saharien !
Et-ce si difficile de vendre le produit saharien en tant que produit à part entière ? L’heure n’est-elle pas venue, après plus de 20 ans de l’instauration du produit, de prendre son envol et d’avoir ses propres repères ? Avec cette combinaison, on confirme, encore une fois, qu’il demeure un produit d’appoint au tourisme balnéaire !
Au regard de Jamel Abdennasser Jerbi, représentant du tourisme tunisien en Suisse, ces deux vols vers Tozeur, proposent trois nuitées dans le sud, aux clients suisses. Encore faut-il que les clients soient convaincus de la destination. Car, toujours au regard des responsables, même si les avions sont pleins, on ne peut garantir que la totalité des touristes opteront pour le sud, d’autant plus que les vols relient les villes suisses, à deux aéroports internationaux tunisiens, Djerba et Tozeur.
Partant, pour les convaincre d’opter plutôt pour le désert que pour le binôme plage&soleil, pour le dépaysement, total, plutôt que pour le simple bronzage, le représentant du tourisme en Suisse a insisté sur les campagnes promotionnelles, réalisées depuis deux mois déjà sur les nouvelles liaisons avec Tozeur, avec en prime la mise en avant du produit saharien…..
Demeurant optimiste, on notera que le produit est spécifique et original, et que les Suisses, au moins croisons les doigts pour notre tourisme saharien, opteront pour le dépaysement ! Sachant que Djerba a déjà gagné ses galons et ses titres de noblesses. Faut-il rappeler que c’est pratiquement la seule destination touristique qui réussit à se vendre en tant que destination à part entière ?
Espérons que les journalistes et TO suisses, venus à bord du vol inaugural puissent nous garantir de bonnes retombées chez eux, en faveur du tourisme saharien. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont été surpris et impressionnés par le produit, sa diversité et surtout la nature qui y règne. Le sud tunisien est, en effet, une vaste zone aux paysages uniques, offrant un divertissement à l’opposé du produit-phare de la destination Tunisie, à savoir le tourisme balnéaire.
Entre Tozeur, Douz, les oasis, Tamaghza, Chbika, les Ksours, en passant par les villages berbères, les dunes, le coucher du soleil, les randonnées, la cueillette des dattes…. le sud ne tient qu’à être visité et se prête à l’exploration des touristes et des Tunisiens, qui représentent un nombre important de clients, notamment durant les vacances d’hiver et de printemps. A la richesse des produits du désert, le parcours de golf, unique en Afrique, car situé en plein milieu du désert, est venu, depuis quelques années enrichir l’offre touristique…..Et pourtant, le tourisme saharien n’arrive toujours pas, aujourd’hui, plus de 20 ans après, à retrouver le « Nord ». Le maillon faible du produit demeure le para-touristique, l’animation et les loisirs. Ces derniers font défaut.
Par ailleurs, et en dépit des efforts déployés, le nombre réduit des liaisons aériennes directes constitue un obstacle pour le développement de la destination « Sahara ». Certes la compagnie aérienne consolide, d’année en année, ses vols. En effet, après Madrid, Milan, en 2009, elle introduit, en 2010 Genève et Zurich sur Tozeur. Mais est-ce suffisant ? En dépit de tous ses atouts, ses produits et son originalité, le sud tunisien n’est pas une destination à part entière, à même de retenir ses clients. C’est aujourd’hui encore un tourisme de transit, de passage, dépendant de la composante balnéaire.
Il appartient aux professionnels, comme l’a indiqué Jalel Bouricha, de Yadis Hôtels et président de la Fédération Régionale de l’Hôtellerie du Sud Est, de confectionner des produits innovants et de garantir une qualité exceptionnelle de prestations, pour mettre en avant le tourisme saharien.
Le tourisme saharien n’a pas besoin de longue durée de séjour. Il a plutôt besoin d’une offre complémentaire et d’une qualité exceptionnelle de prestations de service. Car, de toute évidence, les touristes ne trouvent rien à faire, une fois les randonnées et les découvertes du sud effectuées.
Les professionnels devraient profiter des encouragements et incitations aux investissements et réfléchir aux moyens de mettre sur pied des projets notamment de loisirs et d’animation afin d’occuper les touristes pendant leurs séjours. Une animation qui est assurée, en partie, par les festivals du Sud, dont celui de Douz, des oasis et autres. Cependant, ces manifestations manquent de professionnalisme, d’originalité et d’innovation. Ils sont, en plus, programmés au dernier moment, ce qui ne permet pas de les promouvoir à l’étranger, en temps opportun.
Repenser le concept et les programmes des festivals du sud serait une excellente initiative, de nature à leur redonner un nouveau souffle afin de garantir la promotion adéquate auprès des Tours opérateurs, opérant sur la destination Tunisie.
En résumé, depuis plus de 20 ans, le tourisme saharien souffre des mêmes problématiques : liaisons aériennes directes insuffisantes, manque d’animation, endettement des professionnels auxquelles, des solutions n’ont pas jusque là été identifiées.
Avec le plan d’action opérationnel, émanant de l’étude stratégique de développement du secteur à l’horizon 2016, le tourisme saharien réussirait-il à s’ériger en une destination à part entière ? Réussirait-il à se vendre en tant que telle ? Le sud tunisien, pourrait-il enfin, retrouver son Nord ?
Attendons la mise en place du plan d’action, qui prévoit, entre autres, des mesures pour régler le problème épineux de l’endettement dans la région…pour en savoir plus.
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