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Une branche victime de la "générosité" des régimes de retraites et des tabous religieux
12/08/2008 | 1
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Une branche victime de la
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La part de la branche vie dans les émissions globales du secteur des assurances en Tunisie reste limitée à près de 10%. Ce taux dérisoire par rapport à une moyenne mondiale de près de 60% prive le pays d’une épargne longue tant nécessaire au financement de l’économie. Au banc des accusés: des régimes de retraites "généreux" qui n’incitent pas les salariés à chercher des couvertures complémentaires ainsi que des interprétations du texte religieux, accusant le produit d’être incompatible avec la doctrine islamique.

Malgré sa commercialisation depuis 2001 via le réseau bancaire et la Poste, l’assurance vie demeure le parent pauvre du secteur des assurances en Tunisie. En 2006, le chiffre d’affaires de la branche a réalisé une croissance de 23,35% en comparaison avec 2005, passant de 63,5 MDT à 78,4 MDT, selon le dernier rapport de la Fédération Tunisienne des Sociétés d’Assurances (FTUSA). La part de ce vecteur important de la collecte de l’épargne à moyen et long terme et par conséquent du financement de l’économie dans les émissions globales du secteur des assurances n’a pas dépassé 10%. Un taux dérisoire, compte tenu d’une moyenne mondiale de près de 60%.
Selon la FTUSA, l’assurance vie est un produit encore dominé par des garanties simples et temporaires liées en particulier aux crédits bancaires.
C’est dire qu’il reste encore du chemin à parcourir en dépit du fait que les incitations au développement de la branche ne manquent pas. Une prise de conscience des pouvoirs publics quant à l’importance de l’assurance vie dans la mobilisation de l’épargne a permis la commercialisation depuis 2001 des produits d’assurance vie via le réseau bancaire et la Poste. Les autorités ont, en outre, accordé des mesures fiscales intéressantes pour drainer le maximum de souscripteurs, dont notamment la déduction des primes de l’assiette imposable.

Selon une étude de l’intermédiaire boursier Maxula Bourse, la branche vie pâtit de l’absence d’une culture de prévoyance chez les Tunisiens. « La culture de prévoyance n’est pas encore bien ancrée dans les habitudes. C’est ce qui explique la faiblesse des émissions relatives aux assurances non obligatoires », a indiqué l’intermédiaire en bourse. Cette situation peu reluisante des assurances non obligatoires explique en grande partie le faible taux de pénétration de l’assurance, tous types de contrats confondus, dans l’économie nationale. En 2006, ce taux s’est établi à 1,95% contre une moyenne mondiale de 8%. De même, les primes d’assurance par habitant sont de l’ordre de 79 DT en 2006 alors que la moyenne mondiale est presque de dix fois plus.

Selon les assureurs, la "générosité" des régimes de retraite sécurité sociale en Tunisie n’est pas pour améliorer les choses. « La globalité de ces régimes (90% de la population est couverte par les régimes de retraite et de prévoyance) tranquillise les particuliers et ne les incitent pas à rechercher des couvertures complémentaires comme l’assurance vie », estiment les professionnels du secteur.
Autre facteur souvent invoqué par les assureurs : la persistance de certaines idées reçues d’ordre religieux. L’assurance vie est encore et toujours au coeur d’un grand débat houleux dans le monde arabo-musulman. Elle est souvent accusée d’être incompatible avec la doctrine islamique. Celle-ci assimile le contrat de l’assurance à un contrat d’échange de biens ou de prestations. Certains émettent des réserves pouvant rendre ce contrat illicite.
Les griefs de ces religieux portent essentiellement sur l’incertitude de l’avènement du sinistre, le caractère approximatif du montant des sinistres et les intérêts classés par la chariâa comme étant "Riba" (commission illicite).

Dans cette optique, l’assurance-vie avait souvent été critiquée, mais l’analyse approfondie de l’assurance vie par certains autres religieux a montré que le produit est, en fait, un acte de prévoyance dans un cadre de solidarité entre un groupe d’individus. Il est en ce sens capable d’être assimilé au "Takaful" (solidarité), un principe en conformité avec les préceptes de l’Islam.
Ce produit lancé en premier lieu dans certains pays du Golfe est actuellement en vogue dans les pays du Sud-est asiatique et même en Europe. Il vient de débarquer en Tunisie, où Best Ré est devenue la première société de réassurance "Takaful". D’autres compagnies ne tarderont pas à lui emboîter le pas, selon les observateurs de la vie économique.
Force est de préciser toutefois que les idées conservatrices persistent. D’où la nécessité d’une campagne de sensibilisation à grande échelle et à lancer de toute urgence par les compagnies d’assurances.
Du côté des autorités, on est plus que jamais convaincus que le potentiel de développement de la branche est énorme. D’autant plus qu’une réforme des régimes de retraites en gestation actuellement au ministère des Finances comporte, selon des sources dignes de foi, plusieurs incitations en faveur du recours aux couvertures complémentaires, liées notamment à l’assurance vie.

Crédit dessin : Piem
12/08/2008 | 1
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