
2024 a été une bonne année pour la STB Bank, mais plombée par un redressement fiscal. Cela dit, les résultats réalisés ne provenaient pas de l’activité bancaire, mais de reprises de provisions, de radiations et de gains sur impôt. Au cours de l’exercice, la banque a poursuivi son soutien à l’État et aux entreprises publiques, tout en essayant d’assainir son portefeuille. Le Conseil d’administration a décidé de ne pas distribuer de dividendes malgré les bonnes performances réalisées, ce qui a provoqué l’ire des actionnaires, qui ont exprimé leur frustration et leur sentiment d’être lésés.
C’est ce qui ressort de l’assemblée générale ordinaire de la STB pour l’exercice 2024, tenue mercredi 30 avril 2025, sous l’égide du président du Conseil d’administration, Atef Majdoub, et du directeur général de la banque, Rachid Batita, en présence de la mandataire spéciale de l’État, Sonia Zoghlami. Le tout s’est fait en présence d’un huissier de justice.
La banque a en effet achevé 2024 avec un résultat net passant de 23,31 millions de dinars fin 2023 à 63,66 millions de dinars (MD) fin 2024, en hausse de 173,1%, et ce, suite à une modification comptable de 18,83 MD au titre de 2024 et de 27,29 MD au titre de 2023, due à un redressement fiscal. Faisant abstraction de cet élément, la banque aurait réalisé un bénéfice de près de 82,5 MD. Cela dit, une partie de cette performance provient d’une reprise sur provisions de plus de 35 MD, de récupérations sur des créances radiées pour un montant de 23,06 MD et d’un gain d’impôt de 19,79 MD, le PNB de la banque ayant diminué de 5,2%, se situant à 649,74 MD.
Les dépôts de la clientèle ont augmenté de 12%, se situant à 11,4 milliards de dinars fin 2024, pour des créances nettes sur la clientèle en légère baisse de 7,1%, atteignant 9,77 milliards de dinars fin 2024. Ainsi, le coefficient d’exploitation grimpe à 52,7% contre 48,9% un an auparavant.
Par ailleurs, l’établissement bancaire a payé 32,17 MD d’impôt (+38,1%), 14 MD de contribution sociale solidaire (+1 500%) et 5,63 MD de contribution conjoncturelle au budget de l’État (+45,8%).
Les revenus du portefeuille titres ont représenté 47% du PNB. La valeur du portefeuille titres d’investissement s’élève à près de 3,5 milliards de dinars au 31 décembre 2024, contre 2,34 milliards de dinars au 31 décembre 2023, dont des bons du Trésor assimilables (BTA) d’une valeur de 1,95 milliard de dinars (+37,6%) et l’emprunt national d’une valeur de 1,12 milliard de dinars (+103,4%).
En ce qui concerne le coût du risque, le directeur du pôle financier, Sadok Jelassi, a souligné que l’effort fait par la banque en la matière est un effort extraordinaire en termes de provisionnement, de cent millions de dinars annuellement. Et de préciser que pour cette année, la STB Bank a alloué une dotation de 200 MD fin 2024, soit une baisse du coût de l’ordre de 14,4%, ce qui a permis de ramener le résultat d’exploitation de 105,67 MD à 98,4 MD (-6,9%).
Côté ratios de gestion et de rentabilité, la banque termine son exercice 2024 avec un ratio de solvabilité de 15,17% pour un Tier One de 11,92%. Le ratio de liquidité LCR a atteint 469,8 %, alors que le ratio LTD s’est situé à 96,9%.
« Ces ratios, qui sont au-dessus du seuil réglementaire, montrent que la banque est résiliente et peut accroître son potentiel d’activités dans le futur », a estimé le directeur du pôle financier.
Le taux de créances classées (CDL) est passé de 18,1 % à 23,3% (loin des 7% réglementaires que la banque devrait atteindre d’ici 2026), alors que le taux de couverture des créances classées est passé de 48,9% à 52,7%. M. Jelassi a expliqué, dans ce cadre, que la classification de deux clients a coûté à eux seuls 2,8 points supplémentaires dans le taux de créances classées. Et d’ajouter que des difficultés économiques ont conduit à ce que plusieurs créances soient classées, soulignant que l’industrie fait partie des secteurs les plus sinistrés.
Notons que les commissaires aux comptes ont émis une opinion avec réserves. Celles-ci ont été nombreuses, notamment en ce qui concerne des comptes en devises, certains actifs et passifs, ainsi que l’absence d’un inventaire physique, l’approvisionnement de certaines créances, etc. Certes, la banque a constitué des provisions, mais les commissaires aux comptes, n’ayant pas une idée précise de la réalité des choses, demeurent sceptiques et réclament l’apurement de ces comptes pour une meilleure visibilité.
Dans leur rapport, les commissaires aux comptes ont noté que « les créances sur les entités publiques, dont le total des engagements est passé de 2,46 milliards de dinars au 31 décembre 2023 (dont l’Office des céréales : 565,33 MD et l’OCT : 358,08 MD) à 2,75 milliards de dinars au 31 décembre 2024 (dont l’Office des céréales : 418,63 MD et l’OCT : 534,45 MD), soit une variation à la hausse de 294,51 MD (+12%). Les engagements des entités publiques, représentant environ 20 % du total des engagements de la clientèle (bilan et hors bilan) au 31 décembre 2024, sont couverts à hauteur de 1,89 milliard de dinars par les garanties de l’État, 116,67 MD par d’autres garanties et 22,58 MD par les provisions constituées ainsi que les agios et intérêts réservés par la banque, soit une couverture totale de 2,03 milliards de dinars.
Notons qu’une partie des garanties de l’État, prises en compte par la banque en couverture du risque de contrepartie sur les engagements des entités Office des céréales et OCT, au 31 décembre 2024, n’est pas encore matérialisée par des arrêtés de garantie de l’État établis et signés en bonne et due forme par le ministère des Finances, mais elle fait l’objet d’accords de principe pour l’octroi de la garantie de l’État pour un montant global de 347,54 MD. En outre, pour les engagements des entités Les Ciments de Bizerte et Transtu, les garanties de l’État obtenues en couverture du risque de contrepartie encouru par la banque accusent une insuffisance globale de 9,91 MD au 31 décembre 2024 ».
Le même document précise que les actifs du bilan arrêté au 31 décembre 2024 renferment « une créance douteuse de 71,9 MD (provisionnée à hauteur de 1,9 MD) sur la Banque Franco-Tunisienne (BFT), déclarée en cessation de paiement. La créance en principal de 70 MD est couverte par une garantie de l’État en vertu de la convention signée par le ministre des Finances, le directeur général de la STB et le directeur général de la BFT le 13 octobre 2011. Selon une correspondance officielle émanant du ministère des Finances et datée du 10 mars 2022, cette garantie est prolongée jusqu’à la clôture de la liquidation de la BFT. De ce fait, aucune provision n’a été comptabilisée pour couvrir le risque de non-recouvrement du principal de ladite créance impayée ».
En ce qui concerne le redressement fiscal, le rapport des commissaires aux comptes indique que « la STB Bank a fait l’objet d’une vérification approfondie de sa situation fiscale au titre de tous les impôts et taxes auxquels elle est soumise, pour la période allant du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2020. Les résultats de cette vérification fiscale ont été notifiés à la banque le 29 mai 2024 et ont fait l’objet, de sa part, d’une opposition en date du 18 juin 2024, conformément aux dispositions de l’article 44 du Code des droits et procédures fiscaux. Afin de bénéficier des avantages de l’amnistie fiscale prévue par l’article 58 de la loi n°2023-13 du 11 décembre 2023, portant loi de finances pour l’année 2024 (abandon des pénalités…), la banque a signé avec l’administration fiscale un procès-verbal de conciliation prévoyant un montant à payer de 23,42 MD, dont un crédit d’impôt sur les sociétés de 3,94 MD. La comptabilisation de ce redressement fiscal a impacté négativement les capitaux propres de la banque pour un montant global de 19,48 MD (dont une modification comptable de 18,83 MD) ».
Les commissaires aux comptes ont également précisé que « la STB Bank a procédé à la radiation des créances bancaires irrécouvrables au cours de l’exercice 2024. (…) Elle a procédé à la cession des lots de créances bancaires à sa filiale STRC. L’enveloppe totale des créances radiées et cédées s’élève à 199,453 millions de dinars, dont 33,566 millions de dinars au titre des intérêts de retard ».
Le même document revient sur l’impact de l’application des dispositions de l’article 412 ter de la nouvelle loi 2024-41 sur les chèques. Il précise qu’au 31 décembre 2024, l’encours des crédits des clients ayant présenté des demandes d’abattement est de 75,34 MD. En application desdites dispositions, l’effet de réduction du taux, objet des demandes éligibles reçues jusqu’au 31 décembre 2024, s’élève à 0,4 MD et a été pris en compte en impactant le PNB à due concurrence.
L’estimation de la minoration des intérêts contractuels à percevoir au titre de l’exercice 2025, tenant compte de l’ensemble des contrats éligibles, serait de 18 MD.
Rachid Batita a estimé qu’il était temps de solutionner toutes les problématiques de la banque et d’apurer les comptes, ce qui sera la priorité de 2025. Il a également noté que la banque a fourni beaucoup d’efforts, mais que les manquements restent nombreux. D’ailleurs, deux bureaux d’études sont en train de travailler sur ces volets. En ce qui concerne l’inventaire physique, il avait été confié aux agents de l’établissement, mais leur manque d’expérience en la matière n’a pas permis de finaliser le projet ; c’est pourquoi il a été confié à un bureau extérieur.
Autre point important, le DG a indiqué que la banque a œuvré au financement du secteur du transport public, en précisant que 70 % des bus ont été financés par la banque en 2024. De même, la banque a financé la SNCFT et Tunisair, toujours selon ses dires. Elle a aussi financé un projet dans le secteur de la santé, en télémédecine, ainsi qu’un navire médical (deux MD sur les vingt MD nécessaires, ndlr). Elle a également soutenu le secteur de l’éducation via le financement d’ordinateurs, de transports scolaires, etc.
Atef Majdoub a, quant à lui, souligné la nécessité de préserver cette forteresse malgré le poids important de l’héritage, les difficultés et la crise économique actuelle. Il a précisé que la banque est en train de préparer son plan stratégique 2026-2030, une stratégie basée sur les principaux principes de compter sur soi, la justice sociale et le développement global et équitable.
Il a également noté que, puisque la banque va financer le secteur du BTP, qui traverse une crise, elle suivra le dicton : "Quand le bâtiment va, tout va." Elle va aussi financer l’économie verte et la digitalisation, deux piliers de la nouvelle stratégie.
L’assemblée était assez houleuse, les petits porteurs exprimant leur mécontentement sur divers sujets, notamment la non-distribution de dividendes malgré les excellents résultats enregistrés, la faiblesse du cours de l’action et la Tunisian Foreign Bank (TFBank). Selon le rapport des commissaires aux banques, les titres de participation dans cette banque ont été provisionnés à hauteur de 41,42 MD. En outre, le même document a précisé que la STB Bank a souscrit à l’augmentation de capital de la TFBank pour un montant de 5,8 millions d’euros, soit l’équivalent de 19,63 millions de dinars.
Face à ce flot de questions, le DG a indiqué que la préservation de la TFBank est une décision stratégique, la banque étant un ticket pour le marché européen et un bras financier pour l’État sur le vieux continent. Un nouveau directeur général y a été nommé et un business plan a été mis en place. Cela dit, il faut accompagner cela par les moyens et le temps nécessaires pour développer le réseau et l’activité de la banque. Il faut une vision et un plan d’actions stratégiques pour la rentabiliser.
Sonia Zoghlami a appelé le conseil à œuvrer pour supprimer les réserves formulées par les commissaires aux comptes par des mesures audacieuses visant à apurer les comptes. Elle a martelé, en réponse à un commentaire d’un actionnaire, que la STB Bank n’est pas un cas désespéré, mais une banque publique responsable, un bras financier de l’État comme les autres banques publiques. Elle a également rappelé que les trois banques publiques ont un poids important sur la place bancaire, accaparant plus du tiers des actifs des banques.
Elle a aussi noté que l’État a soutenu la STB Bank en 2015 pour consolider ses assises financières. Aujourd’hui, elle doit soutenir l’État dans le financement de l’économie et le soutien de l’investissement.
S’agissant du dividende, la mandataire spéciale de l’État a estimé qu’il est légitime de demander une distribution d’une partie des bénéfices. Mais la banque opère dans un marché réglementé et doit respecter les normes de l’autorité de régulation, la BCT.
Elle a aussi rappelé que l’autorité monétaire avait conditionné toute distribution de dividendes par les banques et les établissements financiers à son accord préalable, dans le cas où l’opinion des commissaires aux comptes relative à leurs états financiers de l’exercice clos le 31 décembre 2024 comporterait des réserves et/ou des paragraphes d’observation.
S’agissant des perspectives de 2025, Rachid Batita a indiqué que la banque ambitionne de réaliser un PNB en hausse de 20%, des dépôts en hausse de 10%, des crédits en hausse de 10%, pour un résultat comptable de 150 MD. Autres objectifs : l’amélioration du taux de créances classées de cinq points, pour atteindre 18%, et cela par l’octroi de crédits et l’amélioration du recouvrement, ainsi que l’amélioration du taux de couverture. Le management va aussi œuvrer à limiter les réserves des commissaires aux comptes. Il a également annoncé la création d’une assurance entre la STB Bank et la Star d’ici 2026.
Le DG a remarqué que la banque est en train de baisser ses effectifs, tout en les rajeunissant. L’objectif étant de capter une clientèle plus jeune. Il a précisé, dans ce cadre, que la rentabilité par employé est passée de 114.000 dinars en 2014 à 370.000 dinars en 2024.
M. Batita a souligné que malgré les difficultés, la banque a fait plusieurs réalisations et a préservé sa rentabilité, ce qui prouve qu’elle a des fondamentaux solides.
La STB Bank essaie tant bien que mal de sortir du goulot d'étranglement dans lequel elle se trouve. Cependant, l’établissement demeure plombé par un lourd historique, avec une panoplie de réserves et d’observations, outre un portefeuille qui mérite d’être assaini. Ainsi, la banque doit faire davantage d’efforts pour se libérer de ces entraves et repartir sur de bonnes bases. Le management se dit confiant. Affaire à suivre.
Imen NOUIRA


Maintenant il n y a plus qu a fusionner toute les banques publique et en garder une . Cela economisera a l etat 500 millions de dinars par an ( plus vente d immeuble et moins de salaire a verser)
Moralité :pour les dividendes ,il faut toujours revenir l'année prochaine .et pendant ce temps là ,les pauvres continueront à payer pour les riches