
Depuis quelque temps des rumeurs insistantes courent sur la cession de la Tunisian Foreign Bank (TFBank), sans pour autant qu’aucune partie officielle ne veuille confirmer l’information. Il y a même des médias réputés pour leur crédibilité qui relaient l'information.
Selon ces rumeurs, le Comité technique auprès du ministère des Finances s’est réuni et aurait validé la cession de la banque de droit français affiliée à la Fédération bancaire française et dont le capital est 100% tunisien et réparti entre la STB Bank (49%), la BH Bank (34%) et l’Etat tunisien (16%).
L’Etat tunisien aurait décidé de céder la TFBank à un groupe d’investissement britannique, Invema Group, après deux tentatives de vente infructueuses conduite par cabinet de conseil Gimar & Cie.
Pour cette troisième tentative, le cabinet de conseil PwC hérite du dossier et trois candidats ont été retenus pour la dernière étape du processus de vente : un Fonds d'investissement britannique Invema Group, un consortium emmené par l'homme d'affaires Anis Bouajina, co-fondateur d'Asel Telecom et de Lyca Mobile Tunisie, et la Banque Sahelo-Saharienne pour l'Investissement et le Commerce (BSIC).
Qui est Invema Group à qui l'Etat tunisien aurait cédé ou s'apprête à le faire la TFBank ? Concrètement, il y a peu d’information sur ce soi-disant groupe d’investissement britannique. Sur le site web, rien sur la provenance de ses fonds ou sur les projets sur lesquels il a travaillé. Selon sa propre présentation, « Invema LTD est une société de gestion de placements anglaise dont le siège est aux États-Unis. La société est considérée comme une grande société de gestion d'actifs, avec ses propres actifs évalués à plus de 5,7 milliards d'euros ».
Elle aurait eu 14.000 clients, dont 1.000 clients cette année et 200 projets. Ces profits auraient augmenté de 40%, toujours selon son site web.
Son PDG a affirmé dans un post Facebook daté du 30 juin 2022 qu’une croissance significative a été enregistrée au niveau du poids et des opérations de la société au cours des deux dernières années.
En consultant les données de "The Open Database Of The Corporate World", on apprend que le capital est détenu par un Espagnol Jorge Martinez Montferrer (75%) et par une Saoudienne Fatmah Baothman Abodulrahman (25%), qui est entrée dans le capital en novembre 2021.
Selon le site Invema, Jorge Martinez est PDG et fondateur du groupe alors que Fatmah Baothman est la directrice du département intelligence artificielle. Point de vue expérience et alors que tous les membres du bord sont rattachés à des comptes LinkedIn, on ne trouve rien sur le cursus de M. Martinez. Mme Baothman, selon son compte LinkedIn, est un professeure universitaire à l’Université du roi Abdulaziz en Arabie Saoudite qui a un doctorat en philosophie et un doctorat en intelligence artificielle. La dame expose un parcours académique sans aucune expérience qui justifie sa nomination dans le board du groupe Invema. Cependant, on n'a rien de concret et aucune transparence sur le site web de la société quant à l’actionnariat et sur la provenance des fonds.
Pour le cas de Jorge Martinez Montferrer, il est rattaché à un autre groupe d’investissement Rhino Investments Group INC, qui a été suspendu et qui est basé au Panama, réputé pour être un paradis fiscal. Il y a occupé le poste de directeur général. Le groupe Invema est rattaché à une autre société Solaino LLC, qui se présente comme un cabinet de conseil et qui est selon les données de "The Open Database Of The Corporate World" dans un autre paradis fiscal, le Delaware aux Etats-Unis.
La question qui se pose est si l’Etat dispose de suffisament de renseignements sur Invema Group ou alors la transaction a été juste validée car le groupe a proposé la meilleure offre, surtout qu’on va se débarrasser d’un supposé boulet vu les problématiques que traine la TFBank depuis des années ?
Autre chose, certains ont dénoncé des conflits d’intérêt dans ce dossier. D’autres parlent de corruption, mais sans avancer de preuves. Mais tous sont d’accord sur le fait que certaines parties tunisiennes sont en train de pousser vers la finalisation de cette opération au profit d'Invema.
Des rumeurs qui prennent tout leur sens, sachant que la ministre des Finances a ordonné, en janvier dernier, une mission d’inspection, mais que la commission a décidé la cession sans attendre le résultat. Le journal arabophone Le Maghreb affirme que la mission a recensé de nombreux manquements, notamment en matière de gouvernance et de gestion concernant des recrutements sur la base de loyauté, une mauvaise gestion dans les achats et la politique commerciale outre un climat social dégradé ou la présentation de bilan erroné au Conseil d’administration. Par ailleurs, des soupçons entourent la vente d’un appartement détenu par la banque.
Pire, la même source indique que la banque a reçu une mission d’audit de la part des autorités financières françaises, qui a recensé plusieurs manquements et s’apprête à infliger des sanctions financières à la banque.
Sachant que les autorités financières françaises et que la Banque centrale européenne devront valider cette vente, vu que la TFBank est sous leur juridiction, et qu’elles risquent d’émettre leur véto tenant compte de l’opacité qui entoure le fonds d’investissement Invema, la poursuite dans les démarches de cession serait un nouveau coup porté à la crédibilité de l’Etat tunisien et ses institutions.
Rappelons que la TFBank, créée en 1977, est un établissement de crédit de droit français, détenant un agrément lui permettant d'exercer en France ainsi que sur le marché européen, qui participe au développement commercial et économique entre la France et la Tunisie.
La banque dispose de cinq agences en France et d’une succursale offshore à Tunis.
La TFBank a accusé en 2018 une perte nette de 7,8 millions d'euros, portant le montant des pertes cumulées à 34,8 millions d'euros.
Imen NOUIRA

c'est lui aussi derrière le toursime, et les qq industries: fuladh, verre, papier ...
on ne cite que son échec dans les tijariya, filahyia . injuste.