
Réuni en session ordinaire lundi 28 avril 2025, le Conseil national d’Afek Tounes a publié un communiqué dénonçant une crise multidimensionnelle qui, selon ses mots, frappe « les niveaux politique, économique et social ». Le parti pointe notamment l’ « impasse du processus de transition démocratique » et la « montée des dérives autoritaires » dans un climat où les institutions de contre-pouvoir font cruellement défaut.
Le communiqué, tout en réaffirmant « l’attachement profond du parti aux valeurs de liberté, de démocratie et d’État de droit », condamne fermement les « verdicts iniques » prononcés dans l’affaire dite de « complot », et dénonce la détention de l’avocat Ahmed Souab. Le parti exige « la libération immédiate de tous les prisonniers politiques, ainsi que des détenus d’opinion et d’expression ».
Le communiqué fustige par ailleurs ce qu’il qualifie de « discrimination flagrante dans l’application de la loi ». Tandis que le parti salafiste Ettahrir organise publiquement des activités appelant à l’établissement d’un califat et à la remise en cause du régime républicain, les autorités, déplore le texte, « instrumentalisent des lois répressives pour accuser faussement les militants démocrates et civils de terrorisme ».
Afek s’indigne, par ailleurs, du « processus systématique de blocage » de la mise en place de la Cour constitutionnelle. Il y voit une tentative de démantèlement des garanties constitutionnelles et une dérive vers « l’interprétation unilatérale des lois », mettant en péril l’équilibre entre les pouvoirs. Afek Tounes appelle ainsi à « l’élection d’un Conseil supérieur de la magistrature doté de l’ensemble de ses prérogatives » et réclame l’arrêt de l’usage des circulaires du ministère de tutelle dans le champ judiciaire, afin de garantir « une justice indépendante et impartiale ».
Sur le plan économique, le communiqué alerte contre la persistance du « système de rente » et le maintien de « lois bureaucratiques paralysantes ». Ces pratiques, accuse le parti, freinent la concurrence et entravent la liberté d’entreprendre. Il impute à l’autorité en place l’absence de réformes structurelles capables de créer un environnement économique équitable et attractif pour les investisseurs.
Afek Tounes s’inquiète également des effets négatifs de la nouvelle loi sur les chèques, en particulier pour les petites et moyennes entreprises. Il plaide pour une réforme « équilibrée, qui stimule l’activité commerciale sans recourir à des sanctions excessivement répressives ».
Le parti conclut son communiqué en lançant un appel à l’unité des forces démocratiques et civiles autour d’un projet national alternatif. Ce projet, selon Afek Tounes, doit « restaurer la place des institutions, protéger les libertés » et « ouvrir une voie vers le salut national et le développement durable ».
M.B.Z

