
Le président du bloc parlementaire d’Attayar, Hichem Ajbouni, est revenu, mardi 1er septembre 2020, sur le programme de l’équipe gouvernementale formée par le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi.
Déplorant le retard qu’a accusé Hichem Mechichi dans la présentation du programme de son gouvernement, il a affirmé que les priorités que le chef du gouvernement désigné s’était fixées étaient les mêmes que celles identifiées par les neuf précédents gouvernements qui se sont succédés à la Kasbah depuis 2011.
“Ce sont de beaux slogans!”, a-t-il lancé avant de s’interroger : “Comment va-t-il faire pour mobiliser des ressources?”
Rappelant que le ministre des Finances, Nizar Yaïche, a présenté tout un programme de relance économique au Parlement, Hichem Ajbouni a soutenu que Hichem Mechichi aurait dû, au moins, garder le ministre des Finances, une compétence indépendante et consciente de la situation économique du pays.
“Il a assuré qu’il allait créer un pôle économique. Il n’en est rien. Il a supprimé le ministère de l’Emploi et le gouvernement n’est pas aussi restreint que prétendu”, a avancé le député d’Attayar ajoutant : “Est ce que ce gouvernement répond aux défis de cette étape? Je ne le crois point !”.
Critiquant la structure de la nouvelle équipe gouvernementale, Hichem Ajbouni a dénoncé la banalité des CV de certains ministres, notamment celui proposé au portefeuille de l’Intérieur.
Le député d’Attayar a reconfirmé la position de son parti vis à vis du gouvernement Mechichi notant, encore une fois, qu’il ne votera pas pour cette formation.
“Contrairement à d’autres, nous avons, dès le début, annoncé notre position. Nous ne sommes pas engagés dans une politique de chantage”, a-t-il indiqué faisant référence aux déclarations (fuitées) du fondateur de Qalb Tounes, Nabil Karoui, ayant accusé Attayar de corruption.
“Nous n’avons pas de leçons à recevoir de Nabil Karoui. Nous n’avons pas utilisé des associations caritatives. Nous n’avons pas instrumentalisé des médias. Nous n’avons pas signé des contrats de lobbying à l’étranger. Nous ne sommes pas impliqués dans des affaires de blanchiment d’argent. Nous sommes fiers d’être propres et très loin de la corruption”, a-t-il souligné.
“Il y avait une vraie volonté politique de lutte contre la corruption. Il y a eu beaucoup de progrès en termes de transparence et nous sommes toujours en train de travailler comme si ce n’était pas un gouvernement de gestion d’affaires courantes”, a-t-il affirmé, prenant ainsi la défense du fondateur du parti Attayar, Mohamed Abbou, également ministre de la Fonction publique, de la Bonne gouvernance et de la Lutte contre la corruption.
Au sujet de la plénière de vote de confiance au gouvernement Mechichi qui se tient à l’instant au Parlement, Hichem Ajbouni a assumé qu’il y avait une ambiguïté quant à la durée de vie du gouvernement Mechichi et les priorités sur lesquelles les partis politiques devraient s’accorder.
“Il a écarté les partis et a choisi de composer un gouvernement de compétences qui, in fine, ne sont pas aussi indépendantes qu’on le prétend. Ali Hafsi (maintenu au poste de ministre auprès du chef du gouvernement, chargé de la Relation avec le Parlement) était chez Nidaa Tounes”, a-t-il indiqué.
Interrogé sur la rupture entre le président de la République, Kaïs Saïed, et son chargé de la formation du gouvernement, Hichem Mechichi, le député d’Attayar a estimé que le locataire de Carthage n’avait pas apprécié le deal que Hichem Mechichi a conclu avec Ennahdha et Qalb Tounes.
Il a reproché, dans ce sens, au mouvement Ennahdha d’avoir créé une majorité parlementaire contre nature en s’associant à Qalb Tounes. “Leur objectif était de préserver la tribune de Rached Ghannouchi. D’ailleurs, ils sont à l’origine de l’instabilité politique actuelle”.
N.J.