Dans une lettre manuscrite transmise depuis sa cellule de prison, l’avocat et homme politique condamné dans le cadre de l'affaire dite de complot contre la sûreté de l'État, Ridha Belhaj, a adressé ce mardi 29 avril 2025 un message empreint de solidarité à son confrère Ahmed Souab, actuellement incarcéré à son tour, en raison de ses prises de position sur l’indépendance de la justice.

Ridha Belhaj commence par saluer le courage d’Ahmed Souab, soulignant que ce dernier paie aujourd’hui le prix de ses « positions historiques » en faveur d’un pouvoir judiciaire autonome, une cause qu’il considère comme le combat de toute une vie.

Il évoque avec émotion leur passé commun, dans les années 1990, alors qu’ils étaient voisins à la rue Oum Kalthoum. Il se souvient d’un quotidien partagé : le petit Saeb, fils d’Ahmed, qu’il emmenait à l’école, les cafés du matin, les repas simples, les discussions animées sur le sport, la politique ou encore le droit.

Ridha Belhaj revient aussi sur un épisode marquant de cette époque : un article courageux publié par Ahmed Souab dans un journal hebdomadaire, dénonçant un homme influent qui avait mis la main sur le secteur sportif. Ce texte, rappelle-t-il, aurait pu lui coûter son emploi, voire sa liberté.

Même si leurs parcours politiques ont parfois divergé, Ridha Belhaj affirme que son respect pour Ahmed Souab n’a jamais faibli. Il dit même avoir été saisi d’admiration en voyant l’ancien magistrat s’exprimer devant la Maison de l’avocat, défiant publiquement ceux qui cherchaient à le faire taire.

« Peut-être que quelques mètres seulement nous séparent aujourd’hui entre ces murs », écrit Ridha Belhaj. « Peut-être es-tu même dans le même pavillon que moi. Mais je ne te vois pas, car ceux qui t’ont emprisonné redoutent notre rencontre. Ils tremblent devant toi. »

Ridha Belhaj conclut sa lettre par un message d’espoir et de fraternité : « Sois sûr que notre rencontre hors de ces murs est proche. Une bise sur ton front. »

Ridha Belhaj a été condamné à 18 ans de prison dans l'affaire dite de complot contre la sûreté de l'État.

R.B.H