alexametrics
mardi 06 mai 2025
Heure de Tunis : 06:39
A la Une
Le gouvernement Bouden préfère dilapider les devises au lieu d’encourager l’emploi local
01/03/2022 | 14:04
4 min
Le gouvernement Bouden préfère dilapider les devises au lieu d’encourager l’emploi local

 

Voilà un exemple-type de la mauvaise gestion des deniers de l’Etat. Un véritable scandale qui, sous d’autres cieux, aurait poussé à la démission d’une flopée de hauts fonctionnaires, voire de membres du gouvernement.

Les faits. Le Centre national pédagogique (CNP) a publié, comme de coutume, un appel d’offres national pour l’impression des manuels scolaires pour l’année scolaire 2022-2023. Le montant estimé par le CNP est de 28,3 millions de dinars, se basant sur le marché de l’année écoulée.

Après consultation des offres reçues par les imprimeurs, le CNP a constaté une hausse vertigineuse des prix qui auraient atteint, d’après un communiqué du ministère de l’Education, autorité de tutelle, les 63 millions de dinars.

 

Pourquoi cette envolée des prix ? La réponse est toute simple, le cours du papier à l’international et les frais de transport qui ont augmenté terriblement après la crise du covid.

Le CNP n’ayant pas le budget nécessaire et refusant de faire supporter le surcoût par le consommateur final, a saisi son ministère de tutelle qui a fait saisir, à son tour, la présidence du gouvernement.

Un conseil des ministres a eu lieu, sous la présidence de sa cheffe Najla Bouden, et a trouvé la solution : recourir à un appel d’offres international.

De quoi susciter la colère des imprimeurs tunisiens qui ont organisé, hier, une conférence de presse pour alerter l’opinion publique et relever la discrimination de l’Etat.

D’après eux, les imprimeurs étrangers vont bénéficier d’une exonération de la TVA à laquelle ils n’ont pas droit.

Pour se défendre, le ministère de l’Education a expliqué que l’envolée des prix n’est pas justifiée, puisqu’il n’y a pas eu d’augmentation du prix du papier à l’international. Il serait de 2200 dinars la tonne, la différence étant supportée par la caisse de compensation.

Or ceci est faux et le ministère de l’Education induit en erreur le public et la présidence du gouvernement. Il remet en doute l’intégrité des imprimeurs qui, en tout état de cause, n’auraient pas pu constituer un cartel pour se mettre d’accord sur les offres qu’ils ont remises au CNP.

 

Face aux données présentées, le conseil des ministres a donc choisi la solution de l’importation, plutôt que de résoudre le problème avec les imprimeurs tunisiens en cherchant pourquoi leurs prix ont augmenté d’un coup.

En clair, le gouvernement préfère payer en devises un produit fabriqué localement, juste pour gagner la différence de prix entre les imprimeurs tunisiens et étrangers. Ce même gouvernement qui n’a pas de quoi boucler son budget 2022 et qui n’a toujours pas dit comment il va payer ses créances, le 1er avril, au cas où le FMI refuse de lui octroyer un crédit.

Cette décision de recourir à un appel d’offres international reflète l’état d’esprit des hauts fonctionnaires de l’Etat et des membres du gouvernement.

Comme l’a relevé Zyed Krichen dans sa chronique quotidienne sur Mosaïque FM, on ne mesure pas les conséquences d’une telle décision sur l’industrie locale, l’emploi et les recettes fiscales générées.

D’après leur chambre syndicale, les imprimeurs emploient 4200 personnes en direct et indirect. Le marché de l’impression des livres scolaires est incontestablement, le plus gros marché qu’ils ont durant l’année. En les privant de ce marché, l’Etat menace ces emplois, du moins une partie d’entre eux. Il se prive lui-même de la valeur ajoutée et des revenus fiscaux générés par ces emplois, tout en creusant le déficit de la balance commerciale de la Tunisie. Et, bien entendu, il utilise les précieuses devises à des fins évitables.

Il ne s’agit pas d’encourager le protectionnisme et de critiquer le libre marché.  Il n’y a rien de mieux qu’une saine concurrence pour développer l’économie d’un pays.

 

Or, dans le cas actuel, la concurrence n’est pas saine, puisque l’Etat applique une TVA de 19% dont il exonère les imprimeurs étrangers. Récusant toute accusation de défavoriser l’industrie tunisienne, le ministère de l’Education a affirmé qu’il préférerait quand même les offres tunisiennes, même quand elles sont supérieures à hauteur de 10% des offres étrangères.

Or, les imprimeurs tunisiens sont défavorisés, dès le début avec ce différentiel de la TVA et ne peuvent pas faire concurrence à des imprimeurs puissants, comme les Chinois ou les Indiens qui fabriquent eux-mêmes le papier.

L’Etat s’arrête uniquement sur l’aspect mercantile en comparant les offres du fournisseur tunisien à celui étranger. Or il y a des pertes difficilement chiffrables que l’Etat ne prend pas en considération et c’est ce point que reproche M. Krichen à nos gouvernants. Dilapidation de devises, pertes d’emploi, manque à gagner fiscal, sont autant d’éléments que le gouvernement Bouden aurait dû prendre en considération avant de lancer son appel d’offres international.

 

Il aurait été plus facile et plus judicieux d’appeler les représentants de la chambre pour qu’ils s’expliquent sur l’envolée de leurs prix, plutôt que de les mettre devant le fait accompli avec des concurrents internationaux avantagés par une exonération fiscale et, probablement, par des coups de pouce à l’exportation de leurs Etats d’origine.

Comble du ridicule, le ministère de l’Education n’hésite pas, dans le même communiqué, à dire que les imprimeurs tunisiens ont proposé à l’Etat de recourir à un appel d’offres international. Ce qu’ils contestent vigoureusement.

 

Raouf Ben Hédi

01/03/2022 | 14:04
4 min
Suivez-nous
Commentaires
Lol
Protectionnisme dans un pays en faillite
a posté le 02-03-2022 à 12:07
Oui pour le produit tunisien mais pas n'importe quel prix.
Si nos imprimeurs ne sont pas capables de s'aligner sur les prix internationaux il ne faut pas que le consommateur qui n'arrive plus à joindre les deux bouts ou que l'état supersubventionneur en faillite payent le prix fort.
Un léger avantage est acceptable mais se ruiner pour épargner des entreprises qui refusent d'améliorer leur compétitivité c'est de la folie.
Mansour Lahyani
Pauvre Mme Bouden, chargée de tirer les marrons du feu, et de servir de pare-feu pour l'Empereur !!
a posté le 02-03-2022 à 10:37
Pourquoi s'en prendre avec acharnement à Mme Bouden ? Elle ne fait que s'acquitter, du mieux qu'elle peut, de la tâche que lui a assignée, d'autorité, l'Empereur Bokayssar ! Oui, bien sûr, elle aurait pu résister contre cet honneur ultra-toxique : elle n'en a pas eu l'audace, Sa Suffisance criait bien trop fort et sa scansion martiale ne lui en a pas laissé le loisir, mais elle a au moins droit à une reconnaissance civique et à un répit thérapeutique !!
Nephentes
Article tordu mais urgence absolue d'agir
a posté le 02-03-2022 à 04:42
L'auteur de l'article ne sait plus a quel diable se vouer

Mais au delà de ces circonvolutions pseudo-journalistiques il faut alerter par rapport a l'inconcevable amateurisme économique du gouvernement et de son commanditaire

Dans un contexte ou la maitrise des dossiers et politiques économiques est une nécessite absolue

Il faut s'atteler dans les 3 mois qui suivent sur la reforme des entreprises publiques : 6 milliards de dinars de perte et 35 milliards de dinars d'endettement.

De plus aucun soutien sérieux aux PMEs en proie a un taux de surmortalité affolant : 60% des entreprises disparaîtraient après trois ans de leur création

Pareil pour le défi de la la digitalisation d'une administration ennemie public n)1 de l'avenir du peuple tunisien

En vérité la pandémie a mis à nu les fragilités de l'économie tunisienne et a accru les disparités régionales, avec un taux de désinvestissement de plus de 26% dans les 13 gouvernorats de l'Ouest.

Aucun effort d'anticipation des transformations profondes qui sont en train de s'opérer au niveau du tissu productif, des débouchés d'exportation, de l'impact du réchauffement climatique, du marche de travail et des défis de la transition énergétiques

C'est absolument irresponsable , inconcevable; si ce n'est criminel
1/3i
article bancal, et remplie de fausses informations..., donc sujet non maitrisé !
a posté le 02-03-2022 à 00:46
je vois que je ne suis pas le seul à penser la même chose sur cet article...
quand on ne sait pas analyser l'économie internationale, on évite de pondre un torchon comme celui-là .... !!!
A moins d'affirmer que la Tunisie est productrice de papier...
Comment expliquer que les imprimeurs Tunisiens sont plus chers que les européens ?
Tous les devis que je fais faire ici, sont entre 40 et 60 % inférieurs que ceux fais en France.

Cela veut bien dire que les imprimeurs locaux volent l'état Tunisien depuis longtemps... Le cartel a perdu...
Ghanou
Pas très satisfaisant
a posté le 01-03-2022 à 19:54
Pas très satisfaisante votre analyse et très peu convaincante car elle manque d'objectivite. Vous pourriez y aller directement et faire une plaidoirie pour défendre les cartels des imprimeurs. On vous comprendrait mieux
JoCat
BN Prix Nobel D'eco
a posté le 01-03-2022 à 19:06
Premièrement, la TVA payée est par nature récupérable.
Secondo, tout produit importé est soumis à TVA dès qu'il entre sur le territoire.
Tertio, la matière première est quoiqu'il en soit importée donc la dépense en devise est de fait existant'?'
DHEJ
Bien matière grise locale contre celle internationale
a posté le 01-03-2022 à 18:09
Mais ce livre scolaire fait partie du commerce parallèle!
nazou de la chameliere
A lire les commentaires
a posté le 01-03-2022 à 17:48
Je comprends que la Tunisie n'est pas encore sortie de l'auberge !!!
Pour consommer LOCALE ,il faut accepter de payer plus cher !!!
Il suffit pas de brailler être nationaliste ,il faut savoir faire des sacrifices !!
Bml
Mauvaise foi
a posté le 01-03-2022 à 17:10
Une explication tordue car le papier est importé avec de la devise . Il faut une analyse plus pertinente et objective . Les imprimeurs des livres scolaires forment un Cartel et se font beaucoup de blé sur le dos des contribuables . Oui pour des appels d offres à l'internationale si c'est pour réduire les coûts et donner des leçons à ces profiteurs sans scrupules
Hager
Ils ont raison
a posté le 01-03-2022 à 16:31
Ils ont raison, si c est moins cher ailleurs qu ils les choisissent
Limou
Faux
a posté le 01-03-2022 à 15:52
L'argumentaire de l'article ne tient pas. Je préfère en tant que contribuable payer moins en devise que payer plus cher des imprimeurs locaux qui veulent se sucrer sur le dos de l'état.
Momo
Effet boomrang
a posté le 01-03-2022 à 15:46
Si les imprimeurs locaux sont de bonne foi, les offres des imprimeurs étrangers ne devraient pas les inquiéter. Elles seront plus chères. L'histoire de la TVA est une supercherie, on compare les offres en HT, vue que la TVA est récupérée auprés du client final. '?a sent : ils ont voulu jouer aux malins, ils se sont trouvés pris au piège.
nazou de la chameliere
Faut pas
a posté le 01-03-2022 à 15:24
en vouloir a ce pseudo gouvernement ,
Après tout ,ils ont un maitre facho ,ABSOLUMENT et définitivement fâché avec les chiffres !!!
Ki sidi ki jwouèdou !!!
:))))))
Judili58
LE VRAI DU FAUX
a posté le 01-03-2022 à 15:04
Il ne peut y avoir aucune raison qui puisse expliquer une augmentation de 150%. Ni l'envolée des prix du papier ni celles du transport. Non c'est le CARTEL qui veut dicter sa loi. C'est cela l'économie de rente qui ruine notre pays et nous citoyens au profit d'une poignée de rapaces. Quant à la décision du gouvernement elle est amplement justifiée par le souci de préserver le pouvoir d'achat des tunisiens. Pour les imprimeurs ils n'ont qu'à se retrousser les manches et offrir un produit compétitif. Concernant la sortie de devises les imprimeurs importent le papier et le payent en devises.
Habib Achour
Exonération de la TVA à l'import?
a posté le 01-03-2022 à 14:44
Un produit soumis à la TVA sur le marché local,y est nécéssairement assujettie, quand il est importé.
C'est curieux, voire bizarre, de soutenir le contraire, comme c'est le cas dans cet article.
J'ai hâte qu'on me dise le fondement légal de cette allégation.
ourwa
@ Habib Achour
a posté le à 20:10
Vous n'avez rien compris; la TVA sur les produits importés est supprimée à sa sortie du pays d'exportation. Un produit valant 100,00 E acheté en France, son prix est réduit de 19%, soit d'à peu près 20, 000 E, récupérable par l'acheteur-exportateur, particulier ou entreprise, suite à une demande de sa part à l'aéroport ou au port à sa sortie. C'est ce qui se passe pour les voitures CFR dont seuls bénificient les TRE légaux - et non point clandestins... Quant à la TVA de ce produit, voiture CFR re-immatriculée TN- avec frais et 3 ans après son arrivée en Tunisie, avec paiement de frais à l'état tunisien, sa revente, comme la vente du papier importé sous forme de livres, leur TVA incombe au vendeur, éditeurs tunisiens, particuliers vendant leur voiture, AVEC FACTURE. C'est l'acheteur final qui doit casquer cette TVA, qui doit revenir au final à l'état, or particuliers et entreprises remboursent-ils cette TVA à l'état, quand on sait que pour avoir une facture détaillée, avec précision claire de la TVA en %, c'est quasiment impossible. Malgré ça, notre Etat mafieux ne cesse de mentir en projetant de " réformer" la fiscalité, dont la TVA et rien n'est fait à ce propos. Demandez à vos proches, hors fonctionnaires, s'ils s'acquitent honnêtement de leurs impôts sur le revenu, ils vous mentiront. Demandez à n'importe quelle société commerciale légale si elle déclare justement au fisc ses revenus, elle vous mettra à la porte, idem pour les factures. Pourquoi? la réponse est simple : pas de contrôle véritable officiel à ce sujet, pas de véritable conscience citoyenne de 90% des Tunisiens, pour lesquels l'Etat est un escroc - ce qui est vrai en quelque sorte, ne serait-ce par le biais de ses entreprises publiques comme la Sonede et la Steg...- une vache à lait ( esprit tribal), mais ils n'hésitent pas à foutre le bazar auprès des caisses d'assurance maladie, Cnam, cnss, cnprs etc pour contester les remboursements qui leur sont dues...Et tout est à l'avenant...Il n'y a pas de justice fiscale digne de ce nom en Tunisie; quan un instituteur touchant 1600, 000 dinars mensuels, oblitérés automatiquement chaque mois de l'impot sur le revenu, des hommes d'affaires, des avocats, des commerçants, des medecins, gagnant mensuellement autour de 50000, 000 dinars ( c'est une moyenne), ils n'en déclarent au fisc que 50%... Ils peuvent le faire, puisqu'il n'y a aucun contrôle fiscal...
DALI
RbH
a posté le à 15:36
Aucun, faites comme moi, regardez qui écrit l'article avant de le lire. Dans ce cas c'est RBH aucune objectivité...
Vous verrez avec l'experience, rien qu'au titre vous saurez.