La France est certes l’invitée d’honneur de la prochaine édition du Salon euro-méditerranéen du Textile et de l’Habillement. Mais, elle ne se croisera pas les bras pour autant. Elle ne se contentera pas d’apprécier le spectacle. Loin s’en faut. La France est bien déterminée à faire de son passage au Texmed 2008 une grande opportunité pour renforcer la coopération et le partenariat dans le secteur du textile, entre les deux pays. Aussi Serge Degallaix, Ambassadeur de France en Tunisie, a-t-il tenu lundi, soit deux jours avant l’ouverture des portes de la manifestation phare du textile et de l’habillement, une rencontre de presse, afin de tenir informés les médias du programme élaboré par la France pour marquer son passage au salon en tant qu’invitée d’honneur.


On peut bien dire que l’année 2008 est celle de la France en Tunisie. Après Med’Allia, le Forum économique tuniso-français, la visite du Président Nicolas Sarkozy, la France est encore une fois à l’honneur, sous nos cieux, dans le cadre du Salon euro-méditerranéen du textile et de l’habillement (Texmed 2008).
Un salon essentiellement professionnel, auquel la France participera avec 15 entreprises représentant notamment les filières en amont du secteur textile, mais pas seulement.
En effet, l’ambassadeur a indiqué que la coopération entre les deux pays ne se limite pas exclusivement aux échanges commerciaux, qui sont du reste excellents, mais aussi au niveau de la recherche et du développement.
A ce titre, il a rappelé que plusieurs accords de coopération ont été signés entre les départements des ministères de l’Industrie, tunisien et français. Des accords auxquels, il faudrait ajouter la convention de partenariat entre le pôle de compétitivité de Lille et celui de Monastir, opérant tous les deux dans le domaine de la recherche et de l’innovation dans le secteur du textile.
« Un accord qui se développe de manière satisfaisante, a souligné l’Ambassadeur, et dont des rendez-vous de projets de recherche ont dores et déjà été fixés, notamment en matière de textile bâtiment. Avec les grands projets qui seraient réalisés en Tunisie, grâce aux investissements des pays du Golfe, ce créneau semble largement porteur afin de développer des produits utilisables aussi bien en Tunisie, que sur les marchés européens », a-t-il précisé.
Et l’ambassadeur de France d’ajouter : « Nous ne faisons pas que de la sous traitance mais aussi des projets à haute valeur ajoutée et d’autres dans le créneau de la recherche et le développement ».

La France sera présente à Texmed sur un stand d’une superficie de 200 mètres carrés, regroupant les 15 entreprises françaises exposantes représentant, comme le souligne Bertrand Furno, Chef de la Mission économique à l’Ambassade de France, les filières en amont du textile et de l’habillement, soit de la matière destinée aux industriels et aux collectionneurs tunisiens.
Les entreprises françaises seront au Texmed pour œuvrer à la promotion de leurs produits auprès de la communauté textile et habillement en Tunisie. Néanmoins, les filières en aval, soit celles du prêt-à-porter et des chaînes industrielles des plus prestigieuses marques du textile français y seront également, en tant que visiteurs et seraient, évidemment, à la recherche d’éventuels partenaires

M. Furno a indiqué dans ce contexte qu’on constate un repositionnement du secteur textile tunisien sur le balnéaire et la lingerie.
Des produits innovants aussi bien au niveau de la matière que de la technique de leur fabrication. Sans compter que ce sont des produits à valeur ajoutée. Ce qui témoigne clairement de la montée en gamme du textile et de l’habillement tunisien.
Outre les 200 mètres carrés d’exposition, la journée du 19 juin sera celle de la France, avec un programme spécifique.
Une ouverture officielle certes, mais aussi, une rencontre autour des « opportunités de partenariat avec la France », dans le cadre des matinales de Texmed. Car, force est de le reconnaître, le marché français n’a pas encore dévoilé tous ses secrets et des opportunités d’affaires existent encore et n’attendent qu’à être saisies.
Deux experts auront la charge de présenter les opportunités de part et d’autre, ainsi que le climat d’investissement. Il s’agit notamment de M. François Limantour, Président du Cercle euro méditerranéen des dirigeants textile habillement (CEDITH), et M. Gildas Minvielle, Directeur de l’Institut français de la Mode (IFM). Les interventions d’expert seraient corroborées par les témoignages d’entreprises opérant en Tunisie.

Il est évident que le passage de la France en tant qu’invitée d’honneur au Texmed ne serait pas anodin au niveau institutionnel.
En effet, l’ambassadeur a annoncé qu’au cours de la journée de la France, le 19 juin, un accord de coopération serait signé entre la FENATX, l’Union de Industries Textiles de France (UIT et l’Union Française des Industries de l’Habillement (UFIH).
La journée sera clôturée en beauté, avec un défilé de mode, à la résidence de l’Ambassadeur de France, où l’élégance, le raffinement et la beauté du textile, de la mode et de la création seraient les maîtres mots.

On ne peut omettre, en cette occasion, que dans les relations économiques entre la Tunisie et la France, le secteur du textile et de l’habillement occupe une place prépondérante.
La Tunisie est le 3ème fournisseur et le 4ème client. Parallèlement, la Tunisie est le premier client de la France et son second fournisseur, après l’Italie. D’ailleurs, les échanges commerciaux se sont bien maintenus, en dépit du démantèlement des Accords Multifibres.
Les chiffres communiqués par l’ambassadeur sont en tous les cas rassurants, quant à nos relations bilatérales sur ce plan. La Tunisie exporte, en effet, deux fois plus qu’elle importe de la France, surtout en ce qui concerne le tissu.
L’Ambassadeur a même fait remarquer que les échanges commerciaux du textile et habillement entre la France et la Tunisie, ont augmenté depuis 2005, ce qui prouve que la Tunisie a réussi à résister à la concurrence chinoise et est repartie à la hausse sur les marchés européens, notamment français.
Alors que la Tunisie a exporté vers la France pour une valeur de 1 milliard d’euros, elle en a importé uniquement pour une valeur de 545 Millions d’euros.
Il faut dire cependant, que jusqu’à 2007, les produits textiles ont occupé le premier poste d’exportation de la France vers la Tunisie et il en est de même pour les importations.
« Ceci témoigne, a affirmé l’Ambassadeur, qu’il s’agit là d’un élément essentiel dans les relations tuniso-françaises et d’un partenariat gagnant/gagnant, bien que certaines questions demeurent sensibles : la délocalisation pour les Français et la sous-traitance pour les Tunisiens. »
Mais, dans tous les cas de figures, les relations entre les deux pays en matière de textile et habillement sont très dynamiques et il n’aurait pas pu y avoir un raisonnement sur la délocalisation, s’il n’y avait pas cet échange croisé important.

« La Tunisie est un des nos principaux clients et partenaires dans la chaîne des valeurs ajoutées. La délocalisation vers la Tunisie, a permis et permet encore aux entreprises françaises de demeurer compétitives. C’est un secteur essentiel pour nos relations avec notamment un équilibre heureux aussi bien sur l’emploi, l’industrie que sur les bénéfices réalisés », devait préciser l’ambassadeur.
La présence de PME françaises en Tunisie en témoigne clairement. En effet sur les 1000 entreprises étrangères, opérant dans le secteur textile et habillement, 400 sont françaises et 200 sont italiennes, soit une entreprise étrangère sur quatre est française. Ce qui est à l’image globale de la présence d’entreprises françaises en Tunisie.
En effet, les PME françaises représentent 40% de l’ensemble des PME étrangères opérant dans notre pays. Des entreprises qui créent, en dépit de la mécanisation de l’industrie, environ 50 mille postes d’emploi.
De son côté, Samir Ben Abdallah, Président de la Chambre Syndicale des fabricants de Lingerie, a rappelé l’importance capitale de la manifestation qui se tient à partir de ce mercredi.

Au fil des ans, Texmed a réussi à s’imposer comme un rendez-vous incontournable du secteur en Afrique du Nord, en Méditerranée. D’ailleurs, le salon a affiché complet, à trois semaines de son ouverture, ce qui est un signe évident de son succès et de la confiance des opérateurs étrangers dans le textile tunisien. Un secteur dont les atouts principaux sont la proximité, la réactivité et la qualité.